Un roman cru, épicé, qui porte si bien son titre, une excellente surprise !
Le livre s’ouvre sur une scène d’exhibitionnisme d’anthologie, j’ai reçu une claque ! J’ai été aussitôt emportée à toute vitesse dans un tourbillon érotique, et je suis entrée d’emblée dans l’univers de l’héroïne, totalement sous son charme, l’eau à la bouche, avide d’en savoir plus.
L’héroïne mène une vie toute en contraste : un travail peu épanouissant, avec un chef fade et déplaisant — elle place les produits dans des rayonnages d’un super marché — et des moments d’abandon, hard core parfois. Elle est assaillie par un désir brut, impérieux qui ne supporte aucun délai. Elle s’offre à outrance lors de rencontres éphémères, ou de séances d’exhibition, comme en transe, dans un état second, prise de frénésie…
Elle découvre par hasard un lieu utopique, presque onirique, mais bien réel aussi, notamment par ses défauts, son côté urbex, avec ses touches d’excentricité. L’établissement est tenu par deux personnages hauts en couleurs et attachants au possible, assez énigmatiques aussi. On y propose aux femmes de réaliser leurs fantasmes, elles peuvent choisir leurs préférences sur une carte comme au restaurant : le menu Express, le menu Vegan… (je vais choisir le menu Grand froid… ou Vegan, j’hésite ^^)
J’ai adoré le style foisonnant de l’autrice, un style touffu, riche, gourmand, avec des associations de mots irrésistibles qui font vibrer, sans que l’on comprenne ce qui se passe. Une écriture qui nous transmet si bien les appétits dévorants de l’héroïne, son désir hors norme, omniprésent… et aussi l’environnement dans lequel elle évolue, tout en contraste lui aussi : le froid glacé des rayons des supermarchés, la chaleur poisseuse des parkings de grandes surfaces et des lieux de plaisir. C’est comme une lecture « augmentée », avec les ressentis tactiles, les sensations de chaleur, d’humidité… Ça suinte, ça luit, ça transpire, ça embaume la sueur, le sexe… je lisais assaillie d’odeurs, baignant dans la moiteur des étreintes. Il y a le fil de l’histoire, bien sûr, le mystère autour de ce lieu, et surtout les scènes érotiques palpables, presque animales. Les ressentis de l’héroïne sont directement retranscrits dans nos cerveaux, dans nos corps, grâce à la magie des mots ! J’ai rarement fait l’expérience d’une écriture aussi charnelle, incarnée.
La puissance du désir en particulier est merveilleusement décrite. Cette force capable de renverser des montagnes, qui nous fait tout oublier : les règles de bienséance, toute dignité, distinction… et nous transforme en créatures affamées de la peau de l’autre, assoiffées de sa sueur, de ses sucs… Quand j’écris, j’effleure parfois du bout du stylo ce désir dévorant, il me fascine ; Claire Von Corda s’y plonge carrément, se vautre, et nous pataugeons avec elle dans ce marasme sensuel, heureux dans ce bain de chair et de nectars variés.
Une lecture qui a parlé à mon corps, à mon ventre. J’ai aimé le désir intense, sans cesse renaissant, de l’héroïne, un désir contagieux, je me suis laissée embarquer ! J’étais prise de folie moi aussi, je voulais devenir elle, cette héroïne qui se laisse guider par ses désirs, son excitation. Elle n’a pas froid aux yeux, et s’est débarrassée de toutes les couches de la bonne éducation pour se livrer aux plaisirs de la chair sous toutes ses formes : exhibitionnisme, pluralité… sans honte, sans pudeur, car c’est naturel au fond, ce désir brut, spontané, c’est la vie qui explose ! Je me dis qu’elle a raison : au lieu de badiner gentiment en se piquant de littérature et d’allusions voilées, on ferait mieux de s’arracher nos vêtements et de se jeter les uns sur les autres !
Mais pour cela il faut un lieu, un lieu secret, caché, festif et jouissif, à la mesure de nos envies. Claire Von Corda l’a inventé, un lieu pour les femmes, avec des hommes qui attendent, et des femmes aussi, avec chacun leur « spécialités ».
Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, c’est trop bon de le lire à perdre haleine ! Je dirai seulement qu’il appelle une suite, bientôt si possible, car il m’a mise en appétit, un appétit inassouvi – ce twist final !
Merci Claire Von Corda et La Musardine pour cette lecture inspirante !
Le résumé de l’éditeur
« Un texte coup-de-poing sur le désir féminin.
Perdue dans un quotidien aliénant, l’héroïne de ce roman se sent dépérir à petit feu. Des vagues de désir la submergent sans qu’elle ne parvienne à satisfaire son corps ni son esprit. Ses pulsions vont la pousser à vivre des expériences de plus en plus intenses, jusqu’à la découverte d’un lieu où tous les fantasmes prennent vie, jusqu’à l’extrême. Claire Von Corda évoque avec justesse la solitude, la montée du désir, cet appétit sexuel d’autant plus insatiable qu’il reste inassouvi. Moderne, outrancier, obscène par moments, ce texte est un véritable cri du corps. »
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