Attachement

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    Rêveries fumeuses d’une dominatrice solitaire 😉
    De plus en plus fascinée par les relations de domination et de soumission, je continue d’explorer les motivations de mes personnages, la nature de leur lien exceptionnel, en vue d’écrire peut-être un récit plus long, autour de la « domination romantique ».
    Pour l’instant je brode sur le même thème, je fantasme, en particulier autour des cordes, la plus belle des pratiques bdsm, la plus esthétique, et si symbolique : la soumise, ou le soumis, aliène sa liberté, se remet entre les mains de son maître ou de sa maîtresse.
    J’ai eu la chance d’observer plusieurs séances de shibari, j’ai apprécié à chaque fois la relation qui se noue entre le modèle et le maître shibariste : l’abandon de la soumise, la transe dans laquelle la plonge la séance ; l’attention du maître, sa douceur, sa concentration, sa lenteur et sa dextérité, sa virtuosité aussi, et je ne me lasse pas d’écrire et de tenter de capter la magie à l’oeuvre. 

***
    Entre la dominatrice et son soumis, des liens se sont construits au fil des mois :
    Des liens invisibles quand ils sont séparés, tissés de messages, de lettres, de photos, aussi solides que ceux qu’ils utilisent en soirée. Des liens bien réels cette fois, comme la laisse par laquelle elle le tient fermement, l’emmène où elle veut, ravie qu’il affiche sa condition aux yeux de tous, heureuse de ce don qu’il lui fait : sa liberté, notre bien le plus précieux. Et puis, il ne risque plus de lui échapper ! Mais en a-t-il seulement envie ?
    Ils sont reliés par des liens complexes, faits d’amitié, de tendresse inavouable, des liens indénouables tant les nœuds sont emmêlés, serrés. Une corde magique s’est tressée peu à peu, nul n’a le pouvoir de la défaire à part eux, et ils sont les seuls à éprouver son mystère : s’ils s’éloignent l’un de l’autre, restent longtemps sans se voir, l’envie de se retrouver devient plus forte que tout, envahit leurs pensées. Toutes affaires cessantes, ils se rejoignent et fusionnent longtemps pour réparer leur lien abîmé à force d’être étiré. Ils se serrent l’un contre l’autre pendant un temps infini, se promettent de ne plus rester si longtemps séparés au risque de casser quelque chose en eux, de se laisser couler, sombrer dans un espace sombre où l’autre a disparu.
    Dans leurs séances à deux, elle l’entoure de cordes, l’emprisonne peu à peu. Elle en ressent un plaisir trouble, celui de le capturer, d’en faire ce qu’elle veut. Elle commence par contraindre ses mains, ses pieds, et puis, elle ne peut plus s’arrêter, elle l’emmaillote entièrement, jusqu’à cacher ses beaux yeux bleus. Elle ne laisse libre que sa bouche, pour l’embrasser, ou son sexe, pour le glisser en elle. Car elle le veut comme ça aussi, en amant toujours consentant.   
    Parfois, elle se contente de l’attacher à la tête de lit à l’aide de menottes. Elle lui demande de ne plus bouger, elle profite de son corps nu offert à ses caresses, l’explore de ses mains, de sa langue, se frotte contre lui jusqu’au plaisir. L’envie de l’encorder la reprend bientôt. Elle l’entrave peu à peu avant de s’emballer, l’entoure de cordes fébrilement, pour le plaisir de dénouer ensuite les rubans de son joli cadeau. À chaque tour de corde, il se donne un peu plus, et elle le possède encore plus, sans jamais réussir à apaiser sa soif.    
    Elle veut se rapprocher de lui, plus près, il lui a trop manqué. Elle choisit de le lier à elle pour de bon. Elle s’enroule une corde autour de sa taille, la glisse ensuite autour de la sienne, avant de la passer autour de ses seins. Elle serre, fort, enroule une nouvelle fois la corde autour de leurs deux corps liés. Elle recommence, se mouvant comme elle le peut, se tortillant de plus en plus difficilement, papillon aux ailes arrachées. Elle se colle contre lui, elle espère mieux respirer ainsi, avec les cordes les ligotant l’un à l’autre, inséparables enfin. Elle aime sentir sa peau chaude à travers l’entrelacs de cordes. Elles s’enfoncent dans ses chairs, une légère souffrance qui apaise ses émotions, lui rend son équilibre. Elle goutte ce moment d’éternité, seulement distraite par son souffle dans son cou qui lui donne envie de l’embrasser. Elle se retient, elle préfère rester immobile, ressentir seulement la morsure des cordes, la douceur de sa peau.  
    Elle se résout à défaire les liens en sentant l’engourdissement la gagner. Vite, avant de ne plus sentir ses mains, ses bras, tout enlever, tout dénouer. Et se sentir seule, avoir froid, malgré ses mains chaudes qui volent à se rencontre, la caressent aussitôt, tentent de remplacer les liens en la massant. Et tout de suite le manque, insupportable, alors qu’il est encore là devant elle, la couvrant de mots d’amour et de baisers, mais séparé d’elle ; ils sont à nouveau deux après n’avoir fait qu’un. Les mêmes marques dessinent sur leur peaux les souvenirs de leur attachement. Elle voudrait les graver sur sa peau pour toujours, il lui manquerait moins peut-être.

 ***
     Photo : Emmanuel Créateur – site : Boudoir Shibari
     Modèle : Nico Pex
     La séance photo

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Là tu tires un peu sur la corde

  2. Dalleray a écrit :

    Eh bien, moi, je tiens la corde pour le tiercé.

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