Le nu au masculin

  
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    Il y a quelques semaines, je suis allée voir une exposition au Musée d’Orsay : « Masculin / masculin, l’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours ».
    J’ai été trop paresseuse ou occupée pour vous raconter (et peut-être aussi un peu déçue par le choix d’un classement thématique des oeuvres, déroutant pour le visiteur, mélangeant des peintures contemporaines et classiques. La plupart des hommes nus se montraient aussi trop effiminés pour me plaire vraiment.)
    J’y repense souvent depuis. La beauté masculine, celle qui nous remue, fait battre notre coeur plus vite, nous rend moites de partout… Pas celle des acteurs américains, beaux et glacés comme des statues grecques. Mais la beauté de nos hommes à nous, qui partagent notre lit, notre vie, notre salle de bain, et dont nous entrevoyons régulièrement la nudité et la beauté.  
    Le mien ne sait pas qu’il est beau. Il ne me croit pas. Ou fait semblant pour m’entendre le lui dire encore et encore (de mes yeux et de mes mains…)
   
Flandrin,_Hippolyte_(1805-1864)_-_Jeune_homme_nu_assis___1855_-_Louvre    Il déambule souvent nu devant moi, l’air de rien, désinvolte, affairé, négligeant son pouvoir, l’effet qu’il me fait à chaque fois, qui me cloue sur place et m’attache à ses formes, ses courbes, ses gestes. Il me semble alors que les rôles s’inversent. L’homme devient l’objet de ma convoitise et de mes regards, et moi, la femme, je me perds dans sa contemplation et le désir qu’il fait naître.  
    Avant lui, je ne prêtais pas attention aux corps des hommes. Je regardais leurs yeux, leurs sourires, leurs bras nus l’été quand ils mettaient des chemisettes et frôlaient mon bras nu aussi en réunion (m’enflammant au passage et me faisant perdre tous mes moyens). Avec lui j’ai regardé tout le reste. Ses yeux sont verts comme un lagon du pacifique, son sourire rayonnant. Et pourtant, mon regard descend, inexorablement attiré par son corps. Ses épaules rondes et musclées, son poitrail velu où j’ai tout de suite envie d’enfouir mes doigts, ses pectoraux saillant discrètement, si fermes… Plus bas, on entre dans un monde de douceur avec son ventre couvert de poils dorés et doux, un ventre qu’il malmène souvent, dont il se plaint, mécontent de sa prétendue mollesse, tandis que je me réjouis d’avoir enfin un peu de chair à palper, tâter, et pas seulement sa musculature d’acier. Il pourrait être même plus dodu encore pour être vraiment à point et à mon goût. Plus loin, sa toison s’épaissit, devient rousse, et accueille le plus beau sexe d’homme qui soit. Si joli au repos, déjà tentant ; magnifique dressé, conquérant, oscillant à ma recherche.
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    Je regarde aussi ses longues jambes musclées aux poils bouclés, ses fesses fermes et rebondies à la fois… Je n’avais jamais regardé les fesses des hommes avant lui. À présent, je m’y complais et l’admire sans vergogne à la moindre occasion, le regard fixe. Je n’oublie pas de regarder son dos sculpté par la natation, ses muscles rouler sous la peau, un dos immense que je n’ai jamais fini de caresser et d’explorer. J’aime ses quelques rondeurs disséminées juste là où il faut, mes mains sont attirées irrésistiblement, vont se poser sur ses hanches, sur sa nuque, caresser tout ce qui passe à leur portée…
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    Il s’échappe, me fuit, se dérobe d’une pirouette, rit de plaisir devant mon émoi. Le temps presse. Il doit partir, me laissant dans le silence et le manque. Je me secoue et me console. Je vais regarder d’autres hommes, dans la rue, dans le métro. Mais ils ne seront jamais aussi beaux. Ni nus.

    Pour aller plus loin à la découverte de la nudité masculine :
Présentation de l’exposition « L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours » du Musée d’Orsay fin 2013 : ici
Un article d’Isabelle Grégor, intitulé « En tenue d’Adam », dans la revue historique herodote.net :

   Toutes les peintures illustrant ce billet étaient exposées lors de l’exposition. Dans l’ordre :
– Mercure, de Pierre et Gilles
– Patrocle, de Jacques-Louis David
– Jeune homme nu assis, d’Hyppolite Flandrin
– La roue de la fortune, d’Edward Burne-Jones


8 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Merci Juju ! Le corps des hommes… je pourrais écrire des pages et des pages !

    1. Clarissa a écrit :

      Merci Lise pour tes confidences ! Nous sommes deux gourmandes, jamais rassasiées du corps de nos hommes

      1. Clarissa a écrit :

        Merci Julie ! Oui, tu as raison, il y avait juste un des trois footballers de Pierre et Gilles qui avait un soupçon d’érection…

      2. Clarissa a écrit :

        Cher Dormeur, vous me faites rire ! Je suis certaine que vous êtes bien plus beau et viril que ce jeune éphèbe …

  2. LeDormeurDuVol a écrit :

    Sur la première photo j’ai cru que c’était moi sortant du bain… sauf que je n’ai pas un bonnet à ailes et un tire-bouchon géant.

  3. Julie Derussy a écrit :

    Tu en fais une belle amoureuse… L’expo, je suis allée la voir avec des amis, et on s’est fait cette réflexion : pour une expo sur le nu masculin, ça manque singulièrement d’érections…

  4. Lise Félini a écrit :

    J’ai beaucoup aimé cette déclaration (la date de publication serait-elle une coïncidence ?…). Je me suis sentie proche des sensations que tu décris (Mis à part, le fait que j’ai toujours regardé le cul des hommes…). Le corps du Doux Homme est aussi un régal des yeux, de la bouche et des mains…
    Je t’embrasse Clarissa

  5. juju051 a écrit :

    Très belle ode à ton homme. Un plaisir pour moi de te lire.

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