J’ai découvert Julie Derussy dans le recueil « Osez 20 histoires de voyeurs et d’exhibitionnistes ». Elle avait écrit une histoire d’initiation, dans un cadre enchanteur, un magnifique jardin. Je me souviens de mon émerveillement, j’adore quand un jardin devient un personnage à part entière de l’histoire. J’ai pensé à « La faute de l’abbé Mouret » d’Emile Zola, à « Tom et le jardin de minuit » tant aimé dans mon enfance… autant de jardins magiques qui permettent des rencontres merveilleuses. Et maintenant, le jardin imaginé par Julie Derussy a rejoint ces jardins fabuleux. Son style, envoutant, sensuel, parfois onirique, m’a tout de suite séduite, depuis, je ne rate plus une seule de ses histoires.
Julie a écrit ce texte en découvrant cette photo que j’avais postée sur Facebook et l’a publié sur son blog ici.
J’ai reçu son récit comme un cadeau, il m’a vraiment fait très plaisir et je ne résiste pas au plaisir de le recopier ici pour vous en faire profiter aussi (je ne parviens pas à reproduire sa mise en page, comme un poème, j’espère que Julie me pardonnera !)
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Elle était toujours la même, et toujours différente. Ce soir-là, lorsque j’entrai dans la chambre, elle m’attendait, assise sur le lit. Elle avait revêtu un kimono rouge semé de fleurs blanches. Ses longs cheveux d’un blond roux, chatoyaient sur la soie. Et dans ses mains, entre ses doigts fins, il y avait un très long sabre. Je fis un pas dans sa direction, un seul. Les yeux fixés sur moi, elle fit glisser, lentement, le sabre hors de son fourreau. La lame chanta.
Elle était toujours la même, et toujours différente. Il me semblait la voir se dédoubler. Sa longue chevelure était de jais, sa peau de miel, ses yeux bridés. Guerrière, elle me mettait au défi de l’approcher, de la captiver, de la vaincre. L’acier de sa lame scindait l’espace en deux. Je fis un second pas dans sa direction. D’une seule main, sans cesser de sourire, elle dénoua la ceinture de son kimono. Un mouvement imperceptible de son épaule fit s’affaisser sa manche, révélant la clarté laiteuse de son sein. L’acier de la lame nous séparait toujours. Un dernier pas, et je fus si près d’elle, qu’en tendant la main, j’aurais pu la toucher. La soie rouge frissonnait autour d’elle. Son regard me brûlait. Me penchant par dessus le sabre, je l’embrassai enfin.
Découvrez d’autres très jolis textes de Julie Derussy sur son blog : Julie Derussy vous raconte des histoires
Julie Derussy a publié des nouvelles aux éditions La Musardine, L’Ivre-Book et Dominique Leroy.
4 commentaires
J’aime beaucoup la structure de ton blog (on voit que c’est créé gérer par une femme, sourire) soit dit en passant, j’aime y venir car il y a moult infos intéressantes.
Je suis d’accord avec toi ! Cette jeune auteur est pleine de talents !
réussit!!!!rhoo
En quelques lignes l’auteur réussi à faire passer une émotion, un climat, une action. Du grand art.
Amusant ce kimono, il me semble que ma femme porte le même, nous l’avons acheté à Pattaya il y a quelques années