Filles de joie, de Kiyoko Murata

Filles de joie
  
    Je reviens sur ma fascination pour les maisons closes – pourquoi un tel intérêt, je ne sais pas trop, sans doute en raison de l’une de mes phobies, l’enfermement, mais aussi pour tous leurs aspects contrastés : les relations tarifées, l’ambiance « entre filles », le huit-clos, la dolence et la violence, la variété des clients, des plus pervers aux plus inoffensifs, l’oisiveté et la frénésie… –
    Après avoir bien exploré les maisons Françaises du XIXe et leur avoir consacré deux nouvelles parues dans Les mystères du Chabanais co-écrit avec Vagant (ne passons pas à côté d’un petite pub au passage 😉 ), je voyage et m’intéresse aux mystères du pays du soleil levant. L’univers Japonais me plait beaucoup depuis toujours, l’esthétisme, le raffinement, les cerisiers en fleurs, les sabres, le shibari, les geishas…  J’ai bien envie d’y emmener mes personnages un jour ! La première chose à faire, se documenter :
    Je viens de terminer Filles de joie, un roman sur les maisons closes au Japon, début XXe. Ce livre est d’ailleurs plus un « docu fiction » qu’un véritable roman, tant l’auteure a eu à cœur de nous parler de tout ce qui compose le quotidien des prostituées à l’époque. En fil rouge, l’obligation d’apprendre à lire et écrire aux demoiselles. Il s’agit de pouvoir donner rendez-vous à ses amants ! Mais on n’apprend pas à lire et écrire impunément.  Et c’est ainsi que l’esprit vint aux filles… sous la houlette d’une super prof, bienveillante et bonne conseillère.
    Mon propos ici n’est pas de résumer le livre, ni même de vous donner mon ressenti de lectrice (je ne fais plus de chroniques de livres), mais de recenser les pratiques qui m’ont intriguée, par exemples : 
    – Les filles vont au bain ensemble, ce sont des moments de complicité féminine, elles rencontrent des prostituées d’autres maisons, échangent sur les usages de leurs maisons respectives, apprennent à se défendre….
    – Elles sont vendues très jeunes par leurs parents, trop pauvres pour subvenir à leurs besoins. Elles sont vierges, et sont « explorées » par les doigts d’un tenancier dès leur arrivée. Elles doivent ensuite travailler jusqu’à ce que leur « dette » soit remboursée, mais souvent, les pères reviennent, alourdissent encore cette dette, pour obtenir de l’argent à nouveau. Cela conduit certaines filles à « travailler » au delà du raisonnable, à se mettre en danger, dans l’espoir d’être libérées plus vite. En plus, toutes leurs dépenses (kimonos, maquillage, sandales, cigarettes…) se rajoutent à leur dette initiale.
    – Tomber enceinte est redouté, pas de moyens de contraception d’après ce livre-là, si cela leur arrive, elles sont invitées à ne pas garder l’enfant ou à l’abandonner dès sa naissance, mais difficile de lutter contre l’instinct maternel.
    – Elles savent retenir le sang de leur règles grâce à leurs muscles internes, et ne le libèrent qu’en allant aux toilettes. Ce qui leur sert aussi dans l’art d’aimer (mais le livre manque de « détails »). Elles aiment bien ces jours de « soie rouge », car c’est le seul moment où elles sont en congé.
    – Les prostituées les plus modestes attrapent des cals aux fesses à force d’être allongées sous le poids des hommes, sur des matelas trop fins.
    – Elles se font épiler le sexe à la pince, ouille, la mode est au sexe complètement nu.
    – Les domestiques garçons servent de cobayes pour les exercices pratiques, lors des « leçons de techniques sexuelles ». Yes !
    J’imagine déjà une histoire entre une nouvelle recrue et un jeune domestique : ils sont obligés de faire l’amour devant la professeure et toutes les autres filles, mais bing, coup de foudre quand même, jouissances, et tout… Ensuite, ils chercheront à se revoir par tous les moyens, à fuir ensemble peut-être ; mais entre temps, la jeune fille connaîtra des clients, le jeune homme sera sollicité pour aimer d’autres débutantes sous les yeux de sa bien-aimée, ils souffriront beaucoup, avant le happy end final.

3 commentaires

  1. juliederussy a écrit :

    Allez hop, au travail !

  2. Clarissa a écrit :

    Merci Valéry ! Voilà qui m’encourage Je me sens un peu « juste » encore sur le contexte, l’histoire… mais c’est tentant… Il faudra que mes personnages soient majeurs quand même si je veux me lâcher un peu …

  3. Valéry K a écrit :

    Bon. On attend donc que tu écrives le roman suggéré dans la dernière partie de ton article (du moins, moi j’attends).

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