Journal intime des vacances

Journal des petits rien en vacances, et surtout de mes cafés du matin, légèrement fantasmés… (feuilleton paru au jour le jour sur Facebook 😉 )

 

    Mardi 2 août

*Aventures ferroviaires, le retour *

L’un des plaisirs des voyages en train, c’est de prendre un café dans la voiture bar en regardant défiler le paysage, et cette fois, j’avoue, tout en lorgnant sur mon voisin d’en face.

J’adore son look, avec ses boucles d’oreilles, ses chaînes autour du cou, ses longs cheveux bouclés… La conversation s’engage naturellement, comme cela arrive souvent entre inconnus dans le train : on parle des vacances, de voyage, de Paris… il me demande où je sors le week-end et j’avance prudemment sur ce terrain, j’évoque les soirées gothiques. Lui préfère les soirées techno, « mais un bon concert de métal ça le fait de temps en temps ! j’aime surtout les soirées techno un peu kinky, comme la Démonia, je ne sais pas si tu connais  » Là j’ouvre des grands yeux ! Le hasard est taquin de nous mettre en présence l’un de l’autre ! Il connaît la Monarch aussi, la Squat, et je lui apprend l’existence de la Kink me, de la Hell’O Kinky…

Nous échangeons nos coordonnées et nous promettons de nous faire signe si on découvre une soirée selon nos goûts sur notre lieu de vacances : une soirée techno, fetish, queer… c’est pas gagné par ici ; rendez vous à la rentrée plutôt !

 

Mercredi 3 août

*Vacances, premier jour*

Je vide ma valise avec satisfaction, trop bien organisée, j’ai tout prêvu, une dizaine de tee-shirt, autant de jupes et de robes.. tout pour survivre en bord de mer !
… sauf les maillots de bain, glarg ! et à ma connaissance, les plages de Biarritz ne sont toujours pas naturistes, bon ben shopping du coup !

Mais d’abord, un petit café ! J’ai mes habitudes dans cette ville que je connais par coeur !

Le cœur battant, je me dirige vers mon café préféré du matin, à l’entrée des halles, avec vue sur l’animation des stands (ici photographié le soir, j’ai oublié de prendre une photo du jour). Acoudée au comptoir pour passer ma commande, je repère tout de suite mon beau serveur aux yeux verts lagon. Il me fait un grand sourire :
– oh ça fait longtemps ! vous habitez où déjà ?
– Paris, mais je viens souvent, et là, je reste presque tout le mois d’août !
– super !
Et toujours son sourire sexy 😛
Il disparaît déjà, happé par dix clients qui jouent des coudes et l’interpellent ; c’est presque l’heure de l’apéro…
On se revoit demain pour poursuivre nos échanges !
– en discutant une minute tous les jours avec lui, en combien de temps aurais-je un rendez-vous ? 😉

Le soir, entre un concert de rock sur la grande plage, et un guitariste romantique près du kiosque à musique, l’église a ouvert grand ses portes et s’illumine de mille bougies. Une vierge kitch entourée de guirlandes lumineuses trône sur le parvis. De jeunes religieuses sorties d’on ne sait où invitent les touristes à entrer. Une gentille dame de la paroisse vend des goodies : des chapelets en plastique, des médailles en fer blanc… elle me propose de piocher dans un panier une parole du christ.
– Je vous la rends après ?
– Non, elle est à vous pour toujours !
J’adore l’exaltation candide des croyants !
J’allume ma bougie, je lis la parole du christ, mystérieuse et énigmatique, avant de retrouver l’agitation de la place et mon mignon guitariste.

Jeudi 4 août

2022-08-04 11

Ce matin, mon beau serveur souriant aux yeux verts :
– Bonjour ! qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?
Un ange passe… Je reste sans voix, tandis qu’un flot d’idées et d’images envahissent mes pensées, des fantasmes les plus romantiques aux plus torrides… – Tant de choses me feraient plaisir, s’il savait !
Je voudrais trouver quelque chose de spirituel à dire, un sous-entendu, une allusion, une parole fine, un peu leste peut-être… mais je m’entends prononcer machinalement :
– Un café s’il vous plaît !
Et il me sert le breuvage des dieux avec son sourire radieux.
Je l’emporte comme si c’était le saint Graal et me pose en terrasse pour regarder le ballet des touristes, les laisser me chatouiller agréablement les oreilles de leurs dialectes de tous les pays du monde… – Bon, surtout l’Espagnol, si chantant !
Il me semble que j’avance sur le long et tortueux chemin de la séduction ou de l’amitié… 😉 à pas menus, mais quand même ^^. Apparemment, 11h, c’est le coup de feu, ce n’est pas le moment idéal pour lier connaissance, il faudrait que j’arrive tôt… demain ! 😋

 

Samedi 7 août

* Suite de mes aventures au café du marché * l’action progresse dramatiquement

Déception ce matin, mon serveur aux yeux verts n’est pas là, je rebrousse chemin, je vais me choisir un autre café… J’erre un peu dans le quartier, avant de me raviser, on ne sait jamais.

Je me félicite d’être revenue sur mes pas, il rejoint tout juste le comptoir au moment où je m’y accoude.

– J’étais en pause, on arrive pile en même temps ! Tu vas bien ?

Je note qu’il me tutoie ; ça me fait plaisir ! – En même temps, on entre dans la « friend zone » ; bientôt, il ne sera plus un inconnu, tout sera plus compliqué ^^

On échange force sourires et regards (je me fais sans doute des idées, et je romance un peu, je ne suis pas autrice érotique pour rien ^^), avant que je me décide à quitter le comptoir pour m’assoir en terrasse et observer l’animation du marché. Les souvenirs et les bijoux ont laissé la place aux produits du terroir ; c’est encore plus sympa !

Mon serveur est trop occupé quand je repasse déposer ma tasse, je m’éloigne à regret, flânant entre les stands, sans réussir à quitter les lieux, encore sur ma faim. Et soudain je le vois, il descend l’escalier sous le marché les bras chargés de cartons de livraison vides, pour les mettre au recyclage sans doute (dans la vraie vie c’est toujours moins romantique que dans les films ^^). Il ne devrait pas tarder à réapparaître. Je me poste en toute discrétion devant le stand le plus proche pour le guetter tout en ayant l’air occupée – flûte, c’est de la layette pour bébé, et des lunettes de soleil pour les tous petits… tant pis !

Il remonte les marches et je m’avance vers lui l’air de rien, pour que l’on se percute comme dans les films.

– Oh… je viens de déposer ma tasse !

Il me remercie, et joint le geste à la parole avec une amicale pression de ses doigts sur mon bras nu.
Décharge électrique dans tout mon corps !
On se dit à demain… c’est presque un rendez-vous, non ?

(Photo prise ce matin, avec mon nouveau chapeau, spécialement acheté pour aller au marché et prendre des cafés !)

Mardi 9 août

* Chroniques matinales du soir *

Ce matin, mon serveur me fait un grand sourire en me voyant et se rapproche de moi aussitôt :

– Un café ?
(Nous avons déjà nos petites habitudes comme un vieux couple ^^)

Je minaude et désigne mon voisin.
– Ce monsieur était là avant moi je crois !

Je sais bien que je suis la chouchoute, mais quand même, ça me gêne de griller toute la file

Je n’ai pas beaucoup de temps, mon serveur est attendu, réclamé, j’essaie de bavarder à toute vitesse dans le peu de temps qui m’est imparti, pas simple pour une timide comme moi… tous les sujets de l’été y passent : les plages, la météo… Je suis un peu confuse de le monopoliser, vu l’affluence autour de moi. Tant pis ! Je passe outre les règles élémentaires de politesse, et poursuis mon bavardage avec des confidences.
– Ah tiens, ce midi, je vais pique-niquer sur la grande plage…
– Oh c’est sympa ! bon pique-nique alors !
Je voudrais préciser : j’y serai à 13h tapantes, tout à gauche de la plage, sur le terre-plein où il y a souvent des sculptures de sable… Mais je reste muette…
Fichue timidité… ou le plaisir de prolonger ce jeu délicieux du chat et de la souris toutes les vacances ?

Mercredi 10 août

* Je poursuis ma romance estivale personnelle à pas menus ^^*

Ce matin, nous franchissons un cap au café du marché : le serveur aux yeux verts me demande mon prénom !

Je m’interroge, vais-je lui donner le prénom de la sage mère de famille en vacances ou le prénom de l’auteure érotique, fêtarde et dominatrice à ses heures…

– Clarissa !
Ma réponse à fusé toute seule, avant que je ne prenne le temps de peser le pour et le contre. J’ai choisi ma facette coquine, les dés sont jetés !

(Je sais aussi son prénom maintenant, mais je préfère garder le secret. )

J’emporte mon café comme un trophée, contente de moi sans raison, et m’installe en terrasse avec mon cahier. Mon serveur vient me faire signe. Plongé dans mes écrits, je ne le remarque pas tout de suite ; pourvu qu’il n’ait pas vu que j’écrivais sur lui !

Vendredi 12 août

À force de ruses – arriver à chaque fois à des heures différente -, je connais l’horaire de pause de mon serveur ! Ce matin, j’arrive deux minutes avant sa pause, et m’accoude au comptoir, genre j’ai tout mon temps. Il arrive droit vers moi, tout sourires.

– Je t’offre un café ? C’est l’heure de ma pause, me propose-t-il.
Je joue les étonnées, et le suis avec entrain, dans un autre café…

( Bon, ça, c’est dans les comédies romantiques ! Dans la réalité, je n’ai aucune idée de son heure de pause, et nous bavardons amicalement sur les touristes, la canicule… tout en nous dévorant des yeux… )

Au moment de repartir, je me lance :
– Tu viens au feu d’artifice lundi ?
– Oui, on y va ensemble si tu veux ?

(Et maintenant, la triste réalité
– Heu, vous êtes ouverts le 15 août ?
– Oui, tous les jours !
– D’accord, je viendrai prendre un café, comme tous les jours, j’aime bien, pour démarrer la journée…
– Avec plaisir !

Je savoure son « avec plaisir », et me promets de lui parler du feu d’artifices… lundi sans faute ! ou même avant, qui sait)

Samedi 13 août

Petit déception ce matin, mon serveur préféré n’est pas derrière le comptoir.

Ah, je le vois ! Il s’affaire en terrasse… — comment affiner mes techniques d’approches si ça change tout le temps ! — On prend le temps d’échanger quelques mots, et il me dit « à demain ! », en me pressant affectueusement le bras, ou en tapotant mon épaule, je ne sais plus, je viens de décoller comme une fusée, direction les confins de la galaxie… une caresse purement amicale, sans équivoque, mais qui produit quand même son petit effet…

Dimanche 14 août

Il pleut ! Je décide de rester assise devant comptoir. Certes, il y a des parasols pour protéger les clients en terrasse, mais j’ai envie d’observer l’animation du bar, le ballet des clients et des serveurs, et bien sûr, de le regarder lui, du coin de l’œil… Mon voisin commande deux cafés, je l’aborde avec amusement (c’est tellement plus facile de parler à des inconnus !)

– petite nuit ?
– oui, j’ai dormi 1h seulement, j’étais avec des amis espagnols, ils savent faire la fête !
– J’aimerais bien faire la fête moi aussi ! Demain, au feu d’artifice…
– S’il a lieu ! fait mon serveur, pessimiste.

Ce serait le moment de proposer, sur le ton de la plaisanterie «on y va ensemble ?», mais je reste muette… il faut dire que l’on est cernés de toutes parts de clients et d’autres serveurs qui nous regardent d’un air goguenard et ne perdent rien de nos échanges. (là je suis peut-être un peu parano ^^)…

Je remarque la citation au-dessus du bar et lui demande :
– je peux la photographier ? C’est pour un ami qui aime le rugby…
– Oui, bien sûr !

Je mitraille ; j’essaie de le capter lui, en réalité… sans trop de succès, tant il court pour servir tout le monde…

Mon café est terminé, je traîne toujours au bar, attendant je ne sais quoi… je vais peut-être prendre un nouveau café, ou un mojito, histoire de faire voler en éclats toutes mes barrières !

Samedi 27 août

Vous êtes quelques-uns à me demander des nouvelles de mon crush des vacances, alias le serveur du café où je dégustais mon expresso du matin, cette potion magique pour bien démarrer la journée ! (ça me fait plaisir, je n’imaginais pas que mon feuilleton à l’eau de rose intéresserait)

(C’est vrai, j’ai arrêté de raconter au bout de quelques jours…
Les vacances m’ont happée, je me suis perdue quelque part entre le marchand de glaces et l’océan, avant de devoir changer de province… )

J’ai tenté plusieurs tactiques, galvanisée par vos encouragements :

– Je lui ai envoyé un message subliminal en portant mon collier affichant cette insolente proposition : «bisou». (mais il n’a rien remarqué, il faut dire qu’il aurait fallu qu’il scrute mon décolleté de près ^^)

– Une amie m’a conseillé de feindre le désintérêt, et de manquer à l’appel un jour ou deux, histoire de vérifier s’il s’aperçoit de ma disparition et se réjouit de ma réapparition ! (Je n’ai pas réussi à analyser froidement ses réactions, tant j’étais contente de revenir . Ce qui est sûr c’est que moi je me suis réjouie de le revoir ! )

– J’ai tenté de dragouiller mon voisin de comptoir, pour le titiller. Mon voisin commandait une chocolatine, et on a plaisanté sur la fameuse bataille des mots entre pain au chocolat et chocolatine.

Il s’amusait parfois à me rendre trop de monnaie, à m’offrir mon café à moitié, mais ça me torturait, et le lendemain, je compensais par un pourboire…

Et puis le désir s’est émoussé au fil des jours, remplacé par l’amitié, et c’est très bien aussi. Moins exaltant, mais plus joyeux ! D’autres « sujets d’intérêt » ont pris le relai, mon serveur est passé au second plan… (souvent femme varie )

Mais le dernier jour des vacances, j’ai eu toutes les audaces. Le matin de la dernière chance, je lui ai remis un papier avec mon adresse mail « pour le plaisir de garder le contact ». S’il m’écrit je lui parlerai peut-être de tout ce que j’ai dit sur lui et ses yeux vert !

Maintenant, c’est fini les amours de vacances, je me tourne vers la rentrée et ses réjouissances !

 

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