Nul besoin de Donjon ni d’accessoires, une séance BDSM peut se déclencher à tout moment, à l’improviste, sur le coin d’une table. Au comptoir du bar d’une soirée en l’occurrence :
Nous sirotons nos Perriers avec mon voisin, une vague connaissance de soirée. Nous parlons du son (indescriptible, géniallissime !), de l’affluence, de la moiteur étouffante des lieux – nous sommes au bar du sous-sol — dans laquelle nous évoluons comme des poissons dans l’eau, heureux de frayer dans cette touffeur, avec ce son épais qui nous enveloppe et pénètre chaque cellule de nos corps.
Soudain, il pèche un glaçon dans son Perrier et l’applique sur mes tempes, le promène sur mes joues, mon front, dans mon cou… Je frissonne et j’accepte la caresse de glace sur ma peau chaude, délicieuse brûlure glacée ! Le glaçon se réduit comme peau de chagrin, déposant un voile humide qui s’évapore aussitôt, me laissant une bienfaisante sensation de fraîcheur. Et puis, sans prévenir, ce mauvais garnement fait tomber ce qui reste du glaçon dans mon décolleté ! Je sursaute, je pousse des cris et me tortille pour m’en débarrasser. Il fond déjà dans cette fournaise, et des gouttes froides perlent le long de mon ventre, derniers souvenirs du glaçon dissous.
Revigorée par cette mini séance de comptoir, j’ai envie de me venger, de piocher un glaçon dans mon Perrier moi aussi et de lui rendre coups sur coups ! Je reprends mon verre ; déception : ils ont tous fondu. Mon maître improvisé me fait un clin d’œil taquin avant de se fondre dans la foule.
Un peu plus tard, accoudée à une balustrade, j’admire un show. Il y a aussi des glaçons, mais à un tout autre niveau : les performers se renversent des seaux entiers de glaçons sur le corps, une pluie de diamants miroitant sous les lasers ! Ils insistent en particulier sur les endroits les plus sensibles, avant de se rouler sur ce « matelas » piquant.
Évidemment, l’autrice érotique embraye et se met à fantasmer sur les glaçons, (torture exquise, à condition de jouer sur les contrastes : il faut des températures caniculaires ! Ou se trouver dans un lieu où l’on meurt de chaleur… )
La suite s’écrit toute seule dans mes pensées : mon voisin de comptoir ne tourne pas les talons, et lance la suite des opérations.
Il prend un autre glaçon dans son verre, le suce avant de le glisser dans sa bouche. Il s’approche de mon visage au ralenti, le temps est suspendu. Ses lèvres glacées se promènent sur mes joues, mon cou, effleurent les miennes, avant de s’y poser délicatement. La morsure du froid est moins vive, mais la caresse plus troublante encore. Il force l’entrée de ma bouche de sa langue fraîche et me donne son glaçon. Brûlure glacée sur ma langue, contre mon palais et mes dents ! Je m’empresse de le lui rendre par le même chemin. Il fond au passage, nous n’échangeons que des gouttes d’eau froides. Nos langues fraîches s’enroulent l’une autour de l’autre, dansent ensemble, ivres de musique, quand nous restons immobiles, collés. La fraîcheur des glaçons sur ma peau n’est plus qu’un lointain souvenir. Tout mon corps s’embrase, se consumant de désir.
— Deux autres Perriers avec glaçons, demande mon ami au serveur qui en a vu d’autres. Plein de glaçons !
Je comprends que mon martyre ne fait que commencer. Cette fois je suis prévenue ! Je ferme les yeux et me prépare à accueillir les morsures glacées sur ma peau brûlante.
Photos : pubs Perrier à fortes connotations ^^