Il était une fois…

Maléfique_(film)_Aurore_Prince_Philippe_réveil_baiser_La_Belle_au_Bois_Dormant
    J’avais préparé un conte de fées pour Halloween, mais faute d’ordinateur en vacances, il est resté coincé dans mes brouillons de blog le jour J ! C’est donc avec quelques jours de retard sur la date prévue que je vous révèle l’un de mes fantasmes : un lieu pour les réaliser tous ! Avec une pincée de magie pour décorer le tout…
    – Coïncidence amusante, au moment où j’écrivais mon histoire, Flore Cherry me décrivait son projet : réaliser nos fantasmes grâce à My Sweet Fantasy !

***

    Il grimpe l’escalier quatre à quatre. On lui a dit qu’elle était tout en haut, endormie, belle comme le jour, n’attendant qu’un baiser pour s’éveiller. Il s’arrête sur le seuil, le souffle coupé, autant par les étages avalés en courant que par la vision qui s’offre à lui. Une jeune femme est allongée sur un lit à baldaquins, ses cheveux déployés autour d’elle, les joues roses, ses longs cils baissés. Elle dort. Il s’approche, le cœur battant, se penche vers elle au ralenti, ému par son souffle léger, le velouté de sa peau. Il dépose un baiser sur ses lèvres vermeille et la belle ouvre grand les yeux.
    —  Mon prince ! Vous êtes venu ! Voulez-vous bien baiser mes autres lèvres aussi ?
    Le prince charmant tressaille, conquis par les yeux candides levés vers lui, des yeux noisette plein d’espièglerie et d’espoir. Il ne résiste pas et descend aussitôt lécher le sexe endormi, lequel se réveille bientôt sous son doux traitement, s’ouvrant et se couvrant de rosée. La belle gémit, frémit, se cabre, se tend, et se rend, toute princesse qu’elle est.
    — Venez en moi mon prince, maintenant, je le veux, pourfendez-moi de votre épée de chair en l’insérant dans mon tendre fourreau !
    Le prince se déshabille prestement, se pose sur elle, et la pénètre tendrement. Tout s’efface autour d’eux, ils ne sont plus qu’un homme et une femme s’aimant passionnément jusqu’à la jouissance. La belle referme alors les yeux dans un soupir, il comprend qu’il est temps de se retirer.
mal1à    Philippe redescend les escaliers, perdu dans ses pensées, comme elle était belle ! C’était si bon d’incarner un personnage de contes de fées, il en rêvait depuis longtemps ! Et son rêve vient de se réaliser, l’espace d’un instant. Il a toujours adoré le romantisme, la galanterie, les princesses… mais ce n’est plus très bien vu de nos jours.
    Un brin nostalgique, il dépose sa cape et sa couronne au vestiaire et s’apprête à récupérer son blouson de cuir. La patronne, elle, tient plus de la fée Carabosse, mais elle lui sourit avec bonhomie et lui fait un clin d’œil.
    — Alors, avez-vous aimé ma version de La belle au bois dormant ?
    Son soupir rêveur parle pour lui.
    — Ne soyez pas triste, vous reviendrez ! La belle vient souvent ici, elle a le fantasme du prince charmant, comme nous toutes n’est-ce pas ! Et puis, vous pourrez goûter à nos autres princesses, elles ont toutes des fantasmes bien à elles ! Vous avez un moment, je vous explique tout ?
    — Oui, je suis curieux !
    — Je vais vous les présenter… Notre vie manque tellement de merveilleux, vous ne trouvez pas ? Alors que nous avons tant de fantasmes et d’imagination ! Mon modeste établissement permet d’en réaliser certains… Nous avons par exemple Raiponce, qui occupe souvent le donjon du sous-sol. Prisonnière volontaire, entravée, attachée, elle goûte des plaisirs épicés autour d’hommes dominants qui la persécutent avec art et raffinement. Pour son plus grand plaisir, ne vous inquiétez pas ! Cendrillon, elle, vient tous les vendredis ! Elle adore les fétichistes des pieds et leur offre ses pieds mutins à masser et lécher. Ils raffolent de son petit 36 bien cambré, et c’est pas elle qui fait le ménage si vous voyez ce que je veux dire, elle tient le fouet, pas le balai ! Elle sait convaincre les hommes d’être à sa botte… Une autre Cendrillon, celle du mercredi, veut danser aussi, elle emmène sa playlist, elle souhaite être invitée au bal. Il faut savoir valser, vous sauriez ? À chacun et chacune son fantasme n’est-ce pas, moi je ne juge pas ! Blanche Neige, elle, est une gourmande, elle vient profiter de plaisirs variés autour de la pluralité masculine, mais sept hommes maximum à la fois hein, au-delà elle ne gère plus, et si possible bien bâtis et bien montés, on ne respecte pas le conte de fées à la lettre, vous l’aurez compris !
    Philippe l’écoute, médusé, les yeux ronds. La tenancière, encouragée, poursuit, intarissable sur sa « maison ».
    —  Je propose sinon Les trois petits cochons ! M’est avis que vous n’êtes point intéressé, c’est pour les gays, et aussi La reine des neiges qui forme un duo avec « sa sœur », pour de faux hein, point d’inceste chez moi. Certaines reines des neiges n’aiment que les filles, d’autres veulent s’occuper d’un homme avec une tendre amie qui endosse le rôle d’Anna, il faut regarder le programme sur notre site ! Ici, on réalise plein de fantasmes ! Et les timides, je les envoie faire un tour dans l’atelier de Pinocchio, il y a des sextoys pour tous les goûts… Il me reste encore de nombreuses pièces libres pour du « sur mesure ». On peut me contacter, me présenter son fantasme, je m’occupe de la décoration, des costumes, de faire de la publicité afin de leur trouver des partenaires partageant les mêmes désirs…. Je dois avouer que La belle au bois dormant a beaucoup de succès, la chambre ne désemplit pas, elle est réservée jusqu’en décembre par des femmes plus romantiques les unes que les autres… Elles sont au moins dix belles à se succéder sur le grand lit, et les princes font la queue si je puis dire ! J’ai remarqué que les gens se lâchaient plus, s’amusaient mieux quand il s’agit d’un jeu de rôle. Ils n’ont pas peur du jugement de l’autre : la belle au bois dormant se coule dans son rôle, emploie un langage châtié, le prince s’adapte, s’incline, se montre galant. Les costumes aident bien pour jouer un rôle, je vous ai vu faire des effets de cape, ne niez pas ! Chez Les trois petits cochons ça se chamaille, ça chahute, ça rigole… Bon, je n’ai pas adapté tous les contes, on m’a déjà demandé La belle et la bête, j’hésite quand même…. J’ai aussi un grand grenier pour des orgies d’importance, on met en scène Les 12 princesses, vous connaissez le conte ? Elles dansent toutes les nuits avec 12 princes… Chez nous, les danses sont très rapprochées ! Et emmêlées !
    Philippe sourit devant l’imagination de la patronne, toutes ces princesses coquines défilent dans ces pensées. Il feuillète le catalogue pensivement. Un scénario attire son attention. 
    — Et Les fées, quel est le thème déjà ?
    — Il s’agit de deux sœurs là aussi, une gentille, et une méchante… Chez moi, c’est plutôt une fille timide avec une fille ardente et passionnée…. Je vous sens tenté, vous voulez réserver ? Attention, l’une des filles se montre vraiment volcanique !
    — Oui, je réserve sans hésiter ! Et vous madame, quel est votre fantasme ?
    — Moi ? fait la tenancière surprise. 
    — Oui !
    — Je suis très gourmande, je joue Hansel et Gretel, j’ai une pièce pleine de friandises où j’organise des goûters, et je finis toujours par croquer mes invités, je les goûte du bout des lèvres, les lèche, les dévore, les hommes, les femmes, mmmm je les déguste tous ! Venez donc un soir ! Vous êtes mon invité…
    Philippe bat en retraite, elle lui fait peur avec son œil gourmand et ses dents pointues.
    — Merci, un jour sûrement, pour l’instant, je m’intéresse aux deux fées…
    — C’est noté, dans huit jours vous serez entre les griffes de ce duo de choc ! Ne vous inquiétez pas, elles ne sont pas branchées bdsm, ce sont deux libertines à l’état pur, elles aiment partager un homme, tout en s’aimant l’une l’autre aussi, vous allez vous régaler ! Enfin, celles du lundi en tout cas…. Ah, vous avez choisi le mardi ? Je ne me souviens plus, vous aurez la surprise ! Le scénario dans les grandes lignes est le même… Ah excusez-moi, mon téléphone vibre, j’ai un message… 
    — Je vous en prie ! C’est peut-être urgent…
    — Oh c’est le prince charmant de la belle qui a un empêchement, elle va être si déçue la pauvrette, elle s’était inscrite pour deux princes charmant, ses besoins de tendresses sont immenses !
    Philippe repose aussitôt son blouson, déterminé.
    — J’y retourne, je ne vais pas l’abandonner à son triste sort et son sommeil éternel ! Ma couronne, ma cape, et je vole à son secours pour l’éveiller d’un baiser.
    La tenancière rit.
    — Volez, volez, mon cher, elle n’attend que vous !
356403    Philippe court dans les escaliers, indifférent à tout, ses pensées tournées vers d’espiègles yeux noisette. Dans sa hâte de retrouver la princesse, il ne réalise pas que le décor change à mesure qu’il avance, les murs se couvrent de dorures, de miroirs et de tableaux anciens, l’escalier s’agrandit, devient monumental, les murs s’écartent. Il arrive enfin, la chambre est plus somptueuse encore que dans son souvenir et la princesse plus ravissante que jamais. Il effleure ses lèvres avec douceur et la belle ouvre les yeux.
    — Mon prince, vous vous êtes longtemps fait attendre.
    Foudroyé par l’éclat de ses yeux, il tombe amoureux sur le champ.
    — Je suis là à présent et je ne vous quitterai plus jamais. Voulez-vous m’épouser ?
    Les mots sont sortis tout seuls, spontanément, il n’a pas su les retenir, et s’en réjouit, le cœur envahi d’une douce chaleur. La jeune fille acquiesce en souriant, sans montrer le moindre étonnement. Il l’emporte dans ses bras tandis que tout le château s’éveille. Gardes, serviteurs, pages, cuisiniers, musiciens, tous s’affairent et préparent le mariage de leur princesse enfin éveillée d’un baiser.

Maléfique 2
  Cachée derrière la tenture des rideaux, drappée dans une longue cape noire, la patronne sourit. Elle couve la princesse et son prince d’un regard attendri. Elle se tient droite, garde une immobilité de statue, majestueuse et superbe. Ses longues cornes dressées au-dessus de sa tête ne laissent aucun doute sur sa véritable nature. Elle sourit pourtant, s’amuse de son tour de passe-passe. Elle n’est pas là pour semer la désolation, mais pour exaucer des voeux ! Et réaliser ses fantasmes c’est bien, mais les vivre pour toujours c’est mieux encore… Alors, Maléfique veut bien jouer les bonnes fées à l’occasion, tant pis pour sa réputation !

 The end
    En me relisant, je trouve que cela fait beaucoup d’allers et retours dans les escaliers ;-), j’aurais dû appeler mon conte  » Va et vient » !

    Photos : film Maléfique

12 commentaires

  1. Tibo a écrit :

    Bonjour Clarissa, j’adore ce conte des contes; son atmosphère onirique et ses entrelacs de réalités. J’aime la tension érotique née de la conversation. Et la bienveillance de Maléfique, à qui l’on serait très tenté, et inquiet aussi! d’offrir son corps.
    Très talentueuse auteure!
    Bravo, Tibo

    1. Clarissa a écrit :

      Merci Thibo, je suis super contente que ma nouvelle vous ait plu ! J’aime beaucoup mêler la réalité et des touches de fantastique, en saupoudrant le tout d’érotisme… Maléfique est très tentante, je suis bien d’accord plus complexe qu’il n’y paraît… elle a envie de plaire, d’être aimée en fait ! Gare à ceux qui s’y risquent… mais ceci est une autre histoire !

  2. Christian kiss a écrit :

    joli texte érotico-policé

  3. Léo a écrit :

    J’adore les contes subversifs… »il était une fois » et puis ça dérape, et c’est si bien écrit sous votre plume. C’est la fin qui est plus délicate… »ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais après tout pourquoi pas…

  4. goffaux a écrit :

    Oui en plus quel talent cela m’a fait plaisir de vous lire….
    Merci…
    Nicole

    1. Clarissa a écrit :

      Un retour qui me fait plaisir ! Et m’encourage à continuer d’écrire

      1. Clarissa a écrit :

        Merci Léo ! Oui, j’aurais dû trouver une fin plus « grinçante », c’est plus drôle… il faut détourner les contes jusqu’au bout !

      2. Clarissa a écrit :

        Merci Christian !

  5. Clarissa a écrit :

    Merci Bleue ! Tu me fais plaisir ! Bisous aussi ..

    1. Clarissa a écrit :

      Merci beaucoup Nicole ! Je me suis amusée à les détourner, j’aime beaucoup les contes de fées

  6. goffaux a écrit :

    Merveilleusement bien tourné sur ces contes que la majorité des gens connaissent
    Bravo à vous

  7. Bleue a écrit :

    A nouveau très réussi ! J’adore . Bisous.

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