J’ai tenu mon journal de déménagement, pour m’aider à tenir bon ! Je ne l’ai pas publié au fil de l’eau, ce blog se voulant léger, insouciant, imaginaire, et érotique avant tout… J’écrivais mes pensées pour moi, me reconforter, me soulager, passer à autre chose… Ce billet est donc resté dans mes « brouillons », à part deux ou trois épisodes que j’ai postés à part. Je le publie discrètement aujourd’hui, pour moi, en souvenir, en espérant qu’il passe inaperçu ^^
Deux mois pour vider une maison de famille âgée de 150 ans, peut-être même un peu plus… je me souviendrai toujours de cet été 2023. Un été douloureux, émouvant, éprouvant.
Je remercie infiniement mon amie qui m’a invitée à plusieurs reprises pour me changer les idées, et tous les amis que j’ai croisés ! Ils n’imaginent pas le bien qu’ils m’ont fait… Sans compter toutes les personnes qui se sont mobilisées pour m’aider, allant souvent bien au-delà de leur mission initiale, je n’y serais pas arrivée sans eux. Reconnaissance éternelle !
Début juillet
Fouiller dans une maison de famille, c’est remonter le temps, découvrir de nouvelles strates d’objets en tous genres qui révèlent l’évolution des loisirs au fil des decennies :
Il y a tout le fatras technologiques des années 90-2000 : vieux téléphones à clapet ou clavier, ordinateurs hors d’âge, imprimantes, fils et chargeurs en pagaille, stations météo, GPS de voitures, disques durs… des DVD et des CD aussi.
Celui de des décennies précédentes : appareils photos, chaînes hifi (avec lecteurs de cassettes ^^), radios, téléphones avec fils…
Quand on remonte encore dans le temps, au fond des placards, on tombe sur les loisirs des années 70 et d’avant : collection de timbres, disques vinyles, cassettes audio, cartes à jouer (la passion des grands-mères pour les « patiences », albums photos emplis de mariages d’inconnus, et de bébés qui doivent être grands-parents, machine à écrire des années 50 ou 60 (joie), boites de coutures pleines de boutons à rabord, pour des chemises et des manteaux disparus depuis longtemps, des diapositives… des tonnes de diapositives !
Il y a ce goût pour le linge de maison qui me stupéfie : des draps brodés d’initiales inconnues, des serviettes de table de toutes tailles, dont de minuscules pour le tea time, des napperons brodés en pagaille… s’empilent à l’infini dans des armoires grandes comme une pièce d’un appartement parisien. Autre grande passion : la vaisselle ! Les placards regorgent de couverts pour toutes les occasions : fourchettes à gâteaux, à escargot, à entremets, à poisson, et d’autres inconnues (pour ne citer que les fourchettes, du côté des cuillers, c’est pire). Il y a aussi d’immenses soupières, des sauciers, des beurriers, services à cafés en veux tu en voilà , avec leur sucrier, leur petit pot à lait, leur cafetière… Beaucoup d’argenterie noircie par le temps, il y a belle lurette que le petit personnel ne la frotte plus. J’ai surpris ma grand-mère et grande tante un jour très affairées dans la cuisine : toute l’argenterie était déballée et étalée pour être nettoyée par leur femme de ménage, pour rien, car elle fut ensuite soigneusement remballée. Je me suis jurée du haut de mes quelques années de ne jamais m’infliger une corvée inutile pareille !
Une passion aussi pour les bibelots, dans la première moitié du 20e je pense : boîtes en argent, en coquillages, animaux et personnages naïfs en porcelaine, bougeoirs, cendriers…
Plus loin encore, enfouis profondément, se trouvent les loisirs du début du siècle dernier, et même de la fin du 19e , démontrant l’omniprésence de la religion : des missels pour toutes les occasions (souvent neufs encore, ça me fait sourire, ils n’ont pas été souvent ouverts), des chapelets en pagaille, des médailles religieuses de tous les pays, des images pieuses, des croix avec le corps du christ nu et souffrant qui s’étale complaisamment sur des croix de toutes tailles (avec le petit symbole pirate à ses pieds : un crane et deux tibias croisés). — Ce goût louche pour le martyre et les supplices m’a toujours paru suspect.
De la papeterie, des kits de correspondance : papier ultra fin spécial « avion », des cartes bristol (pour les messages rapides, façon SMS d’autrefois), du papier carbone pour « copier »…
Bizarrement, plus rien au-delà des années 2005 ou presque : tous nos loisirs se concentrent dans nos ordinateurs et nos téléphones : nous y avons nos films et séries, notre musique, des jeux, l’appareil photo, les albums photos, etc… notre vie est devenue virtuelle, désencombrée.
Un seul loisir traverse le temps et se porte comme un charme aujourd’hui encore : la lecture ! Dans les bibliothèques, coexistent des livres du 19e à aujourd’hui, dans tous les genres et tous les formats, témoignages des goûts éclectiques des vacanciers de passage. J’ai ajouté ma patte moi aussi, avec quelques livres SF !
Le goût de la décoration intérieure s’est effiloché, les napperons et serviettes à thé sont passées de mode, de même les chandeliers, les coupelles de toutes tailles pour tous les usages.
Au centre de la bibliothèque, trône, flambant neuve et inutile, l’encyclopedia universalis, témoin d’un temps révolu, acquise juste avant internet, trop tard. RIP les encyclopédies , Quid, Chroniques du monde, etc…
Sinon, dans une maison, on a de la place ! J’ai compté plusieurs fers à repasser, dont un très ancien, toujours dans sa boîte vintage, séchoirs à cheveux, dont un tout chromé..
Les meubles Ikea ne nous survivront pas, nos enfants n’auront rien à trier, tout sera à jeter alors qu’il a fallu détruire à la hâche des armoires centenaire et bicentenaires dont personnne ne veut plus. Et ceux qui les voulaient n’ont pas assez de hauteur de plafond. Triste cet abattage de bois ancien, je n’ai gardé qu’une immense clef rouilée.
Date indéterminée
Je ne fais rien, à part respirer l’air du temps, écouter la maison qui me murmure des secrets quand j’ouvre ses placards. Il y a des boites pleines de lettres, des cartes postales qui ne me sont pas adressées, je me sens indiscrète en les lisant, des images de communion dans des livres. Et encore et toujours de la techno inutiles à foison : cassettes audio, appareils photos, y compris polaroïd, des réveils à l’infini… Parfois j’ai envie de tout bazarder, et parfois je veux tout garder.
Sans date
Au fond du garage, une vaste caisse en bois, emplie de rouleaux de papiers peints en trop. Et en dessous, des dossiers bien cachés. Toute l’histoire de la famille sur plusieurs générations, depuis la guerre (la seconde). Des secrets de famille se devinent à travers des courriers de grandes tantes, des comptes-rendus de jugement, des lettres d’avocats, notaires, de srelevés de banques antiques tapés à la machine. Je manque de temps, je jette tout ce qui ressemble à de la comptabilité, des factures… je ne garde que les lettres, pour tenter de démêler l’écheveau des secrets et reconstruire le puzzle des événements qui ont secoué plusieurs générations. Evidemment, personne ne m’a jamais rien raconté, le goût du secret était fort dans la famille, mais le goût de l’archivage aussi ! (mêle si je n’ai pas retrouvé LE carton que j’espérais)
Sans date
J’ai toujours soupçonné ma mère d’avoir jeté le carton que j’avais fait enfant, lors d’un déménagement. Je me souvenais du contenu de ce carton : des poupées, et surtout la poupée qui me servait de doudou.
J’ai cultivé à son encontre une petite rancune amusée, jusqu’à aujourd’hui, car je viens de retrouver le fameux carton ! Toutes mes poupées sont bien là, y compris celle qui a tant compté et à laquelle j’ai souvent pensé. Elle a très mal supporté le séjour dans le garage, hop, direction la poubelle direct ! Mais je suis contente d’avoir le fin mot de l’histoire et savoir ce qu’il est advenu du carton de mon enfance. J’avais cherché et interrogé la famille en vain pendant des années. (les déménagements ! il y a souvent un moment de panique où on dépose tout n’importe où n’importe comment, et des cartons tombent dans l’oubli dans les maisons pleine de cachettes.
Sans date
Au départ, s’interroger longuement sur chaque objet : va-t-on le garder ? Pourquoi ? Quels souvenirs évoque-t-il ? Rêvasser, se replonger dans l’ambiance de l’enfance…
Et puis, il s’agit d’accéler, le temps file. Emballer n’importe quoi pour le garder pieusement (les décos de Noël ^^), et donner, trop, regretter… Arrêter de donner, et regretter aussi.
Le passé nous encombre, nous retient, nous cloue sur place. Il s’agit de couper ce dernier cordon ombilical : les objets du passé.
12 août : vider une maison
La famille passe d’abord, choisit tout ce qui lui plaît, suivie du commissaire priseur ensuite qui prend ce qui a de la valeur. Le brocanteur passe en dernier, il s’empare de ce qui l’intéresse parmi tout ce qui a été délaissé. Je lui montre un petit vase abandonné : et lui ?
– Il est ébréché, il fera partie du départ final ; tout ce qui n’a pas été choisi, donné, vendu, récupéré… direction la déchetterie
Mon cœur se serre en pensant à ce vase cassé dont personne ne veut, hop, je le récupère et le met avec le tas des objets à garder en souvenir.
– Quoi s’exclame l’homme, tu ne vas pas garder ce vase quand même, il est fendu, ses couleurs sont passées, il est tout moche… on en a donné de bien plus beaux
– Oui mais celui-là personne n’en veut, il est destiné à la casse, alors tu comprends…
L’homme lève les yeux au ciel, non, il ne ccomprend pas. Les sauvetages d’escargots perdus, passe encore, mais les sauvetages d’objets, c’est la goutte d’eau ! Je n’ose dire que ce vase a sans doute fait la joie de quelqu’un un jour (il s’agit d’un vase typique offert lors des mariages autrefois) et s’il est usé, c’est parce qu’il a servi, quand les autres dormaient dans les buffets.
Penaude, je me dépêche de l’emballer dans du papier bulle, ni vu ni connu. C’était le dernier objet ancien encore accroché à la maison, avec ses dorures passées. Hop maintenant dans ma valise, et bientôt dans ma chambre, dernier vestige d’une maison bien remplie.
Sans date
La valse des déménageurs, brocanteurs, comissaires priseurs qui envahissent les lieux, bruyants, à l’aise, comme chez eux… je ne suis plus chez moi, déjà… tous ces inconnus pour qui la maison n’est rien, et qui pourtant ont souvent des mots gentils et flatteurs pour la maison et ses objets.
Je suis absente à moi-même, j’agis et je réponds comme une automate, mais je suis touchée par leurs paroles. Ce sont des gens qui aiment les objets anciens, ils me racontent leur provenance, leur histoire, et je n’ai plus envie de les leur confier. Mais c’est trop tard, j’ai donné mon accord.
Que des hommes, et moi je les dirige tous ; cela me fait sourire parfois.
Date indéterminée
Carton après carton, la maison se vide peu à peu, avec réticence. Chaque carton arraché du sol est un défi (ils sont lestés avec des livres), chaque tableau décroché du mur résiste de toute la force de son clou rouillé… Le brocanteur est déjà venu quatre fois, et c’est loin d’être fini.
Sans date
Au début, je tiens mon cahier de déménagement scrupuleusement : chaque carton est dûment détaillé, livre par livre, et occupe à lui seul deux pages du dit cahier. Les derniers cartons sont seulement numérotés, et dans mon cahier j’écris « divers ».
Sans date – beaucoup d’objets sauvés
Le commisaire priseur, qui me demande s’il peut choisir quelques livres d’art.
– Bien sur ! Tous ces livres vont partir, j’ai déjà choisis ceux que je garde (une bonne quarantaine de cartons)
Je suis contente de lui faire plaisir, et que quelqu’un puisse encore s’intéresser à ces grands livres illustrés souvent en noir et blanc.
On m’appelle, une dame âgée se tient devant le portail où j’ai déposé un pannier à linge sale que je n’ai pas eu le coeur à jeter ; il a encore fière allure. La dame n’ose pas le prendre, elle se pose des questions.
– vous le donnez, vraiment ?
– oui, mais il n’est pas impécable, regardez, il y a une pointe de rouille, là
– il est parfait pour moi ! C’est tout à fait ce que je cherchais !
La dame toute contente s’en va en serrant son pannier contre son coeur.
Cette belle jeune fille décidée, croisée dans la rue en remontant chez moi, portant dans ses bras ma table basse seventies, métal et verre, que je viens de mettre devant le portail aussi. Je me demande qui a pris l’autre table ? C’était une paire, à mettre de chaque côté d’un canapé, et les voilà séparées.
Cette autre dame, venue sauver de la casse un immense vaisselier (plus personne n’en veut, ni ne possède la hauteur sous plafond nécessaire). Je suis contente qu’il soit sauvé ! (d’autres meubles n’ont pas eu cette chance et ont été fracassés en mille morceaux car nous n’avons pas réussi à les faire adopter. Je suis sortie prendre un café pour ne pas vivre ça… « ils étaient bien attaqués par des vrillettes » m’a dit le brocanteur à mon retour pour me consoler. )
La dame avise les rideaux sur le sol.
– Ne me dites pas que vous les jetez ?
– Hélas si…
Elle tate le tissus, s’extasie, tout est cousu sur mesure, matelassé… et nous voilà toutes les deux en train de décrocher tous les rideaux de la maison, qui malgré leur demi-siècle ont gardé leurs couleurs intactes.
Elle me raconte qu’elle adore coudre, elle va faire des heureuses !
Nous oublions deux rideaux… elle ne peut revenir à temps, je me résouds à les mettre à côté de la grande poubelle de ville. Je repasse une heure plus tard, les rideaux oubliés sont déjà partis, adoptés par un ou une inconnue. Joie !
Un ami que j’aime beaucoup, fou de musique, trie les disques retrouvés au fin fond du garage : des 33 tours ! Il déniche des perles, des enregistrements dont il rêvait… j’espère que les disques vont faire entendre leur voix, après des décennies dans un placard, au côté de livres de poches qui eux ont pris cher !
Sa joie, son émotion, sont contagieuses ! L’un des meilleurs moments de ces drôles de vacances.
21 août : La cave
Me voilà toute seule dans la maison vide… 99 % du travail accompli, je vais enfin pouvoir me prélasser ! Voire songer à rentrer… Mais c’est finalement le dernier pour cent qui est le plus pénible et le plus laborieux, et dont on ne voit jamais la fin.
Oh, on a complètement oublié la cave ! Il faut dire qu’elle est bien camouflée, et personne ne s’y risque depuis des lustres. On y entre par une trappe du garage qui s’ouvre à l’aide d’une manivelle. Je vais y jeter un coup d’oeil, en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas grand chose.
Hop, je manœuvre la manivelle, la trappe se soulève avec réticence, lourde, retenue par mille toiles d’araignées… Un film d’horreur se déroule dans ma tête, cette scène vue cent fois dans les films et les séries : le méchant invite l’héroïne à descendre les marches d’une cave et referme violemment la trappe sur elle, l’enterrant vivante.
Personne ne cherche à m’emprisonner, enfin je crois, mais j’imagine déjà la lourde trappe refuser de se maintenir en place, le mécanisme grippé se relâchant soudain. Dans un fracas épouvantable, la trappe s’abat sur le sol et m’enferme, alors que je suis en train d’explorer la cave avec mon téléphone. Vlam !
Je suis seule, personne ne s’inquiètera de mon sort avant plusieurs jours. Il me faudra cohabiter avec des araignées, dans le noir, une fois mon téléphone en panne de batterie, ayant cherché en vain du réseau.. Je vais m’arracher les ongles à tenter de soulever cette trappe plus lourde que moi, m’user la voix à crier de toutes mes forces, mais vu l’épaisseur des murs, c’est perdu d’avance…
Tout ce scénario catastrophe jaillit en un millième de seconde et me fait reculer.
Tant pis pour la cave, elle restera intacte, emplie de coffres aux trésors jusqu’au plafond peut-être, mais plus vraisemblablement de vieilles bouteilles de vin périmées.
– Au moins, je ne serais pas morte de soif, mais d’ivresse.
22 août
Ces objets qui passent du tas « à garder », au tas « à donner », pour finalement attérir au dernier moment dans un carton de souvenirs qui dormira quelques temps dans un garde-meubles. Ils surgiront un beau jour à la lumière, et je me dirai : mais pourquoi diable ai-je gardé ces bidules ?
Sinon, dernier carton en cours : ma valise !
23 août : La cave, épisode 2 (ce thriller !)
Un chevalier servant (enfin, son équivalent des temps modernes : un bricoleur costaud) vient à mon secours pour examiner la cave oubliée. Je retiens la trappe traîtresse et il s’aventure avec son téléphone le long de l’escalier où des araignées vivaient en paix….
Il s’exclame :
– Des caisses en bois du sol au plafond !
Je m’alarme un instant avant de respirer : elles sont vides. Le long des murs, des étagères où s’alignent des bouteilles de vin passé, et tout au fond, un coffret en métal rouillé que mon bricoleur peine à remonter tant il pèse.
– On fait moitié-moitié ? fait-il avec un clin d’œil
– Tope-là !
Il s’acharne longuement sur la serrure rouillée, pendant que nous bâtissons des châteaux en Espagne : il évoque des Louis d’or ; j’imagine des lettres jaunies, des photographies sépia, des histoires d’amour malheureuses et des secrets de famille…
La clef finit par tourner dans un grincement sinistre. Suspense, nous retenons notre souffle !
Rien… La boîte est vide, malgré son poids d’enclume.
Adieu Louis d’or ou secrets révélés ; c’était bon de rêver et c’est encore mieux de rire de nous-mêmes et de nos espoirs déçus !
24 août
Ce loupé ! J’ai confié à l’homme une boîte pleine de clefs anciennes que je trouvais jolies… qui s’avèrent être les clefs des meubles en route vers leur nouveau destin. Flûte, trop tard, les clefs sont déjà parisiennes.
25 août
La maison m’a fait part de sa contrariété tout au long de mon séjour. Elle qui s’était toujours montrée placide, à part une tuile ou deux envolée un jour de tempête, s’est déchaînée cet été pour me prouver sa désapprobation (ou bien c’est moi qui lui prête des intensions et me suis montrée attentive au moindre signe ) :
– La chaudière s’est cramée, suicidée en direct sous mes yeux ébahis
– L’électricité a disjoncté trois fois
– Des ampoules ont grillé
– Le tintement de la pendule que les déménageurs emportent
– Dégât des eaux dans la cuisine, le soir de la veille de mon départ
– Portes et fenêtres qui claquent
– La serrure s’est montrée de plus en plus capricieuse au fil des jours, la clef à carrément refuser de tourner au moment du départ.
Et puis la maison s’est rendue. Elle a perdu son parfum que j’aimais tant, elle n’était plus qu’une coquille vide, tous souvenirs disparus, fantômes évanouis en fumée. Je l’ai fermée en pleurant. C’était fini.
***
Maintenant je tourne la page, je me tourne vers Paris et les plaisirs de la rentrée !
« Monsieur mon passé, laissez-moi passer » disait ma mère en agitant la main pour faire fuir les fantômes et les pensées nostalgiques. Je vais faire pareil !
Enfin, essayer… car à chaque fois que je déballe un objet ramené du passé, je le hume, et je retrouve le parfum de ma maison. Envie de tous les emballer dans des sacs plastiques pour tenter de capturer leur odeur ! Finalement, non, je ne les ai pas rapportés pour les enterrer, hop, ils se dispersent dans l’appartement déjà bien encombré, une nouvelle vie commence, pour eux comme pour moi.