Le masque ! J’ai passé les vacances de Noël dans une contrée glacée, j’ai pesté contre le masque non stop, histoire de bien finir et commencer l’année …
(Il n’est pas question ici de gestes barrières ou de pandémie, mais de notre vie quotidienne en symbiose avec le masque)
Le masque, la vie en flou !
Depuis le début j’essaie de positiver, je les choisis fleuris pour la journée, avec des motifs léopard pour le soir (mais ça, c’était avant, du temps où l’on avait encore le droit de sortir le soir, quand on était traités en adultes responsables ! )
Quand je m’apprête à sortir dans froid, c’est toute une expédition, je vous passe les détails des trois pulls, des bottes, et de la doudoune, pour arriver directement à la fin du processus : une fois mes écouteurs vissés aux oreilles (j’aime bien marcher en musique), les élastiques du masque ont du mal à trouvent leur place entre le serre-tête et les branches de lunettes… voilà je suis parée !
Je fais quelques pas, les fils des écouteurs s’emmêlent déjà aux élastiques du masque, ça tire, aïe, j’ai aussi des cheveux qui sont pris là-dedans… Les écouteurs chutent de mes oreilles, se perdent quelque part entre mon col roulé et mon écharpe, tant pis pour la musique, d’autres expériences sensorielles m’attendent.
Le froid est vivifiant, le temps de regarder le ciel plombé – va-t-il enfin neiger ? — et d’avaler une goulée d’air frais, me voilà plongée dans un brouillard opaque digne d’une station de ski au petit matin. J’avance à tâtons sur le trottoir au milieu de silhouettes fantomatiques, je distingue à peine les vitrines, et plus du tout le nom des rues… Au bout d’un moment, je n’ai plus le choix, je dois retirer mes lunettes, et je me retrouve dans un autre brouillard, plus familier, plus agréable, celui des myopes. ( C’est ce brouillard-là qui m’incite à fixer les gens longuement, en me demandant si je les connais — en fait, non, mais c’est souvent comme ça que je faisais de nouvelles connaissances, du temps des soirées ^^.)
En tout cas, je ne vois toujours rien ! La solution, vous me direz, essuyer mes lunettes avec un tissu, et hop, c’est reparti… jusqu’à la prochaine expiration ! Mais je porte des gants, et mes doigts engourdis n’ont aucune envie de se retrouver à l’air. Une autre solution serait de me promener au bras d’un ami ou d’une amie, de préférence sans lunettes lui, qui jouerait les guides, me signalerait le nom des rues, les vitrines intéressantes, les curiosités, tags, statues, etc… pendant que j’évolue, insouciante, dans mon univers ouaté et glacé, comme sur une autre planète.
En fin d’après-midi, tout devient magique ! Dès la nuit tombée, les lunettes embrumées provoquent de jolis effets d’optique : chaque lumière de la ville est entourée d’un halo irrisé : les réverbères, les phares des voitures, les éclairages des magasins… Ces halos se chevauchent, la ville entière se colore ! On ne voit plus que ces arcs en ciels lumineux quand on traverse les rues, ce ne sont pas encore des aurores boréales, mais on s’en approche ; un spectacle scintillant en cadeau pour nous consoler du brouillard de la journée !
Vivement qu’on en finisse avec les masques quand même ! On se voit moins sourire…
Photo du halo lumineux (autour de la lune) : Sergio Montufar