Une histoire de Crimson, inspirée par le tableau de Clarence Etienne, exposé à la Concorde Art Gallery.
Le soleil au zénith écrasait de sa chaleur la ville de Lugdunum. Plusieurs milliers d’habitants s’étaient réunis à l’amphithéâtre, pour assister à une sorte de spectacle. Ponticus n’en avait pas compris la teneur, se contentant de suivre son maître.
Assis dans les gradins, au premier rang, il aperçut une superbe jeune fille, les mains liées, que des soldats attachaient à un poteau au centre de la scène. Devant l’air interloqué de l’esclave, son maître se pencha vers lui, et montrant la jeune fille, lui signifia « Supplicium ».
Une exécution! C’était donc de cela qu’il était question ! Le jeune germain se trouva démuni : quel crime avait t’elle bien pu commettre ?
Il n’eut pas le temps de s’interroger d’avantage, les soldats arrachèrent les vêtements de la condamnée, dévoilant son corps nu. « Qu’elle est belle », pensa t’il. Une porte s’ouvrit sous les gradins, laissant sortir un lion.
Ponticus se tourna indigné vers son maître, qui semblait se réjouit à l’avance du spectacle. Livrer une femme aux lions, est ce ainsi qu’il conçoit le divertissement, ce barbare? Son sang ne fit qu’un tour, il se leva.
« Serve, redi! », lui hurla son maître. Il empoigna le pilum d’un garde, et sauta dans l’arène « Vapulabitis! », vociféra son maître. Il n’en avait cure. Il avait décidé de reprendre sa liberté, et la première chose qu’il ferait, c’est défendre la vie de cette jeune fille, au péril de la sienne.
Hésitant, il s’approcha du fauve, en faisant de grands gestes pour l’effaroucher. L’animal détourna son attention de sa proie, pour la porter vers le jeune homme, sous l’acclamation de la foule.
« Ah, ils veulent du spectacle, je vais leur en donner! » Le premier coup de pilum fut manqué, le lion en profita pour lacérer la cuisse de l’esclave, qui lâcha un cri de douleur. Le bestiari improvisé n’abandonna pas le combat, et d’un coup adroit parvint à blesser l’animal.
Penaud, il revint vers sa cage, sans demander son reste.
Les spectateurs avaient l’air d’apprécier, leurs cris réussirent à convaincre les gardes de ne pas intervenir.
Ponticus s’approcha de la prisonnière, et détacha ses liens, puis la pris dans ses bras.
Était ce le fait d’être passée si proche de la mort? Son odeur de sueur et de sang ? Ou simplement la reconnaissance d’avoir été le seul à l’avoir aidée? Il ne sut pas la raison qui la poussa à l’embrasser.
Elle le plaqua au sol, et écartant la toge maculée de sang, entreprit de chevaucher son sauveur, au milieu de l’amphithéâtre. « Gladiator meus », lui susurra t’elle à l’oreille, pendant qu’elle faisait entrer son sexe tendu en elle.
Il fallait croire que les romains étaient friands de ce genre de spectacle. Ce fut comme un signal pour que se déchaînent les dieux de la luxure. Chacun commença à caresser, embrasser, enfourner son voisin.
Homme, femme, esclave, patricien, peu importe, une frénésie semblait s’être emparée de tous. Ce n’était plus une foule, mais une masse de chair lubrique, gémissant à l’unisson.
Le soleil venait de se coucher quand les spectateurs reprirent peu à peu la raison. La scène de l’amphithéâtre était vide. Les deux amants s’étaient enfuis depuis longtemps.
Ils chevauchaient, lui guidant un étalon volé à un garde, elle lovée contre lui, la tête sur son épaule.
Ils iraient vers le nord, jusque là où les gens ne parlent plus latin.
Là bas, il seraient enfin libres.