J’avais renoncé à raconter cette soirée… Sur le moment, je n’ai pas cherché à mémoriser quoi que ce soit, je me suis laissée portée, profitant de chaque instant ; il me reste surtout des impressions, des souvenirs fumeux de rencontres…
Mais l’envie d’écrire me titille, et on me pose souvent cette question « Alors, c’était comment ? Raconte ! Tu vas faire un article ? ». Une pression amicale, flatteuse, qui a fini par me donner envie de tenter de capter l’essence de la soirée ! Tenter de rassembler quelques souvenirs épars 😉
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Tout commence devant l’entrée, avec l’arrivée majestueuse d’une longue limousine blanche, d’où s’extirpent des amis, réjouis par cette expérience digne des stars d’Hollywood ! Les veinards… On s’engouffre tous dans l’immeuble. En haut de l’escalier monumental, les méchants garçons nous attendent, et nous expliquent les différents espaces. Dans le brouhaha et la joyeuse cohue, j’oublie tout, ne retenant que le vestiaire, pressée de confier mes oripeaux de tous les jours. J’admire en secret le duo de choc qui assure au vestiaire, sanglés dans leurs beaux uniformes soviétiques. J’adore les uniformes, je les dévore des yeux ! La soirée commence super bien 😊.
Jupette au vent, oreilles de chat de travers sur la tête, collier de cuir clouté autour du cou, martinets accrochés à la ceinture me caressant les cuisses à chaque pas… je suis fin prête pour découvrir les lieux !
La soirée se déroule dans un squat, un ancien couvent de religieuses d’après ce que j’ai compris. Un lieu chargé, pieux, baigné de sagesse et de dévotion, mais ce soir, tout va changer ! Il brûlera dans les flammes de l’enfer ! Mais comment font les méchants garçons pour trouver des lieux aussi dingues ?
Un méchant garçon affairé passe en courant, il me remet le verre qui ne va pas me quitter de la soirée. Ça fait un moment que les méchants garçons ont renoncé aux gobelets jetables, et mettent un point d’honneur à concevoir un verre souvenir designed spécialement pour l’occasion aux couleurs du flyer ! Je suis ravie de l’avoir, avec ses super dessins SF Pulp, avant de me demander où le mettre pour avoir les mains libres. Un ami a tout prévu, sa petite bourse moyenâgeuse possède pile la bonne taille : « l’habitude des festivals ! ». Je coince le mien dans ma ceinture, et repars en exploration.
Je frisonne un peu, ça manque encore de chaleur humaine ! C’est le prix à payer quand on arrive trop tôt : on ne fait pas la queue, mais il fait froid ! Rien n’est parfait… Une certaine fraîcheur perdurera dans les couloirs toute la nuit, mais j’ai trouvé l’astuce : déambuler collée serrée à un ami ou une amie !
En face des vestiaires, l’association PariS-M nous accueille chaleureusement, et nous invite à entrer, ou revenir quand on veut. Tous les sujets BDSM peuvent être abordés, en particulier autour de la prévention, de la sécurité. Les petits nouveaux sont sûrs d’y trouver un havre de paix et une écoute bienveillante avant le saut dans le grand bain. Et une fois qu’ils auront osé le plongeon, qu’ils n’hésitent pas à venir me voir, j’aime bien renseigner les nouveaux, et en faire des disciples, gniark gniark 😉
Les principales festivités se déroulent dans une grande salle, avec le bar qui nous attend à l’entrée. Open bar ! Il suffit de présenter son verre coloré, et on est ravitaillés généreusement en tout ce qu’on veut. Champagne pour moi !
Près du bar, un ami propose des massages des pieds. Je le connais, il adore masser nos pieds nus, ses massages sont divins. Je me promets de lui confier mes pieds en compote, en fin de soirée plutôt, car je crains que mes bas dim-up ne tiennent plus ensuite. Évidemment, je perds la notion du temps, je me « réveille » trop tard. La prochaine fois, je commence par le massage de pieds, quitte à rester jambes nues ensuite toute la soirée ! On m’a confié une astuce : mouiller la partie élastique des bas pour que ça recolle !
Et puis la vaste salle, pour se retrouver, jouer, danser, avec tout au fond une estrade accueillant plusieurs équipements bdsm : chaise spécialement conçue pour s’y asseoir les jambes ouvertes, pilori, cage… Plusieurs performances s’y dérouleront toute la nuit.
Au-delà, il y a aussi un coin fumeurs, une salle chill avec des matelas pour se détendre, et plus si affinités, et un espace réservé au shibari avec son bambou pour les suspensions.
En face de cet espace zen, se trouve la chapelle Fistinière : deux pièces incroyables, équipées de lourds fauteuils gynécologiques, où des passionnés se livrent à leur pratique préférée : le fist. Étrangement, l’un des espaces les plus calmes de la soirée ! Je m’y aventure, médusée par l’ambiance sereine, recueillie, concentrée, souriante qui règne. Tout le monde est bienvenu, les plus aguerris comme les curieux, et les voyeurs aussi.
Un escalier mène vers une cave reculée : un donjon aménagé, avec sa croix de St André.
J’y suis un compère, échauffée par un projet : expérimenter la contrainte, être attachée à la croix de St André, écouter mes ressentis… A peine mes poignets sont liés au bois de la croix, qu’un homme caméra au poing fond sur moi et m’éclaire de son flash. Il me tend un micro, tout sourires.
— Vous seriez d’accord pour répondre à une interview, c’est pour Dorcel TV ? Pas de souci si vous ne voulez pas, et sinon on floute le visages…
Je tente quelques propos incohérents, qui j’espère seront coupés au montage, sur le plaisir de s’amuser lors de ces soirées, de tester des sensations…
Je bats en retraite dès que possible, j’ai envie de retrouver la foule et la chaleur de la grande salle, où se concentrent les plaisirs du bar et des retrouvailles entre amis. On est heureux de se revoir tous ! D’ailleurs, on a presque trop bavardé, et pas assez dansé ! Certains s’impatientent déjà « bon, on joue quand ? »
Bientôt, bientôt…
Le son monte d’un cran, deux DJ bien aimés se succèdent aux platines, et la scène s’anime de belles performances. Je regarde des séances de martinet, de fouet sur une soumise qui danse en rythme avec la musique, une autre fait mine de vouloir éviter les coups, provoquant son maître, jouant les rebelles, nous offrant une véritable chorégraphie…
Des plateaux de canapés circulent à leurs risques et périls parmi les danseurs et les spectateurs, et les méchants garçons font irruption sur scène, l’un d’eux costumé en Casimir. Nous avons à peine le temps de rire et de nous attendrir, le « trio maléfique » nous arrose copieusement de champagne frais ! Tout le monde crie, court en tous sens, je me réfugie derrière un ami qui me sert de bouclier… L’averse s’apaise, une ravissante jeune fille vient d’apparaître, elle nous distribue des coupes de champagne accrochées à sa taille. — Les méchants garçons ont poussé le détail jusqu’à fabriquer des étiquettes de champagne à leur effigie, et à celle de leurs amis.
L’effervescence gagne le bar, une fontaine de fumée tombe en cascade évoquant l’atelier d’un savant fou, de la glace carbonique, ne pas lécher, au risque d’y laisser sa langue !
Plus tard, un stand de Barbapapa ouvre, tout le monde léchouille son nuage de sucre jaune. Les bisous vont coller ! Des barbapapas goût banane, mmmm… On m’a raconté, je n’ai rien vu… dire que j’ai raté ça, je ne sais pas où je traînais ^^!
La suite de la soirée n’est qu’une longue série de rencontres ! Des rencontres cocasses (se faire réchauffer les bras et les épaules pendant la file d’attente des toilettes et piquer des fous rires), poétiques (cette discussion onirique avec une si belle domina au détour d’un couloir — je n’avais plus froid du tout, dans sa lumière), des rencontres joueuses de toutes sortes… Sans mon soumis de soirée préféré, j’évolue sans étiquette, avec un statut incertain. J’oscille, louvoie entre les tentations toutes tendances confondues !
Je regarde l’heure pour la première fois depuis le début de soirée, et je lis sans y croire : 5h ! Presque la fin, déjà…. Je me plains auprès d’un ami :
— Je n’ai même pas eu le temps de danser !
Et là, un vieux rock retentit à nos oreilles, il prend ma main, me fait virevolter dans tous les sens, et je m’envole ! A demi chancelante, je retrouve la terre ferme et mes esprits. Le temps de quelques baisers d’adieu, et je m’enfuis telle Cendrillon.
Je croise enfin l’un des méchants garçons, alors que j’ai déjà ma doudoune sur le dos, et le gronde, au lieu de le remercier et le faciliter.
— On ne vous a pas vus de la soirée…
— C’est qu’on a bossé, nous, pour que vous passiez une bonne soirée !
Dans ma hâte, je perds un long ruban de dentelles, qui me sert de bandeau pour les yeux, de ceinture, de cache-décolleté vertigineux… Il sera galamment ramassé et soigneusement conservé par un ami, en un revival de l’amour courtois. Romantique ! (C’est l’histoire d’un ruban, perdu et retrouvé…)
Mille bravos aux méchants garçons et à toute leur équipe pour cette très belle soirée pleine de surprises ! Et d’avoir réussi l’exploit de transformer ce squat en un lieu de fête, avec toutes ces annexes entièrement équipées ! J’imagine le déménagement avant/après !
On ne va pas oser réclamer trop vite une nouvelle Méchante soirée, mais je sais déjà que tout le monde attend la prochaine avec impatience… Vivement !
Photos : flyer et photos de la Méchante soirée, et ma tenue – il manque juste le serre-tête de chatte, les mitaines et les martinets rouge et noir à la ceinture, pour la touche de couleur
5 commentaires
C’est cool que vous ayez retenu ma proposition !
Effectivement, les porte-jarretelles et serre-tailles sont généralement très jolis et apportent une touche de féminité supplémentaire.
Si vos bas autofixants ne tiennent pas sur vos cuisses, pourquoi ne portez-vous pas une paire de bas « classiques » (c’est-à-dire non autofixants) avec un porte-jarretelles ou un serre-taille ?
Oui, c’est une bonne idée, c’est très joli en plus ! Il faut que je m’en trouve un assorti à mes dessous
Merci cher Matou ! Et si tu revenais de temps en temps, pour profiter de pareilles occasions ?
Merci chère Clarissa pour le récit de cette soirée… Mais quel diable m’a piqué pour être désormais si loin de Paris…