Ce qu’aimer veut dire de Mathieu Lindon

Un petit retour de lecture : Ce qu’aimer veut dire de Mathieu Lindon.
(Rien que ce titre, un vrai coup de foudre !)

J’avais déjà lu de cet auteur Hervelino, car je voulais retrouver Hervé Guibert, dont j’aime tant l’écriture, et je me suis procuré ce nouveau livre, pour la même raison, retrouver à nouveau Hervé Guibert, cette fois entouré d’autres amis de l’auteur. Et finalement, je me suis attachée à Mathieu Lindon lui-même, auteur de l’intime, des émotions, qui se livre à nous, et qui en quelques pages devient comme notre ami.

Le livre tente de toucher du doigt ce qu’est l’amitié, l’amour, à travers une foultitude d’anecdotes tour à tour insignifiantes, drôles, touchantes, insouciantes… Les souvenirs s’enchaînent, racontés au fil de l’eau, une histoire en amène une autre, comme dans une conversation, avec un fil vaguement chronologique.
L’auteur entretient un lien très fort avec ses amis, ils deviennent comme sa famille, en mieux, ils se voient et se téléphonent tout le temps. Lire ces pages m’a rendue nostalgique de ma propre jeunesse, quand moi aussi j’avais « une bande d’amis », avec qui je partageais tout : sorties ciné, vacances au ski, voyages, déjeuners, soirées, jeux, fous rires… Sur le moment, j’avais l’impression que c’était pour toujours, nos liens étaient indissolubles, mais ce furent seulement quelques années de grâce, une période merveilleuse qui semblait figée. Et puis le temps s’est chargé de dénouer nos liens, certains ont déménagé, d’autres se sont mariés…

L’auteur restitue merveilleusement l’insouciance et l’insolence de la jeunesse, et ces années de grâce autour de Michel Foucault, devenu une sorte de deuxième père, dans ce grand appartement, personnage à part entière du livre, « squatté » entre amis dès que Michel Foucault, toujours indulgent et bienveillant pour ses jeunes amis, voyageait.

Les drames s’enchaînent ensuite, l’insouciance s’efface, les éternels adolescents grandissent d’un coup. Terribles ces années 80 où tant de personnes, si talentueuses, si jeunes, ont perdu la vie, car on ne savait pas encore soigner le Sida. Des années dramatiques où certains sont frappés de plein fouet, et perdent leurs meilleurs amis les uns après les autres. Insupportable de vivre tous ces deuils douloureux en étant si jeune, c’est totalement contre-nature, je suis triste pour l’auteur, même si plus de 30 ans se sont écoulés depuis.

La dernière partie de ce livre de souvenirs pas comme les autres m’a un peu moins plu, je préférais quand l’auteur évoquait sa joyeuse bande d’amis et d’amants. Il y est question de l’amour entre un père et son fils, un amour compliqué par le fait que le père de l’auteur était un grand intellectuel reconnu, à la personnalité écrasante, propriétaire des Éditions de Minuit. Père et fils ont en commun leur goût pour la littérature, mais connaissent de nombreux frottements et malentendus, qu’analyse l’auteur en comparant avec la relation naturelle, simple, fluide qu’il a vécue avec Michel Foucault.

Ce qui m’a beaucoup plu aussi dans ce livre, c’est qu’il est énormément question de littérature, d’écriture, de processus d’écriture, d’influences, du mélange entre réel et imagination, réalité et littérature – quand des personnes réelles deviennent des personnages de romans ^^. Tout cela me parle et me donne envie de lire d’autres souvenirs littéraires d’écrivains, je n’en avais jamais lu jusque-là (à part Écriture, de Stephen King), n’aimant que les romans (du moins, je le pensais).

Quelques pages

 

 

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