Je recopie ici ma saga avec mon boulanger, distillée au compte-goutte sur Facebook…
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3 avril – La rencontre
Sortir chercher le pain, c’était déjà sympa, histoire de mettre un peu le nez dehors, mais maintenant que la boulangère a été remplacée par un boulanger qui ressemble à une sorte de juste milieu entre ces deux rouquins, en plus souriant, je dirais que différents plaisirs se cumulent ! 😋 🔥
– De menus plaisirs, confinement oblige, mais quand même…
5 avril – Déconfiture
L’achat de la baguette est devenu le point d’orgue de ma journée ! (Si vous pensez que je suis tombée bien bas, c’est que vous n’avez pas vu mon boulanger ! 😋)
Cette fois ci, hors de question d’y aller à l’arrache, en vrac, au saut du lit ou presque. Une barrette à paillettes, un peu de poudre sur mon teint blème, une tenue plus estivale…( il était temps d’arrêter la doudoune 🌞)
Tous ces efforts et tant d’espoir pour me heurter à une porte close ! On est dimanche, je n’ai pas fait attention… comment garder la notion du temps quand chaque journée ressemble à s’y méprendre à la précédente ?
– Vivement demain !
7 avril – Allusions
C’est désormais un rituel : le rose sur les joues, la barrette… je vous passe les détails, je me prépare comme si je me rendais à un rendez vous galant : je vais à la boulangerie ! The sortie of the Day 🌞
Je n’ai pas été déçue, car avec mon boulanger aujourd’hui, c’était chaud ! (au moins dans mes pensées…).
Depuis le début du confinement, nous sommes invités à payer la baguette à l’aide de notre CB sans contact, sage consigne, on diminue les risques en ne manipulant plus de pièces.
Ah, mais cette fois, ça ne fonctionne pas, je suis confuse. Il est obligé de me tendre sa machine pour que je pianote mon code. Il sourit et m’explique :
– Au bout d’un moment, le « sans contact » ne marche plus, la carte a besoin d’un contact, régulièrement, toutes les 5 fois peut-être…
J’opine de la tête, tournant une fine réplique dans mes pensées, j’aimerais répondre :
– Oui, c’est comme nous les humains, sans contact, on ne tient pas longtemps, on s’étiole, on déprime… on a besoin de contacts, régulièrement !
Je ravale ma métaphore audacieuse.
À chaque jour suffit sa peine… 😉
10 avril – Rapprochements
Je vous préviens, chers lecteurs, ça se traîne un peu ^^
Ce matin, je me décide enfin à lui parler, en lui posant une question vague, ouverte ; il en fera ce qu’il voudra. In extremis pendant qu’il me tend la baguette, je me lance, je respire un bon coup et je me jette du plus haut plongeoir de la piscine. 12 mètres de chute libre, avant le splash fatal, suivi de la noyade.
— Et sinon, pour vous, ça se passe bien ?
Il me fait son petit sourire d’acteur de comédie romantique.
— Il y a vraiment peu de monde, je ne vois presque personne, on ferme l’après-midi, du coup…
J’affiche ma petite mine gourmande irrésistible (enfin, j’espère 😁)
— Moi, je ne pourrais pas me passer de votre baguette fraîche !
Il m’adresse son sourire à faire fondre ce qu’il reste de la banquise 😍
— Heureusement qu’il y a des gens comme vous qui viennent me voir !
Je reste coite, serrant son pain chaud contre mon cœur, il embaume et répand sa farine partout sur mon teeshirt. Je bredouille quelques paroles inintelligibles.
— Mmmm.. oui… bon, ben, à demain alors !
Dans mes pensées, ça bouillonne, je décortique fébrilement ses quelques mots, je bâtis des plans sur la comète et des châteaux en Espagne, en bonne érotomane, contente comme si le prince venait de m’inviter au bal !
11 avril – Dénouement tragique
Ce matin, en prenant ma baguette, je souhaite à mon boulanger un bon WE de Pâques ( c’est tout ce que j’ai trouvé d’original et spirituel à dire, la loose ! )
— Merci ! Très bon week-end à vous aussi !
Petit silence, et il poursuit, pendant que le sol s’effondre sous mes pieds.
— La direction me change de boulangerie, à partir de mardi, je serai dans la rue Bidule, près de la place Untelle… ce n’est pas très loin d’ici…
Mon cœur se brise en mille morceaux. Je ne sais pas si je dois le féliciter — un changement est sûrement bienvenu dans nos vies devenues si répétitives — ou le regretter. Des mots me brûlent les lèvres « votre sourire va me manquer », etc… ma timidité l’emporte, je reste muette, saisie par la nouvelle.
L’espoir ne tarde pas à renaître : et s’il m’avait donné sa nouvelle affectation pour que je puisse le revoir, changer de boulangerie ? C’est vrai ça, la place Untelle est toute proche, à cinq minutes… Mais ce serait du harcèlement peut-être de le suivre, de changer mes habitudes pour lui… Je me perds en conjectures et prises de tête ! (c’est ça l’oisiveté, le moindre couac prend des proportions galactiques)
Je ne vais jamais oser changer de boulangerie pour ses beaux yeux. Je ne suis pas dans une romance Harlequin, ce genre de choses ne se font pas dans la « vraie vie » ! J’ai perdu mon rendez-vous quotidien. Fin de l’histoire qui n’a pas commencé…😭
La baguette a un goût amer ce midi.😁
To be followed peut-être, car les amis FB m’encouragent à aller faire un tour dans cette nouvelle boulangerie 😉
Photos : Game of thrones, mannequin
2 commentaires
Bon, je crois que je vais prendre mon courage à deux mains alors !
Bien sûr que tu vas y aller ! On veut la suite nous !