Samedi dernier, une amie fêtait son anniversaire…
Je reconnais les lieux, plusieurs fêtes s’y déroulent, ainsi que les cours de Kinbaku, j’aime bien leur agencement : bar et piste de danse en bas, avec des accroches pour des performances de shibari, une croix de St André ; à l’étage, de confortables fauteuils le long d’une mezzanine, et deux chambres à l’écart.
Il n’y a pas de dress code particulier, mais connaissant l’organisatrice, je suis certaine que la soirée sera fortement orientée bdsm, je choisis donc une tenue fetish avec, cerise sur le gâteau, non pas un soumis tenu en laisse, mais deux !
Je franchis le seuil avec allégresse, les tirant à ma suite, enchantée de retrouver tant d’amis de tous horizons : littéraires, libertins, bdsm, kinky… Je me fais chahuter en raison de mes deux soumis, je m’amuse de toutes les taquineries : « Alors, tu commences en élevage ?» « Mais que tu es gourmande ! » « Tu es gâtée dis-moi». Je reconnais qu’ils sont drôlement mignons tous les deux, ils font leur petit effet à me suivre sagement partout. Le nouveau venu en particulier, perché sur ses talons hauts et frôlant les 2 mètres de haut !
Je ne tarde pas à les entraîner à l’étage, je déguste ma coupe de champagne dans un fauteuil confortable, tandis qu’ils me massent les pieds, les mains, se partagent mes faveurs, avant de les gratifier de quelques coups de martinets et d’agaceries variées.
Nous sommes bientôt attirés par des clameurs et des applaudissements venant de la piste de danse : les shows démarrent !
Nous assistons à un striptease sexy, avec une pointe d’humour et de magie.
Puis, une jeune femme s’installe dans une sorte de balançoire souple, elle évolue, légère, aérienne, nous offrant un instant de grâce et de voltige. Elle semble aussi à l’aise dans les airs que nous sur terre ! Elle me dira ensuite que ce n’était pas prévu à l’avance, elle a improvisé sur le moment, s’inspirant du trapèze qu’elle maîtrise bien.
Plus tard, au centre de la piste, une jeune femme à genoux est emballée dans du cellophane et arrimée à un tabouret. Sa bouche se retrouve à la bonne hauteur pour lécher ou sucer les personnes tentées de s’installer sur le tabouret…
Je découvre aussi le « fire play » de très près, mon soumis de soirée est volontaire pour s’offrir en sacrifice pour l’expérimenter. Un ami dominant verse de la mousse dans ses mains, il approche son briquet et la solution s’enflamme immédiatement de façon impressionnante. Des flammes montent jusqu’au plafond, lui brûlant quelques poils au passage, et sa peau un chouïa.
D’autres jeux se déroulent à l’étage, des jeux plus corsés.
Dans l’une des alcôves à l’écart, un homme se fait prendre par une ardente maîtresse bien équipée.
Non loin, un soumis extrêmement masochiste se laisse torturer le sexe par deux grandes dominatrices ; elles manient le scalpel, enfoncent des aiguilles, tandis qu’il se tortille sur le sol, extatique. Je reste prudemment à l’écart, fascinée par ce pouvoir qu’ont certains : transformer la douleur en délices. « Que du plaisir ! » me confirme-t-il plus tard, les yeux brillants de joie.
Des enlacements plus sensuels se déroulent aussi, ça et là.
Un maître shibariste encorde une jeune femme à la grille de la mezzanine, à la façon d’une figure de proue, les bras tirés en arrière sur les côtés. Il invite une amie à la caresser à travers les cordes, l’embrasser doucement.
Adam, du site Nouveaux plaisirs, nous invite à tester l’électricité érotique. Il est venu avec un coffret contenant plusieurs accessoires, des sortes d’embouts offrant différents types de ressentis. On peut également varier l’intensité, pour obtenir toute une gamme de sensations, depuis des picotements amusants, légèrement irritants, jusqu’aux douleurs plus intenses prisées des masochistes.
Je teste ces mini décharges électriques sur ma peau, puis sur celle de mes deux soumis. Il suffit d’effleurer la peau pour provoquer de minuscules éclairs bleutés et la « piquer ». On peut enchaîner les « piqûres » ou « caresser », faisant grésiller la peau sous le courant électrique.
Adam pose une petite plaque de métal contre son ventre, son corps devient conducteur. Il me caresse du bout des doigts, je ressens des picotements légers partout où il m’effleure, il m’embrasse et ses lèvres conduisent elles aussi l’électricité, mes joues picotent. Je suis parcourue de frémissements, je frôle à mon tour mes voisins, et je les électrise eux aussi. Nous pourrions former une vaste chaîne électrifiée ! J’aimerais bien jouer longtemps avec cet appareil, l’apprivoiser, doser, me relier à mes deux soumis par un courant électrique nous picotant agréablement, un peu désagréablement aussi, de façon surprenante en tout cas, et les faire tressaillir en variant par surprise l’intensité du courant !
Il parait que c’est un peu la même sensation lorsqu’on se fait tatouer, en moins fort, et je me dis que ce n’est pas pour moi ! Dommage, je commençais à en avoir envie…
Un appareil très intriguant, offrant tout un éventail de possibilités, que ce soit pour pimenter des jeux érotiques, ou corser la plus intense des séances bdsm. (Pour les petits curieux qui me posent des questions, il s’agit du Neo Wand).
Notre amie réussi à réunir tous les plaisirs au cours de son anniversaire ! Depuis les simples câlins pleins de love façon « burning men », jusqu’aux plaisirs sensuels des libertins, en passant par ceux bien plus pimentés, subtilement sadiques des amateurs de bdsm.
Les moindres recoins sont investis, tout est possible, partout… j’adore cette liberté ! – Souvent dans les soirées, les espaces des possibles se cachent à l’abri d’une salle, d’une tente, parfois gardiennée. Mais là, il n’y a que des amis, tout le monde se connaît, et s’ébat en liberté dans son univers de prédilection, qu’il soit doux ou cruel, ou simplement bavardent, dansent…
Il est déjà tard, le temps s’écoule trop vite. J’ai une nette tendance à l’oublier, j’ai tenté de varier les activités pourtant cette fois, je me suis efforcée de ne pas m’attarder trop longtemps ici ou là, pour vivre pleinement tous les moments de la soirée, dans une vaine tentative de la ralentir.
Elle est passée quand même à la vitesse de l’éclair, et nous nous sommes retrouvés dehors, sonnés, encore très en forme, certains proposant de partir en after. Il faudra que je dise oui, un jour !
Photos : Jérémy Lincal