Je poursuis ma série sur les kinks et fétichismes (sommaire ici), avec une pratique un peu sulfureuse, voire légèrement honteuse (ce qui ajoute à son charme 😉) : « l’age play », parfois appelée infantilisation. Il s’agit d’un jeu de rôle régressif qui permet de se replonger en enfance (pour le soumis ou la soumise), tandis que la dominatrice joue le rôle de nounou ou de maîtresse d’école – le dominant, lui, joue au « daddy ». La personne soumise aime l’abandon, régresser, se livrer entre d’autres mains, éventuellement l’humiliation ; la personne dominante aime prendre le contrôle, humilier de façon plus ou moins marquée, les punitions et les câlins, faire preuve d’autorité, éduquer, les jeux de rôles…
Selon les jeux, on peut remonter jusqu’au stade bébé : utilisation des couches, des petits pots, du talc sur les fesses, de la tétine etc…
Dans cette séance imaginaire, je me situe un peu plus tard, afin de pouvoir parler à ma « little girl ». L’occasion de retrouver Alice, la dominatrice d’Immersion.
***
Alice a l’habitude des soumis, ils abondent en soirée. Ils rampent, mielleux, des compliments sucrés plein la bouche débités sans les penser. Elle s’amuse bien avec eux : elle leur tend le bout de sa chaussure pour qu’ils la nettoient de leur langue, se moque d’eux, les tance, les martyrise de plein de façons. Rien ne leur est épargné : griffures, gifles, coups de cravache ou de martinet…
Ce soir, pour la première fois, c’est une jeune femme qui s’approche et s’agenouille devant elle. Elle lève les yeux vers Alice, des yeux plein d’espoir, brillants de malice. Alice la considère, étonnée : c’est rare qu’une femme seule s’aventure en soirée. Elle ne la reconnaît pas, sûrement une nouvelle venue dans le milieu – elle doit préférer se mettre à la disposition d’une dominatrice plutôt que d’un homme. Il faut dire que les maîtres présents ont de quoi faire peur avec leur puissante musculature et la vigueur avec laquelle ils fouettent !
Alice ne sait pas quoi faire de cette petite soumise venue se frotter contre ses jambes comme une chatte. Elle est plus à l’aise avec les hommes : ça l’excite de les maltraiter, les malmener, elle jubile de les rabaisser plus bas que terre, et les piétine allégrement, au propre comme au figuré. Elle n’a pas envie de ces jeux-là avec cette jeune fille qui semble pure et innocente – mais ne l’est certainement pas, puisqu’elles se rencontrent dans ce lieu de débauche ! Elle ne désire pas la marquer, ni la frapper… Elle rêve d’autre chose, de nouveau pour elle, qu’elle a du mal à s’avouer.
Peu à peu, ses envies se précisent, cheminent depuis son inconscient et se révèlent. Elle a envie de jouer à la poupée ! Une poupée vivante et ravissante…. C’est un peu comme du pet play finalement… Elle va d’abord discuter avec cette jeune fille, et s’assurer que leurs désirs coïncident.
— Comment t’appelles-tu ?
— Lou, Maîtresse
— Madame, je préfère ! Je ne suis la Maîtresse que d’un seul soumis, c’est déjà bien du travail et du souci.
La jeune fille éclate de rire, et entraîne Alice avec elle. Ça commence mal si elle souhaite faire preuve d’autorité, mais Alice n »en a cure, elle ne s’est jamais montrée très protocolaire. Lou, ça ressemble à un prénom de poupée, c’est bon signe ! Elle enchaîne les questions pour mieux connaître sa partenaire de jeux : a-t-elle déjà un peu d’expérience, en privé ou en soirée ? De quelle nature ?
— Aucune, Madame, c’est ma première fois !
Alice sent l’excitation la gagner. Elle se force à respirer lentement pour se calmer – elle adore les premières fois, initier… Dominatrice plutôt soft, elle aime particulièrement s’occuper des débutants, avant de passer la main quand il s’agit de passer aux choses sérieuses : le fouet, le sang… En attendant, elle va profiter de cette jeune fille venue tout droit se jeter dans ses griffes !
Avant tout, vérifier son consentement :
— Tu veux bien jouer avec moi ?
— Oui, Madame !
— Très bien… tu as des limites ?
— Je ne sais pas, puisque c’est ma première fois…
Alice devine une soumise joueuse, un brin provocatrice avec son ton impertinent. Une soumise « brat »… elle va s’amuser !
— Petite insolente ! Je vais avancer à pas de louve, n’hésite pas à me dire si quelque chose te déplaît… je souhaite que tu sois comme une poupée… ma poupée ! Tu veux bien ?
— Oui Madame, je veux bien être votre petite chienne aussi !
Lou a du répondant décidemment ! Alice sourit.
— Une chose à la fois ! C’est moi qui mène le jeu, ce sera à moi de choisir le moment venu ! Les soumis et les soumises n’imposent pas leurs fantasmes d’entrée de jeu, même s’ils peuvent les évoquer, bien sûr, nous ne sommes pas devins. Pour l’instant tu seras ma poupée vivante, ma « little », on verra plus tard pour le pet play… relève-toi, assieds-toi près de moi sur la banquette, et tourne-moi le dos.
Alice ne veut pas endurer plus longtemps son regard limpide, plein d’attente et empli de reconnaissance, il lui met trop de pression. Elle pourrait lui bander les yeux, mais ce serait dommage, une scène de flagellation se déroule au milieu de la salle. Quand on vient pour la première fois en soirée, on a envie de regarder aussi, pour frissonner en observant le supplice des autres, être excitée peut-être, en tirer des conclusions et se laisser tenter.
Alice marque aussitôt son emprise en enserrant fermement le cou de la jeune fille entre ses mains. Un cou gracile, fin, qu’elle pourrait rompre facilement. Elle sent Lou lâcher prise, la jeune fille s’appuie contre sa poitrine, en confiance. Alice s’enflamme, grisée. Elle aime tellement ce moment, quand on s’abandonne à elle ! Elle relâche la pression de ses mains, Lou prend une grande inspiration et Alice la serre contre elle pour la rassurer au cas où – c’était peut-être un peu tôt pour du breath play, même si ça n’a duré qu’un instant. Elle empoigne sa queue de cheval, ouvre la barrette ; les longs cheveux de Lou se répandent dans son dos et sur ses épaules. Des cheveux de poupée Barbie, blonds et raides, accrochant la lumière des spots et brillant comme de l’or.
Alice enferme la masse de cheveux dans sa main et tire doucement, obligeant Lou à renverser sa tête en arrière.
— Tu es toujours partante pour être ma poupée ?
— Oui, Madame !
La dominatrice sourit et s’empare d’un peigne dans son sac. Elle entreprend de coiffer sa soumise longuement, sans se presser, s’attardant sur chaque noeud. Les longs cheveux sont bientôt doux et lisses comme de la soie, ils coulent entre ses doigts comme de l’eau. Lou ne devait pas s’attendre à ça, elle doit sûrement s’ennuyer ! Mais elle se laisse faire gentiment, et Alice en profite. Elle s’amuse à lui faire des chignons qui dégringolent aussitôt, faute de pinces, des tresses éphémères… Elle retrouve des plaisirs de petite fille, quand elle jouait avec ses Barbies. Une petite fille vicieuse sous ses airs sages : elle ne pensait qu’à déshabiller ses Barbies pour voir leurs seins et leurs fesses, et les frotter nues les unes contre les autres. Des fantasmes d’attouchements entre filles où les hommes n’avaient pas leur place. D’ailleurs, elle n’avait même pas de Ken sous la main. Juste ses poupées mannequin, nues, écartelées dans toutes les positions et emmêlées. Va-t-elle retrouver ses joies d’enfant avec une poupée d’un autre genre, une poupée tout aussi blonde que sa Barbie, mais à la peau douce et tiède ? Mais il lui faudrait plusieurs poupées à emmêler et associer à sa guise… et franchir quelques années dans le jeu !
Alice se ressaisit. Lou est venue pour vivre une initiation au BDSM, être coiffée ne fait certainement pas partie de ses fantasmes. Il est temps de varier les plaisirs et lui faire goûter quelques sensations, tout en prolongeant ce délicieux jeu d’infantilisation, tout aussi nouveau pour elle que pour sa soumise. Elle assoit Lou sur ses genoux, s’amuse à la chatouiller, se réjouissant de l’entendre rire. Elle la récompense en lui glissant des bonbons dans la bouche ; sa soumise en profite pour lui lécher les doigts au passage. Alice lui fait les gros yeux.
— Tiens-toi tranquille !
Lou glousse et se tortille, imitant à merveille une fillette prise en faute, tout en se passant la langue sur les lèvres. On dirait qu’elle se réjouit d’être grondée et peut-être punie ! Elle bat des cils, provocante, et se permet même de tirer la langue. Impossible d’ignorer l’affront, Alice saisit la perche.
— On dirait que tu cherches à être punie, petite coquine !
— Oh oui Madame, punissez-moi, faites-moi tout ce que vous voulez !
— Et j’imagine que tu devines ta punition ? Que fait-on aux petites filles qui ne sont pas sages ?
— On les met au coin ?
— Non, on leur donne une fessée déculottée ! Je vais te déshabiller… tu es d’accord ?
La jeune fille opine, vibrante d’excitation.
Alice se frotte les mains, impatiente de jouer au piano sur ses petites fesses.
Elle coiffe une dernière fois Lou pour lui faire des couettes – coup de chance qu’il y ait toujours des élastiques qui traînent au fond de son sac, et la déshabille entièrement. Lou se laisse faire sagement, comme une enfant que l’on prépare pour la nuit. Alice se sent troublée de garder sa robe de cuir moulante, quand Lou s’affiche toute nue. Sa peau pâle luit faiblement et semble éclairer la tenue noire de sa dominatrice. Un contraste qui renforce leur lien bdsm. Alice résiste à l’envie de caresser la peau douce, les seins menus ; pas de jeux sexuels pour l’instant ! Ne pas tout mélanger, en particulier avec ces jeux sulfureux inspirés de l’enfance… Elle secoue la tête et chasse ses désirs déplacés. La frustration lui donne l’énergie nécessaire pour poursuivre.
— Allonge-toi sur mes genoux !
Lou s’étend de tout son long. Alice est surprise, sa soumise est plus grande qu’elle ne l’imaginait ! Elle ne voit plus que ses fesses, elles sont juste sous ses yeux, des fesses rebondies, dodues, qui appellent ses mains. Elle tapote le fessier et murmure à l’oreille de sa little girl.
— Je vais commencer doucement, et puis j’irai de plus en plus fort…
— Oui Madame, comme vous voulez !
— Tu me dis « Orange » si c’est trop fort, et « Rouge » pour arrêter, d’accord ? Et bien sûr, tu peux me confier tes réticences, ou autre, à tout moment…
— D’accord !
Son ton enthousiaste fait plaisir à entendre, Alice ne va pas la laisser se languir plus longtemps. Elle commence par flatter le fessier en douceur, des petites tapes tendres, se réjouissant de l’élasticité de la chair sous ses mains. Elle augmente la pression peu à peu, attentive aux réactions de la jeune fille : son souffle, ses gémissements, les marques sur sa peau… Alice préfère ralentir à nouveau, réservant la fessée à tout volée pour une autre fois. Elle pourrait continuer à la fesser ainsi longtemps, en douceur, tant elle aime le contact de sa peau sous sa main. Ses fesses sont aussi douces que ses joues, voilà qui change des cuirs épais et velus des soumis ! Elle est tentée un instant de l’inviter à se lever, d’utiliser ses martinets ; elle adore le mouvement des liens de cuir, les voir voler et entendre leur sifflement avant le petit bruit mat du cuir s’abattant sur la peau… mais elle regretterait de perdre le contact avec la peau de Lou, ses mains en redemandent. Et puis ses fesses ont l’air bien rouges déjà. Alice s’attendrit ; c’est assez pour une première fois. Elle termine par de douces caresses et s’amuse de sentir Lou se trémousser sous ses effleurements et étouffer de petits rires.
L’after care ! Parfois, Alice se demande si ce n’est pas ce qu’elle préfère dans le bdsm : panser les plaies, consoler, féliciter et embrasser, souffler le chaud après le froid… Elle prend une crème apaisante dans son sac et l’applique en massant le fessier endolori, tout en couvrant Lou de compliments. Il est temps de relever sa « poupée » et de la libérer ! Alice l’observe un moment, alors qu’elle se tient bien droite, nue et frémissante, sous les regards des autres participants. Elle commence à rougir, et Alice se délecte de lui infliger ce moment d’humiliation. Une humiliation légère, Lou est loin d’être la seule à montrer ses fesses ! Mais c’est la seule à s’exposer entièrement… Alice met fin à son supplice, elle la rhabille au ralenti, comme à regret : d’abord le joli haut de dentelles, puis la mini jupe en vinyle, enfin la culotte qu’elle avait noué comme un bracelet autour de son poignet.
— Je vais te coiffer une dernière fois pour refaire ta queue de cheval… voilà, la séance est terminée ! Tu as aimé ? On va débriefer un peu toutes les deux, tu veux bien ? Mais d’abord, viens dans mes bras !
Alice serre fort Lou contre sa poitrine, avant de l’embrasser sur les deux joues ; un dernier câlin pour redescendre sur terre et marquer la fin de la séance.
Alice est songeuse : qui a régressé en réalité ? Lou, qui s’est glissée dans la peau d’une fillette ? Ou elle-même, qui retrouvait ses plaisirs de petite fille, avec une poupée vivante et chaude sous ses doigts, son rêve d’enfant.
Maintenant, ses fantasmes changent de nature et exigent de franchir quelques années. Alice saisit le menton de Lou et plonge son regard dans le sien.
— On peut continuer à jouer ensemble, si tu veux ?
— Oh oui, Madame !
— Avec plaisir alors ! Changement de jeu de rôles, j’ai besoin que tu sois majeure cette fois, et toujours consentante bien sûr… je souhaite une jeune fille à pervertir, mais ayant des dispositions, d’une nature bien vicieuse…
La suite dans un prochain épisode, éventuellement 😉
Photo : Harley Quinn et ses couettes pastel
13 commentaires
Si ce récit est teinté de réel, on aurait qu’une envie être le spectateur voyeur de cette charmante complicité.
Excitant, charmant, et dénué de toute vulgarité.
Bravo
Merci pour ce retour qui me fait plaisir ! 🙂
Merci pour cette lecture! Passionnante!
Merci Salvatore !
Merci J’ai quelques idées et l’envie de l’écrire, je me suis attachée à Lou !
Merci Djo ! C’est plutôt une histoire de forniphilie que d’âge play finalement ^^
Merci !
Très joli texte ! Juste pour info, notre site qui traite de la chasteté contrôlée consensuelle, sensuelle et non vulgaire Par exemple notre relation d’un précédent Locktober https://chastete-controlee.eu/?p=92 Merci de nous donner votre avis
Merci pour votre retour et pour ce lien, je vais regarder !
Très belle histoire de poupée
Merci Djo ! 🙂
Très joli texte , on attend la suite avec impatience
Merci ! 🙂