La Bananeraie ! Une soirée de jeux BDSM entre amis que j’aime beaucoup, qui existe depuis plusieurs années maintenant. Elle se déroulait jusque tout récemment dans de vastes appartements, et à présent, elle déploie ses ailes face au succès grandissant et au bouche-à-oreille. Le 29 mai dernier, elle apparaît en pleine lumière en s’associant à la Master Squat et investit ce soir pour la première fois un nouveau lieu, sans se départir de sa marque de fabrique : des jeux BDSM avant tout, une soirée qui reste privée (pas la peine de chercher sur Shotgun ou dans les events publics), où se rassemblent les amis et les amis d’amis. Une soirée qui continue de cultiver le goût du secret, tout en s’exposant de plus en plus ; un côté paradoxal qui me parle 😉
La soirée commence devant chez moi, un ami a la gentillesse de passer me prendre – un grand merci à lui, car je suis chargée, et l’orage menace d’éclater. Durant le trop court trajet – ce n’est pas loin – il me raconte ses dernières frasques et folies. Je bois ses paroles et me régale de ses photos. J’espère qu’il écrira ses mémoires un jour.
Nous arrivons déjà.
L’organisateur nous accueille en pyjama jaune assorti au thème de la soirée, qui contraste avec nos tenues fetish noires ; j’adore ! Le ton est donné 😊, on n’est pas là pour se prendre au sérieux ! Nous lui tendons nos bouteilles qui alimenteront le bar et je lui remets aussi pour sourire des bananes de belle taille. (ça peut servir, on ne sait jamais)
J’enlève ma robe longue et je suis prête avec ma mini jupe et un mini top en wetlook ; il fait déjà chaud. J’aime les soirées d’été, on s’habille léger ! Je n’ai pas prévu mes bracelets de poignet qui me servent de porte-monnaie, c’est open bar ce soir, et je me demande où mettre mon ticket. Dans mes chaussures ?
— Un peu risqué, tu risques de le perdre si tu croises un fétichiste des pieds, relève un ami.
Il a raison, ce sera donc dans mon décolleté ! Plus tard, piquée par le carton pointu au plus tendre de ma chair (masochiste, mais pas trop en fait 😉 ), je le confierai à un ami.
La Bananeraie a vu grand cette fois et investit un très chouette lieu avec de faux airs de squat ou d’atelier, un club de jazz, abondamment décoré de photos d’anciennes Bananeraies – amusant de repérer des copains et copines en action ^^ – , et d’images humoristiques à base de bananes fetish.
L’entrée où se trouve le vestiaire mène directement au bar, où un ami s’évertue à abreuver tous les nombreux assoiffés qui s’y pressent – il fait chaud ! Il gère la foule comme s’il avait tenu un bar toute sa vie :
— Suivaaant !!
Au-delà, on entre dans la salle principale, pour danser et s’amuser, une grande pièce suréquipée de cages, croix de St André, pilori, et d’un tripode où un shibariste s’active déjà. La moquette au sol me surprend ; ce sera drôle pour danser…
Deux super DJ que je connais bien se relèvent aux platines, ils attaquent direct pour lancer la soirée avec le meilleur des années 80 : Depeche mode, Cure… l’envie me démange de danser direct aussi, mais c’est encore le temps des bavardages et l’heure de gloire du bar.
Je visite les lieux de fond en comble, et découvre des cachettes et des passages secrets pour ceux et celles qui recherchent plus d’intimité : un couloir tamisé sur le côté avec son alcôve, et au fond de la grande salle, derrière un rideau, un escalier qui mène au 7e ciel 😉 : un coin chill avec des coussins, et puis au fond, une autre pièce mansardée. Plusieurs matelas s’offrent innocemment à d’éventuels ébats. Un banc à fessée trône dans un coin pour rappeler le thème principal de la soirée : BDSM !
Je me frotte les mains, impatiente, je sens que l’on va bien s’amuser…
Les participants arrivent en masse, et la température monte, dans tous les sens du terme ! Je me félicite d’avoir pris mon éventail Dèmonia, souvenir des soirées de la première heure ; je fais des envieux. Bonne fille, j’évente mes amis à l’occasion, et surtout je fais attention à ne pas le perdre, il est est collector ! J’envie celles qui ont pensé à relever leurs cheveux, c’est la fournaise dans ma nuque, mon cou.
Je me réjouis de revoir des amis que je n’ai pas vus depuis très longtemps, avant le Covid peut-être (c’est fou ce Covid : je raisonne encore en terme d’avant / après, comme une guerre), ainsi que mes autres amis de soirées. Je m’attarde auprès de l’une, de l’autre… Je passe un moment divin avec une amie qui se reconnaîtra. – Trop bon ces amis et amies avec qui on peut déraper, le temps d’un mini jeu, sans obligation ni conséquence, avant de se retrouver happée par d’autres.
Il y a aussi ce soumis que j’aime bien ; je sais qu’il a l’habitude de partir tôt, pas de temps à perdre si je veux en profiter ! Nous faisons les choses dans le désordre, afin de nous approprier l’alcôve du couloir, miraculeusement libre pour l’instant. Il est déjà à moitié nu, ça tombe bien, avec simplement un string fetish, seyant avec ses lanières qui s’entrecroisent sur ses reins.
Il prévoit toujours plusieurs d’accessoires qu’il s’empresse de me remettre : paddle, martinet, pinces… Je m’amuse avec lui de plein de façons ; par exemple, j’étudie attentivement la différence entre son martinet et le mien. Le sien a de très longs brins, je commence à avoir envie de le goûter sur ma peau, tandis que je le fouette affectueusement, une fesse, puis l’autre.
Soudain, un éclairage cru inonde notre abri et me fait cligner des yeux : un caméraman !
— ça vous dérange, si je vous filme ?
Mon côté pudique et mon côté exhib se battent au-dessus de ma tête.
— Heu, c’est pour diffuser où ?
— C’est juste pour les participants de la soirée, les organisateurs.
— D’accord alors !
Je perds un peu en spontanéité, je m’applique, recherchant le côté esthétique du cuir rouge qui s’abat sur ce joli corps pale. Cela me manque de ne plus parler à mon soumis, ni le provoquer… mais le caméraman repart filmer ailleurs, et nous retrouvons notre naturel et nos taquineries. Il reviendra au moment de l’after care, mais là je lui dirai que cela me gêne un peu qu’il filme nos hugs ; on pourrait se méprendre sur nos intentions !
Des amis viennent me saluer régulièrement, ils passent leur tête dans notre chambre, engagent la conversation… On finit par s’extraire de notre bulle pour les rejoindre et trinquer avec eux.
Je réclame à mon soumis un massage des pieds afin de siroter agréablement mon perrier, ça me manquerait sinon. Ça tombe bien, une place se libère sur le canapé de la grande salle. J’adore ces moments : boire pendant qu’on chouchoute mes pieds, regarder ce qui se passe tout autour, être prise par la musique (des tubes toujours, mes pieds ont la bougeotte, hésitant entre le plaisir du massage et celui de la danse). Le spectacle est partout dans la salle, j’admire longuement cette dominatrice que je revois avec joie : elle danse en maniant ses martinets. Elle sautille, légère, virevolte sur la pointe des pieds, en rythme avec la musique. Une très jolie chorégraphie !
Mon soumis du moment s’incline, il préfère partir, il meurt de chaud. Je le libère, compréhensive. J’ai chaud moi aussi, mais j’apprécie cette atmosphère d’étuve, j’aime avoir bien chaud après ces longs mois d’hiver. Je résiste à l’envie d’enlever mon top pour me promener en simple jupette et soutien-gorge, mais la soirée n’est pas encore assez avancée. (Finalement, ça ne sera pas la peine, la soirée trouvera un équilibre entre ceux qui partent tôt et ceux qui arrivent tard, et nous respirerons à notre aise, la ventilation faisant aussi son office)
Je m’aventure à l’étage, on m’a promis un massage. Mais entre les mains moites de mon masseur et ma peau moite, ça « accroche », et nous interrompons vite l’expérience. Non loin de nous, les matelas accueillent d’émouvantes étreintes, je ne peux m’empêcher de regarder discrètement avant de redescendre, curieuse des surprises que me réserve la soirée.
Un dominant ! Nos échanges réveillent mon côté switch et me donne envie de basculer. Il n’a point l’air trop brute, et je frétille en me remettant entre ses mains. Je le suis à l’étage, afin explorer quelques pratiques, en mode « découverte », le guidant subtilement vers mes préférences – que vous n’ignorez pas, si vous me suivez… Il est bien équipé en jouets en tous genres. Mon préféré, c’est une griffe qu’il promène lentement partout sur ma peau, et me procure des sensations délicates, entre chatouilles et griffures. Je me tortille, tâchant d’apprivoiser mes sensations, et d’accepter d’aller plus loin sans me dérober, pour les éprouver pleinement. Je sens ce dominant vraiment attentif, à mon écoute, et je fais un peu ma souminatrice, suggérant ci ou ça, et demandant « moins fort » surtout 😉. Il est bientôt attiré par le groupe qui s’amuse sur le lit ; il se verrait bien en meneur de jeu ou chef d’orchestre je crois. Je suis curieuse moi aussi, mais l’appel de l’aventure est le plus fort, je redescends.
Je navigue entre différents groupes d’amis, papillonnant ici ou là, hésitant à m’engager dans un nouveau jeu qui va m’engloutir et abolir le temps… Ce plaisir de retrouver de belles amies, en particulier cette créature fetish irrésistible avec sa cagoule à couettes !
Mon ami qui m’a emmenée me propose de me raccompagner ; il va partir. Il n’est pas encore très tard (pour moi 😉), mais j’avoue que son carrosse me tente, et je ne serai pas en cendres demain au repas de famille comme ça… Une amie vient tout juste d’arriver, je retiens un mouvement de regret en l’embrassant. Je suis déjà devant le vestiaire, prête à plaider ma cause car je n’ai pas récupéré mon ticket, confié plus tôt à un ami. Mais il apparaît soudain devant moi, à temps pour me le rendre !
Nous sortons dans la nuit tiède, le ciel s’est calmé après avoir lâché seulement trois gouttes de pluie. Nous rentrons en faisant mille projets, avant de nous séparer, enchantés l’un de l’autre et de la soirée.
Merci chers organisateur pour cette belle parenthèse pleine de jeux et de joies !