Eloge des petites bites

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    Je viens de lire l’excellent essai d’Octavie Delvaux Eloge des petites bites !
   « La taille ne compte pas » dit le proverbe en parlant de vous savez quoi, sans doute pour rassurer et remettre tout le monde sur un pied d’égalité… Désolée de le contredire, mais la taille compte au contraire – en particulier pour les principales intéressées 😉
    Je me suis toujours étonnée du succès (affiché en tout cas) des engins hors-norme, aussi me suis-jetée avec voracité sur ce livre au titre savoureux avec cette couverture tout à fait réjouissante (effet toile de Jouy de loin, et de près : des fruits défendus ^^). Dans ce livre, Octavie Delvaux apporte sa pierre à l’édifice sur cette question de la taille, en mettant en avant les phallus de taille modeste, injustement dénigrés souvent.
   Ce ne fut pas tout le temps le cas ! Le livre s’ouvre avec un rappel historique passionnant : l’autrice analyse l’évolution de la représentation du phallus de la préhistoire à nos jours, en passant par la modestie des Grecs (voir les statues), les excès du libertinage, le patriarcat du 19e… jusqu’à aujourd’hui, où les sexes démesurés du porno sont concomitants au succès des garçons androgynes.

   Je découvre à travers le livre d’Octavie Delvaux que la taille compte surtout pour les hommes en fait ! Ils en font toute une affaire dès leur plus jeune âge, se comparent dans les vestiaires, entre amis ou entre cousins (mouah ah), et se jaugent souvent par rapport aux harders des films X— alors que la très grande majorité des femmes n’en demandent pas tant ! Et que les acteurs X sont choisis spécialement pour cela : ils se situent bien au-delà de la « moyenne ». 
    Les gros sexes sont souvent même un désavantage, ils peuvent inquiéter, faire mal, même s’il existe des femmes qui les adorent. Mais que les garçons dotés d’un sexe imposant ne s’inquiètent pas pour autant, car comme le dit sagement la grand-mère d’Octavie  » il existe un couvercle pour chaque pot » ! (J’adore !)
   Les dimensions ad-hoc d’un point de vue médical sont écrites noir sur blanc (mais je ne vais spoiler plus que ça ^^), de quoi rassurer tous les garçons — rares sont ceux réellement dotés d’un micropénis.

   À travers de nombreux témoignages intimes d’hommes et de femmes de tout âge, des témoignages touchants, drôles, plein d’optimisme le plus souvent, Octavie Delvaux « réhabilite » les hommes modestement équipés : ils sont souvent plus attentionnés, à l’écoute du désir et du plaisir des femmes. Ils ne misent pas tout sur la pénétration, et deviennent des fervents pratiquants des caresses, de leurs bouches et de leurs mains…pour le plus grand plaisir de leurs partenaires. Alors qu’il semblerait, en apparence en tout cas, que ceux qui ne se font aucun souci sur leur taille, ne fassent non plus aucun effort, et ramènent tout à leur somptueux phallus — bien sûr, il ne faut pas généraliser, ce sont les grandes tendances, constatées par l’autrice au cours de son enquête !
   Le plaisir des hommes très peu dotés par la nature, voire d’un micropénis, peut aussi se trouver ailleurs. Ils se complaisent souvent dans des pratiques BDSM soft d’humiliation par des dominatrices sur leur minuscule engin, et transcendent ainsi ce qui aurait pu leur donner des complexes.

    J’ai aimé les conseils sexo dispensés par Octavie ça et là, même si ce n’est pas l’objet principal de son essai : il y a de très beaux passages sur le désir des femmes, la sensualité, qui m’ont parlé directement (à quand un ouvrage sexo sur le désir et le plaisir ?).

   A la fin du livre, Octavie Delvaux nous révèle les coulisses d’écriture, les secrets d’enquête et d’alcôve, la façon dont elle a recueilli des témoignages, même si elle n’hésite pas elle-même à se confier, répétant combien elle se sent à l’aise avec tous ces sujets (je rêve d’un café avec elle !). J’ai bien aimé ses confidences, d’autant plus en reconnaissant une amie commune !

   Des souvenirs lointains sont remontés à la surface en lisant le livre, je vais ajouter mon témoignage (l’eau ayant coulé sous les ponts), pour apporter de l’eau au moulin 😉 (je ne sais pas si c’est la grand-mère d’Octavie qui m’a mise en train sur les expressions d’autrefois ^^) :  
– je me souviens de ce petit ami, doté d’un minuscule engin, mais qui avait su développer d’autres talents que la frénétique pénétration…
– et de cet autre, tout penaud, qui s’excuse au moment fatal d’enlever son jeans de la petitesse de son sexe. Du coup je m’attendais à… presque rien ! En fait, il était tout à fait dans la moyenne, je l’ai aussitôt rassuré, mais j’ai bien vu qu’il ne me croyait pas, et pensait que je disais ça pour le détendre et lui faire plaisir. Il m’aurait fallu prendre un mètre de couturière pour le convaincre, que je n’avais pas sous la main ! (Mais il fut rassuré autrement… )

   En conclusion, Éloge des petites bites est un régal, il se lit d’une traite ! Et derrière son titre humoristique, se révèle documenté et sérieux, tout en gardant un ton léger. Il est écrit d’une plume pleine d’énergie et d’humour, et nous apprend plein de choses. Il nous fait réfléchir sur ces questions qui sont trop souvent de l’ordre du ‘non-dit », au point de gâcher parfois des relations et d’écorner la confiance en soi, des années durant.
   C’est trop dommage ! Lisez plutôt le livre d’Octavie au lieu de vous morfondre sur la prétendue petitesse de votre verge ! Vous serez rassuré, et sinon, vous aurez des pistes pour être heureux et vous débarrasser de ce complexe !
   La sexualité fait partie des plaisirs de la vie, c’est même le principal oserai-je dire ^^ et elle est multiple, riche, alors qu’on la réduit souvent à sa plus simple expression… Là aussi, l’autrice nous donne plein de pistes pour sortir des sentiers battus ! Alors, pourquoi s’en priver, pour trois fois rien en plus.
  – À quand un ouvrage pour décomplexer les femmes aussi ; je veux bien témoigner anonymement ^^

    Le résumé de l’éditeur
   On a beau déconstruire le genre, libérer la parole féminine, condamner les abus misogynes, un combat reste voué à l’échec : sous le regard éberlué de leurs contemporaines, les hommes continuent inlassablement de se chamailler pour savoir qui a la plus grosse. Une lutte de cour de récré délétère en ce qu’elle ruine les efforts des bonnes âmes pour construire un monde libéré du diktat de la virilité.
    Observatrice avisée de nos sexualités, Octavie Delvaux se propose de remonter aux sources historiques de ce phénomène, des sexes minuscules des statues grecques aux pénis démesurés des films X. Mais aussi d’explorer les doutes et complexes de ses contemporain.es à travers une série de témoignages édifiants. Avec une théorie simple : plus les hommes s’enorgueillissent d’avoir un gros pénis, moins ils pensent au plaisir de leur partenaire. Un petit sexe au contraire, dès lors qu’il est accepté et bien vécu, favorise le dialogue, la relation à l’autre, l’originalité, la recherche d’un plaisir différent. Un état d’esprit vers lequel tout homme devrait tendre, plaide Octavie Delvaux.

    Pour vous procurer le livre

   La Musardine
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