Toujours difficile de raconter une soirée ! Car sur le moment, je la vis à fond, sans souci du lendemain et du récit que j’ai envie d’écrire !
Le lendemain, des souvenirs brumeux affluent en désordre… je vais commencer par l’exaltation des débuts !
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Nous arrivons sur place avec une heure d’avance, très impatients, mais on ne s’ennuie pas une seconde. Des amis sont déjà dans la file d’attente : une amie créatrice me parle du plaisir de vivre de sa passion, une autre amie me fait rire en me disant que la semaine prochaine, elle reviendra ici, mais pour un salon couture-broderie — là, d’autres plaisirs nous attendent, et l’effervescence monte d’un cran !
Enfin les barrières s’ouvrent, et nous courrons sur la rampe de lancement qui mène au T7, un club techno sur le parc des expositions.
Petit passage éclair dans la salle prévue pour s’habiller (j’ai choisi une robe longue pour incarner une reine dark, avec des fleurs noires dans mes cheveux, et un masque de dentelle sur mes yeux pour le plaisir de l’anonymat. Mais je ne réussis pas à le garder très longtemps, un petit tour devant le miroir me révèlera que je n’ai pas les yeux en face des trous ! (je redoute les photos !) je le nouerai à mon bras, avant de le perdre pour de bon… ). Nous nous changeons à la vitesse de l’éclair tels des super héros et nous élançons à la découverte des lieux.
Ce club est incroyable, coup de cœur pour son côté futuriste et SF ! Nous qui avons l’habitude des caves obscures, nous nous retrouvons au 7e ciel : d’immenses baies vitrées nous offrent une vue sur Paris by night, et la tour Eiffel scintille de toutes ses lumières pour nous accueillir.
Nous nous nous promenons comme dans un rêve, une épaisse fumée baigne les lieux, des jeux de laser nous en mettent plein les yeux, nous croisons des créatures fantastiques… Je sens que l’on vient de franchir une dimension, nous nous métamorphosons…
J’adore ce moment magique des débuts de soirée : la salle peu à peu envahie, et bientôt submergée. Le DJ qui commence par Depeche mode, avant d’embrayer sur des sons plus actuels, electro, techno, house…
C’est un tel plaisir de retrouver une multitude d’amis ! Certains entraperçus l’espace d’un instant, d’autres croisés encore et encore toute la soirée… Je me promène et me régale des tenues plus belles les unes que les autres qui croisent ma route. Je pense notamment aux fantastiques tenues de latex : celle de l’effigie de la soirée, la créatrice Evie Calypso, je me souviens aussi d’une robe rose bonbon type manga, d’un Méchant Garçon au chapeau pointu jaune, d’un homme en robe bleu vif, qui m’a laissée caresser ses bras recouverts de sa seconde peau. Moult créatures cornues, masquées, nues ou en fourrure attirent mon attention. Je croise des amies modèles aussi, encore plus jolies en vrai qu’en photos, et je me sens intimidée tout à coup !
Et puis il y a les rencontres avec des inconnus… C’est la magie de la Nuit Dèmonia, les gens viennent souvent de loin, et tout le monde échange et se parle en toute liberté : des petits mots sur nos tenues, la soirée, le lieu… J’ai soif de rencontres et je demande à mon cavalier de soirée d’aller vagabonder de son côté pour en profiter ; on se donne rendez-vous plus tard devant ce bar ! (Je n’ai pas réussi à bouger d’un pouce entre les retrouvailles, les rencontres, les performances qui se déroulaient juste devant moi ! Il m’a retrouvée exactement là où il m’avait quittée.)
Il vient de partir, je reçois un léger coup de martinet sur les fesses ! Je dois être trop près d’une séance, un coup s’est perdu… Je me retourne, et me voilà intégrée dans toute une bande de joyeux drilles rieurs et taquins ! Ils l’ont fait exprès ces chenapans ! Ils m’entraînent dans leur danse, m’invitent en Bretagne, les soirées sont « top level ! » – Ok, un peu plus petites peut-être…
Plus tard, toujours près du bar, j’attends à côté d’un dominant qui ne cache pas son long martinet sur son épaule. Il me fait un grand sourire et se présente : Gabriel. Ma timidité s’envole, je le taquine, tout maître qu’il est :
— C’est le prénom d’un ange, il me semble….
Il s’incline, et me raconte qu’il est switch, mais ce soir, il montre plutôt son visage dominant. Me voilà enthousiaste, et je lui fais cet aveu dans l’euphorie du moment : « moi aussi ! » Un monde de possibilités s’offre à nous un instant, je suis tentée de tester son martinet — entre switchs, on se comprend — et puis les vagues de la soirée nous séparent, et on ne se recroisera plus ! (Note à moi-même pour la prochaine fois : ne jamais remettre ses envies à plus tard, car la soirée est vaste, les participants innombrables, et la probabilité de revoir un inconnu est mince !)
Je suis vite consolée, une amie dominatrice me confie son soumis.
— Je te le prête Clarissa, tu peux jouer avec lui.
Je suis enchantée ! Elle ajoute, taquine, et connaissant ma propension à oublier le temps ;
— Bon, tu ne le gardes pas deux heures quand même…
J’emmène son cadeau dans un coin pour en profiter tout à loisir, en veillant à garder la notion du temps dans un coin de ma tête. Un soumis particulièrement dévoué et anxieux de faire plaisir.
Du côté des uniformes, je suis ravie aussi, je côtoie un moment un bel officier de la royal air force, sans la casquette hélas, mais tout le reste y est, jusqu’au moindre bouton d’argent. J’ignore les sarcasmes d’un ami gentiment moqueur ; qu’il me laisse assouvir mes fétichismes en paix, c’est l’occasion rêvée ! Plus tard, j’aperçois des épaulettes dorées au loin, mais le temps de fendre la foule, elles disparaissent…
Je me suis bien amusée à faire du pet play à la moindre occasion aussi : j’ai croisé un puppy très joueur et affectueux comme tout, un chaton ronronnant et volage, un autre chat tout de latex vêtu, je l’aurais bien adopté un peu…
Nos deux fidèles masseurs sont bien là au rendez-vous : Marc Delabotte, grand fétichiste des bottes et des pieds, et Pat, masseur bdsm, et son concept unique au monde de massage à l’aide d’accessoires bdsm.
Coup de chance, Pat est libre, et je me remets entre ses mains avec joie. Hop, ma robe chute sur le sol, et je me cambre, m’offrant à ses fouets de lumière qui picotent mes fesses et mon dos en douceur. – Il paraît que c’était comme un feu d’artifice ! J’aurais aimé me voir 😉. Je m’étends sur sa table de massage, et je profite d’un festival de sensations. Je m’abandonne, broyant parfois le bras de mon soumis à ma disposition. Pat fait vibrer des baguettes sur ma peau, il me fouette de ses longs martinets (je les reconnais, j’adore cette sensation de pluie de cuir sur ma peau…), de ses deux petits fouets ensuite, pour de piquantes caresses… Je bondis quand il applique deux gros vibromasseurs sur mon dos, et parcourt toute ma peau, jusqu’aux jambes… Tout mon corps vibre fort de l’intérieur ! Et puis ses mains dansent sur moi, me pincent, tapotent mes épaules, ma nuque, et là je crois que je m’envole pour de bon, avant une nouvelle séance de fouet lumineux sur ma peau bien chauffée qui en redemande encore et encore. Trop bon ! Je me relève toute étourdie, je réalise qu’on nous regarde, des photos ont même été prises !
Nous reprenons notre voyage dans la soirée, alternant entre la piste de danse et la salle de jeux, séparées d’un rideau de fins lasers rouges ; de la lumière dense comme de la matière que nous nous amusons à « toucher » au passage.
La salle de « jeux » est entièrement équipée : multiples cages, des slings, des piloris, des bancs à fessée, des croix de St André… Elle est le théâtre de jeux intenses, avec une foule des curieux qui se fraie un chemin entre les joueurs.
Les grandes cages, c’est l’idée du siècle ! Les séances s’y déroulent en toute sécurité et quiétude : les spectateurs sont tenus à distance par les barreaux. Et les « acteurs » jouent avec ces barreaux, s’y accrochent…
J’admire du coin de l’œil une dominatrice acrobate qui les escalade, avant de grimper sur son soumis, pour l’attacher, l’étouffer… il semble en extase, ignorant la foule qui les contemple.
J’aperçois aussi une très belle séance de shibari sur une jeune femme en kimono, un moment poétique alors que de fougueuses séances se déroulent dans les cages voisines : jolis mouvements de martinet qui volent sur des fesses, fessées retentissantes, séances de fist et de pegging, massages de pieds sensuels…
Non loin, une « atelier fouet » s’organise, une jeune femme en tenue de latex et aux oreilles de chat s’essaye au fouet pour la première fois, guidée par deux dominants, et par le soumis qui se prête au jeu.
Toute la panoplie des pratiques bdsm se déroule sous nos yeux. Je m’installe confortablement sur les coussins alignés le long de la baie vitrée, et profite du spectacle pendant un délicieux massage de pieds et des mollets.
Je croise mon ami shibariste, je suis terriblement tentée un instant de me plonger dans ses cordes, entourée d’attentions, enveloppée de liens, avec la folie de la soirée qui s’agite tout autour de nous… mais je sais que cela prend du temps, et je ne tiens pas en place… dès que possible !
Je reste longtemps sur la piste de danse aussi, et cette fois, je ne manque aucun show ! J’ai trouvé une place stratégique, sur des marches en face d’un des bars, et j’admire des performeuses fetish vêtues de merveilleuses tenues : elles s’effeuillent, dansent, jouent avec le feu. Il y a aussi des acrobates, des danseurs disloqués, un géant sur échasses… Des shows onirique, beaux, décalés, étranges et féériques, qui ne sont pas sans m’évoquer le Cabaret décadent du cirque électrique.
Une performance m’a particulièrement impressionnée. Elle est déjà commencée quand je m’approche : une mince jeune femme a des crochets plantés dans son dos, reliés à des cordes. Elle patiente, sereine, ses pieds dansent en rythme avec la musique. Sur scène, se déroule un magnifique défilé fetish avec des modèles portant des corsets, des coiffes, maquillées comme des créatures féériques. Et soudain, la jeune femme sur le sol s’envole, se balance dans les airs juste au-dessus de nous, suspendue par les crochets de ses genoux et de son dos. Nous retenons notre souffle, et sursautons quand les crochets de ses genoux lâchent. Elle n’est plus retenue que par ceux de son dos ! Elle semble nager dans l’air, elle évolue avec grâce, avant d’être reposée doucement sur le sol. Terrible et magnifique performance, nous sommes propulsés dans un monde de beauté, de plaisirs et de souffrance heureuse.
Une petite coupe de champagne pour nous remettre, nous avons besoin de redescendre nous aussi, de reprendre nos esprits et retrouver un peu de légèreté !
Cette nuit, on gagnait une heure, mais la soirée s’est achevée terriblement vite. Cette distorsion du temps, je la vis souvent : la soirée semble s’installer dans un éternel présent, et soudain, il est 5h30 ! J’aurais aimé passer plus de temps avec mes amis et connaissances, m’amuser à nouveau avec mon soumis… J’aurais aimé encore mille choses !
Nous commençons à nous diriger vers la sortie, je redoute la cohue de la fin. On se poste tout près de la porte, pour profiter des dernières minutes de la soirée, prêts à courir dès que la fin est annoncée. Nous sommes près des cages de la salle de jeux, où se déroulent à présent des scènes intimes, sexuelles… La soirée dérape enfin, tout le monde se lâche, mais c’est déjà trop tard, il nous faut rejoindre le vestiaire à regret… où je reconnais enfin une amie, vêtue de latex de la tête aux pieds, cagoule à couettes comprise !
Dans le métro, hasard du destin, nous retrouvons l’une de mes rencontres fugitives, j’avais regretté que l’on ne fasse pas plus ample connaissance ni échangé nos coordonnées… c’est chose faite à présent, rendez-vous pris pour une prochaine soirée !
La fatigue me tombe dessus, je m’endors, je poursuis la soirée dans mes rêves, bercée par les sonneries des portes du métro ; pratique de descendre au terminus !
Mille mercis et félicitations à tout l’équipe de la Nuit Dèmonia, au top que ce soit à l’accueil, au vestiaire, au bar…
Et bravos aux DJ et aux artistes ! J’ai l’impression qu’il y a eu bien plus de performances cette fois ! (Mais je crois que c’est parce que j’ai réussi à les voir, sans être occupée ailleurs à de sombres agissements 😉 )
J’ai aimé ce nouveau lieu ! Comme un vaisseau spatial près à s’envoler au-dessus de Paris. Seul regret, la tour Eiffel s’est éteinte trop tôt… et j’ai oublié de visiter le coin fumeur, il paraît qu’il s’y passait des choses intéressantes aussi. ^^
Le roman-photo de la soirée, en attendant les photos des photographes :
Les essayages avant de partir ; première dans la file d’attente, avec la créatrice Raphaëll Sarazin ; notre envol sur la piste de décollage ; la belle gardienne des lieux nous accueille.
– Je rajouterai bientôt des photos prises par les photographes.
Les photos « officielles », photos de Daniel Power, de Paradoxal Studio, d’Eskal Ton, d’Olive the duck, de Mac Harley. Merci pour tous ces bons souvenirs !
4 commentaires
Merci !
J’en ai bien profité mais je pense que tu t’es bien amusé toi aussi !!
Arrivé à 2hrs, je suis jaloux Clarissa… Ça foisonne de partout dans ton joli récit ! Arrivée de ton côté de bonne heure tu sembles avoir absolument tout vu et apparemment tu n’en a pas ratée une miette…
Comme á chaque post je prends énormément du plaisir á vous lire et lire vos aventures. Céline sissy slave á vos pieds. Hate un jour de croiser votre route. Merci beaucoup Madame.