Je suis tombée par hasard sur une très belle série de photos de Damien Brunet qui m’a donné envie de me confier sur ce fétichisme, à la fois très répandu et un peu honteux aussi, il faut bien l’avouer… ( j’en ai déjà parlé ici et là, mais le plus souvent sous forme d’histoire, de fantasme… Il est temps d’affronter ce kink en face, directement, sans le filtre de la fiction ! (C’est facile de l’avouer à travers des personnages imaginaires, mais témoigner directement, c’est une autre histoire ^^)
Merci au photographe et sa modèle pour l’autorisation de publication sur mon blog !
(Le site de Damien Brunet)
Le fétichisme des uniformes peut s’exprimer de plusieurs façons :
– collectionner et revêtir des uniformes, les détourner, les porter en soirées, se prendre en photos
– regarder des gens portant des uniformes
J’appartiens plutôt à cette seconde catégorie !
On connaît les clichés : les hommes aiment les tenues d’infirmières, d’étudiantes en kilt et grandes chaussettes blanches, de soubrette… Elles ont leur charme, mais de mon côté, j’aime mieux des uniformes plus engagés : ceux des pompiers, des policiers, gendarmes, militaires ; autant de professions qui risquent leur vie pour nous protéger et nous sauver !
Je suis sensible à l’esthétique, à charisme de ces porteurs d’uniformes, avec toutes ces connotations de courage, d’autorité, d’intrépidité… autant de belles valeurs qui les entourent et les nimbent d’une aura particulière. (L’attirance des chaotic good pour les lawful neutre et lawful good, si jamais vous avez joué aux jeux de rôles)
C’est un fétichisme qui a un côté sombre, subversif, et parfois mauvaise réputation, car il peut évoquer une certaine fascination pour le mal (mais tous les fétichismes ne sont-ils pas transgressifs, interdits, tabous à des degrés divers, ce qui éveille le désir, presque automatiquement ^^). Il suggère une attirance pour tout ce qui est viril au sens péjoratif du terme, la guerre (alors que non, pas forcément, voire même pas du tout en ce qui me concerne)… J’ai rencontré des gens confondant les uniformes, faisant des rapprochements avec la Russie actuelle ou les dictatures du passé, supposant aux personnes les portant des valeurs d’extrême droite, alors qu’ils évoquent surtout le goût de ces belles tenues, des insignes, de l’Histoire, et de la domination.
En soirée fetish-bdsm, en soirée goth, j’aime regarder les uniformes détournés, portés aussi bien par des filles que des garçons : tenues de policiers ou policières de latex, uniformes inventés inspirés de Star Wars ou autres, ou historiques…
Il peut s’agir d’un seul accessoire, mais qui fera toute la différence : casquettes fetish bordées de strass, vestes de hussard brodées d’or… Il y a quelques temps, les grandes casquettes d’inspiration RDA ou soviétiques étaient en vogue, mais elles ont disparu de la circulation pour l’instant, même à Berlin – ce que je comprends bien sûr.
J’aborde parfois ces porteurs d’uniformes avec des compliments « très bel uniforme ! », et je m’enfuis ou je m’attarde, selon la façon dont je suis reçue ^^ Je me souviens encore de ce magnifique uniforme bleu ciel que j’ai longuement suivi des yeux depuis une balustrade – il était parfaitement visible au milieu d’un océan de tenues fetish noires – avant de me lancer à sa poursuite. Ensuite, je l’avais cherché sur Google, un tel uniforme d’opérette existait-il dans la réalité ? Oui, en Serbie.
Il n’y a pas qu’en soirée ! Je regarde tous les uniformes que j’ai sous la main, dans la rue : les militaires (pendant les JO, il y en avait presque trop, était-on menacés à ce point ?), les agents de sureté RATP, les pompiers en train de faire leur jogging et me doublant à grands renforts de souffles et d’halètements… Je me souviens encore de cette caserne de pompiers dont la porte était ouverte, ce qui m’a permis de voir plusieurs pompiers en train de faire des pompes (ils l’ont fait exprès, non ?). Et l’autre jour, j’avise un policier debout en terrasse de café, sanglé dans son gilet pare-balles, bardé d’accessoires, talkie-walkie etc. Il fume nonchalamment et me fixe en retour, amusé et indulgent. Je baisse les yeux, confuse et ravie, me sentant coupable de je ne sais quoi, de coupables pensées sûrement : je veux bien être menottée, attachée, emmenée, interrogée, tandis qu’il me soufflera la fumée de sa cigarette au visage… – le tout « pour de faux » bien sûr, pour jouer au gendarme et au voleur version adulte !
Aux origines (la question rituelle de la Pointe du cul que je savoure !)
Il n’y a pas à chercher très loin, les choses sont claires pour une fois – merci docteur Freud. Mon père portait l’un des plus beaux uniformes qui soit au monde, je crois que tout est dit. Je me souviens de mes élans d’enthousiasme et de fierté quand j’étais enfant. Je le regardais revêtir sa veste d’uniforme, boutonner les boutons dorés, clipper les galons dorés autour de ses poignets, aux épaulettes, mettre sa casquette qui le transformait en sauveur du monde, et puis quitter la maison d’un pas vif, ses gants blancs à la main… Mon père, ce héros absolu – dur dur pour les hommes de ma vie ensuite, mais ceci est une autre histoire !
Et on avait cette tradition familiale qui me ravissait : le 14 juillet, on allumait la télé dès le matin (pour une fois), pour ne rien manquer du défilé (Tradition que je maintiens depuis si je suis parisienne, dès que les avions me réveillent en passant au-dessus de ma tête – sauf l’année dernière, JO oblige, ils ont emprunté un autre chemin, et je les ai ratés)
Un ami d’Instagram qui connait mon péché mignon m’a offert des insignes et un képi, un vrai, mais ai-je « le droit » de le porter en soirée ? Je vais au moins accrocher une broche pour masquer la flamme dorée…
Papiers s’il vous plaît !
2 commentaires
ah les uniformes… Il est vrai que les 20 années que j’ai porté le mien (avec une autre allure que maintenant) je ne laissais pas les gens indifférents. Mépris, respect, fantasme ou encore peur. Ton texte va me faire regretter de mettre débarrassé de tout. Après cela j’ai endossé d’autres uniformes mais avec toujours les mêmes retour de regard, cela est une autre histoire que je garde pour le privé.
Oh c’est dommage de ne pas l’avoir gardé ! Pour des soirées, des jeux de rôles… Oui, les uniformes ne sont pas bien vus, quels qu’ils soient, il faut avoir du courage pour les assumer. Et plus encore pour choisir et exercer ces métiers de protection des personnes !