Dimanche dernier, s’est déroulé notre rendez-vous littéraire préféré de l’année, qui éclaire ce mois de Novembre qui serait tristounet sinon, entre les festivités d’Halloween et la magie de Noël.
Je suis ravie de revenir à la Bellevilloise (en passe de devenir ma deuxième maison ^^)
Le Salon de la littérature érotique propose plusieurs plaisirs à la fois :
– Flâner dans une librairie (La Musardine a déménagé ses livres sur la mezzanine de la Bellevilloise)
– Rencontrer les auteurs et les autrices, l’occasion de leur poser la fatidique question : c’est autobiographique ? 😉
– Écouter des conférences
– Jouer aux jeux d’écriture
– Visiter les stands : les sextoys Lelo, les bijoux et livres de Sonia Saint-Germain, écouter les histoires du Son du désir, etc…
– Discuter au bar (pas de café cette année ! J’ai regretté, mais j’imagine que j’étais l’une des seules à être rentrée aux petites lueurs de l’aube ^^)
Il faut donc choisir, impossible de tout faire ! Ou papillonner, pour goûter un peu à tout…
Ma dédicace ne commence qu’à 18h, mais j’arrive presque à l’ouverture, alléchée par les conférences, au risque de manquer de temps pour profiter du reste.
J’ai pris quelques notes très incomplètes, qui ne rendent pas justice aux présentations, toutes passionnantes, et sur des sujets qui m’intéressent follement.
Les conférences
Aurélie Jean – Les algorithmes et les relations
– Le modèle économique des réseaux sociaux repose sur la collecte d’informations personnelles, ils cherchent donc à nous faire rester le plus longtemps possible. Et pour cela, il faut nous « satisfaire » avec des like et en nous mettant sous le nez des infos qui nous plaisent ! Sur les réseaux sociaux, on se montre, on joue un rôle, on se repaît des like, on se retrouve au centre de tout, on en oublie d’aimer les autres. On devient très narcissiques, individualistes.
– Les applis de rencontres révèlent et amplifient les discriminations racistes et sexistes que l’on croyait disparues. On doit aller très vite dans nos choix pour espérer une rencontre, et on finit par éliminer des potentiels partenaires sur des critères discriminants : poids, prénoms…
– L’autrice attire aussi notre attention sur le danger des agents conversationnels comme ChatGpt, car on finit par leur prêter des émotions (voir le film Her). Il y a même eu des cas de suicides avec Replica, qui peut imiter un être cher. Des algorithmes addictifs et qui renforcent l’isolement.
L’autrice reste optimiste pour l’avenir malgré tout, puisque les risques sont connus et maîtrisables. Sinon, elle ne croit pas du tout par aux robots sexuels.
Margot Fried – Fillozat – Les cinq langages sexuels
Dans les films et les séries, on représente surtout une approche passionnelle, physique de la sexualité : baisers fougueux, étreintes sauvages… alors qu’il existe 5 langages différents :
– Mental : les fantasmes, la communication…
– Émotionnel : l’intimité, se sentir proches, en lien…
– Sensuel : sentir, goûter, apprécier, toucher…
– Physique : les impulsions, la puissance sexuelle…
– Énergétique : intuitions, méditation, magique, connexion…
Chaque personne possède son langage préféré (l’autrice propose un test sur son site pour l’identifier Je l’ai fait, curieuse, et c’est le langage sensuel pour moi — je m’en doutais un peu ^^) et un langage d’entrée en relation (souvent mental)
Ne pas « parler » le même langage sexuel peut créer des décalages, des malentendus (par exemple : elle a besoin de temps, de parler (mental) ou de se sentir en lien (émotion), mais lui est surtout physique)
On a besoin de maîtriser les 5 langages pour s’épanouir sexuellement. Ils peuvent s’apprendre !
Camille Emmanuelle — La dark romance face à Metoo
L’autrice souligne ce paradoxe : à l’heure de Metoo, la dark romance rencontre un vif succès ! Comme dans la new romance (lancée par le fameux 50 nuances de Grey), le héros est beau, millionnaire, musclé, bad boy, mais dans la dark romance il est en outre violent, méchant. L’héroïne, toujours aussi naïve, a souvent été enlevée, elle est captive, subit de mauvais traitements, mais tombe néanmoins amoureuse et détecte des failles touchantes sous l’armure du héros. Les personnages sont toujours hétéros, beaux, jeunes… Leurs étreintes sont toujours « propres », nulle mention de sucs, de fluides…
Cette ambivalence actuelle entre le féminisme qui ne s’est jamais aussi bien porté et ces fantasmes dark, glorifiant le virilisme, la masculinité triomphante, interroge. C’est comme si nos idées politiques se retrouvaient en désaccord avec nos désirs érotiques. Autre souci : cette littérature est très prisée des jeunes filles adolescentes, elles en lisent de façon compulsive à un âge où l’on est marqué à vie par ses lectures qu’elles soient érotiques ou non (c’est vrai ! Je me souviens encore du choc de découvrir la littérature fantastique, la science-fiction notamment, à cet âge-là, et je me souviens des titres lus)
Ce sont des livres écrits et lus par les femmes, addictifs, des page turner, bien scénarisés. C’est ainsi que l’on découvre la littérature érotique désormais, alors qu’autrefois on la découvrait avec Anaïs Nin, Françoise Rey… (les garçons eux, découvrent plutôt la sexualité avec le porno, ce qui pose d’autres soucis)
Les autres mouvements de la new romance : romantasy, sport romance, gay amish romance ( si si ! ), romance wellness … marchent moins bien.
Peut-être qu’on assume ces fantasmes extrêmes car on a désormais les idées claires sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, s’interroge l’autrice.
Maxime Spira — Libraire de La Musardine
Maxime Spira nous parle de l’évolution de la clientèle depuis quelques années : de plus en plus de femmes, de couples, de personnes LGBT+ ; La Musardine souhaite d’ailleurs publier plus de livres les concernant, et sortir des relations hétéronormées. Certains clients ou clientes viennent aussi sur recommandation de leur sexothérapeute (lire de la littérature érotique peut faire du bien à son couple, booster sa libido…)
La librairie propose des BD, des essais, des romans, des recueils de nouvelles…. Des succès peuvent se rencontrer dans chacune de ces catégories. Les mangas se sont beaucoup développés ces dernières années.
La maison d’édition publie surtout des autrices, par choix éditorial. La Musardine n’est d’ailleurs pas la seule à privilégier les autrices, Maxime Spira évoque le recueil Hold up publié chez Anne Carrière, et les Éditions Tabou qui publient Eva Delambre, Clarissa Rivière (je suis trop fière d’être citée avec Eva Delambre devant tout le monde !)
Les autrices phare de la maison : Octavie Delvaux, qui possède une très belle plume érotique, et Claire Von Corda, nouvelle autrice très punk, charnelle (je les ai lues toutes les deux, un régal)
La Musardine offre tout l’éventail de la littérature érotique, du roman le plus soft au plus hard ; c’est là où le conseil du libraire peut se révéler très utile, pour se repérer dans cette jungle, avec des livres aux couvertures parfois un peu trop explicites ! Pas de dark romance à La Musardine, on peut en trouver partout ailleurs.
En dédicace
Je suis en retard pour m’installer à ma table (de tortures ) ! Je pensais avoir une demi-heure devant moi, mais j’ai… zéro minute ! Heureusement, une performance démarre sur scène, ce qui me donne un peu de répit. Une belle danseuse sexy et espiègle s’effeuille, je suis aux premières loges, juste devant la scène ! Et ensuite, j’aurai le beau stand Lelo sous mes yeux, sans jamais avoir le temps d’y aller, ce supplice de Tantale ! (Sauf à la toute fin… je considère un sextoy de poche, à emmener en vacances, quand Le son du désir nous offre une lecture au micro !)
Je me retrouve entre Octavie Delvaux et Julia Palombe, ce qui me ravit, mais nous aurons à peine le temps d’échanger quelques mots tant nous sommes assaillies ! (pour notre plus grand plaisir)
J’ai la joie de revoir plein d’amis et d’amies ; je les remercie vivement d’être passés me voir pour bavarder, échanger quelques mots, choisir un livre, ça m’a fait très plaisir… Je réalise que j’ai du mal à « vendre » des livres à des amis, il me semble que cela ne se fait pas, je devrais les leur offrir plutôt ^^ mais heureusement, c’est le stand de La Musardine qui se charge de la caisse, je me contente de bavarder et signer des dédicaces (sauf pour les romans qui ne sont plus en librairie et que j’ai emmenés)
Et merci aux amis qui ont joué les agents littéraire, en recommandant l’un de mes romans à un voisin indécis ! J’ai beaucoup apprécié, moi qui n’aime pas trop « faire ma pub » !
Au-delà des amis, j’ai été ravie de rencontrer des connaissances des réseaux sociaux, et des inconnus et inconnues ! On m’a posé plein de questions, notamment une, qui m’a mise dans l’embarras : quel est votre roman préféré, parmi les trois présents ? Je les aime bien tous en fait :
– Immersion, car c’est le plus autobiographique (pour le coup) : les soirées sont vraies, de mémoire une Nuit Dèmonia, et une Nuit élastique
– Celui que j’ai le plus aimé écrire : Le frisson de la cire sur ta peau, car c’est aussi une histoire d’amitié, on l’a écrit à deux
– Celui qui m’a le plus amusée à écrire (et qui m’a le plus excitée ^^) : Le Village des soumises et son avalanche de fantasmes
On me pose aussi des questions sur l’écriture, l’inspiration, l’envie d’écrire… j’aime bien aborder tous ces sujets !
La dernière heure est bien plus calme, l’effervescence s’est calmée. J’en profite pour lire les participations au jeu d’écriture « décrire le costume idéal pour draguer en soirée ! », et je souris toute seule devant l’humour de certains et de certaines. Je vote pour le pyjama Pikachu avec son harnais de cuir… L’alliance du cuir et de la peluche, du bdsm et de la douceur…
En conclusion, une excellente édition du Salon de la littérature érotique, riche en rencontres et en découvertes ! L’événement est passé à la vitesse de l’éclair, et je n’ai pas pu bavarder tout mon saoul avec les amis, certains que je n’avais pas vus depuis longtemps pourtant… Regrets ! L’année prochaine ? Il faudrait que je sèche les conférences…
(Seul bémol, s’il faut en donner un : la musique d’ambiance était un peu forte, j’avais du mal à entendre parfois les personnes venant me voir, surtout les plus timides )
Un grand merci à l’amie qui m’a offert une part de tarte au chocolat et aux framboises, mmmm, un délice des dieux qui m’a redonné de l’énergie… ce régal ! (j’avais arrêté les desserts, j’ai replongé direct, trop bon !)
Félicitations à Flore Cherry, aux Polissons, et toute l’équipe de bénévoles de rose vêtus qui ont assuré le succès de cet événement, que ce soit à l’accueil, lors des conférences, auprès des auteurs et autrices.. J’ai aimé baigner toute l’après midi dans une ambiance érotique, ne parler que de « ça » avec des inconnus et des amis, apprendre plein de choses… un moment exceptionnel !
Quelques liens
Les Polissons, Flore Cherry, et La Musardine sur Instagram
Et quelques photos, très peu, on a manqué de temps ! Mais il y avait des photographes officiels
1 commentaire
Quel plaisir de te revoir ! (Je ferai toujours la pub de ce Village des Soumises… même si les récits BDSM ne sont pas ceux que je préfère). J’aime ton écriture. Merci pour ton post qui retrace si bien l’ambiance décontractée et l’intelligence des mots. Bisous.