Colliers de perles intimes

   Gustav Clauvel illustre un nouvel extrait de mon roman Le Village des soumises :
   Pierre enchaîne, le temps presse.
  — Je vais à présent sceller un collier rose autour de ton cou. Tu es toujours d’accord, n’est-ce pas ?
  Chloé hoche la tête en signe d’acquiescement, émue de sentir le cuir enserrer son cou et exercer une légère contrainte. Elle affiche sa soumission aux yeux de tous à présent, c’est un grand pas pour elle.
  Pierre brise la solennité de l’instant.
  — Je dois aussi t’expliquer autre chose. Tu as remarqué le joli collier de perles que j’ai remis à Marion ? On aime bien les colliers ici ! Celui-là, tu ne le porteras pas autour de ton cou, mais dans ton sexe.
  Chloé étouffe un cri.
  — Ne stresse pas, c’est sans danger, les perles sont en silicone, c’est validé par des gynécologues. Avec ce collier, tu joueras et jouiras, crois-moi : chaque perle dispose d’un petit mécanisme interne qui la fait vibrer. À chaque pas, tu seras légèrement stimulée, ton excitation sera permanente. Tu ne pourras plus t’en passer ! C’est aussi notre monnaie au Village. Quand tu veux profiter du spa, du coiffeur, de n’importe quel service, tu donnes une ou plusieurs perles, selon le prix affiché. Quand tu n’en auras plus, tu reviendras me voir, mais là, tu as de quoi t’amuser déjà ! Je vais te l’insérer tout de suite, on va vérifier que tu le supportes bien. Lève-toi et donne-moi ta culotte, tu n’en as plus besoin ici, je te rappelle.
  Chloé s’exécute aussitôt, heureuse de ne plus être aux commandes. Elle fait glisser sa culotte et la tend à Pierre. Il l’ajoute aux autres dans l’enveloppe, avant de s’absenter un instant, le temps de se laver les mains. Chloé patiente, indécise, sur le point de bondir vers la sortie. Seule la curiosité la retient.
  — Mets un pied sur la chaise, écarte bien tes grandes lèvres… Allons, ne rougis pas, tu en verras d’autres ici ! Et en plus, je ne fais que ça toute la journée, j’ai le coup de main…

     Ce moyen de paiement pour le moins osé s’inspire des fameux colliers du Club Med des années 70’s : des perles en plastique qui se décrochaient pour s’offrir un verre au bar… Là, il s’agit de mini boules de geisha, que les femmes doivent conserver dans leur porte-monnaie très personnel. Des colliers rechargeables à l’envi, un cadeau du Village coquin et embarrassant. Un peu abusif aussi, puisque il faut repasser par la case « accueil » pour ravoir de nouvelles perles, et Pierre ne se prive pas d’en profiter.
   – Une idée d’Octavie Delvaux, que je remercie de me l’avoir soufflée !

   Photos : Gustav Claudel, et les colliers d’autrefois du Club Med.