Je recopie ici les histoires racontées sur Facebook pendant mes vacances de ski, car hélas, je suis rentrée !
J-7 : L’angoisse monte
Il semblerait que cette année l’on parte au ski ! Quelques indices l’attestent en tout cas, comme cet énorme carton remonté de la cave, débordant de polaires, doudounes, bonnets et gants dépareillés…
Je n’arrive pas à y croire, j’avais fait une croix sur ce sport de l’extrême, décidément peu fait pour moi qui suis plutôt d’humeur paresseuse et contemplative.
Je crois que je ne sais plus skier, ça fait des années… je me vois en haut du télésiège, pétrifiée, en panique devant la pente douce de la piste bleue, déjà à la traîne alors que la famille a filé comme des flèches dans le vent.
Par contre mon imagination érotique s’emballe, et tous les clichés des vacances à la neige défilent dans mes pensées !
Jour 1 : Mes petits souliers
J’entre dans un magasin de location pour louer des skis et des chaussures, et je m’assois sur un banc en attendant mon tour. Un jeune homme souriant aux bonnes joues toutes rouges s’approche de moi. (Ouf, je n’hérite pas du gars rugueux qui rudoie les malheureux clients qui tombent sur lui 😉
– Vous faites quelle pointure ?
– Le plus souvent 36, parfois 37….
Il s’accroupit et se saisit délicatement de mon pied déjà extrait de l’après-ski. Il l’évalue d’un seul coup d’œil – serait-il fétichiste ?
– Du 23 !
Je ne sais pas trop à quoi ça correspond, mais il a l’air sur de lui.
Il disparaît et revient avec une paire de chaussures de ski.
– Regardez, il y a une doublure toute moelleuse à l’intérieur, de vrais chaussons…
(Il a reconnu en moi une princesse au petit pois.)
Il est toujours à mes pieds, il ne fait pas mine de se relever, toujours souriant, pendant que je galère à glisser mon pied de cendrillon dans ce soi-disant chausson.
Un instant, je suis transportée aux goûters du divin marquis, je me retiens in extrémis de lui réclamer un massage de pieds… mais ce serait abuser, je n’ai même pas skié encore !
Jour 2 : Métamorphose
Cette fois, ça y est ! Le forfait est acheté, les skis loués, la crème solaire étalée, les gants perdus retrouvés… Il est temps d’y aller sans tergiverser plus longtemps, go !
Je m’arqueboute pour fermer les crochets de mes chaussures de ski, l’une puis l’autre, oh hisse, je dois peser de tout mon poids sur ces fichus crochets pour qu’ils daignent se fermer… J’ai une pensée pour mon vendeur aux joues rouges, il s’en était occupé dans le magasin, ça avait l’air facile… Je me demande d’ailleurs si je ne devrais pas aller le revoir car je sens mon pied un peu serré d’un côté, et ça flotte à un autre endroit.
Clic, le dernier crochet est fermé. Je suis déjà au bout de ma vie et la journée de ski n’est pas commencée !
Clac, je chausse mes skis d’un coup de talons et m’engage dans le chemin qui mène vers les pistes.
Je commence à glisser, et je me métamorphose, telle une super héroïne… Toute fatigue disparaît comme magie. J’ai dû être mordue par un flocon de neige ! Je sens un flux d’énergie circuler dans mes veines, une sorte d’électricité joyeuse et impatiente, qui se transforme en désir, un désir dévorant de glisser et m’envoler ; je désire une piste comme l’on désire un homme ! Ou une femme
Jour 3 : Tempête
Jour de tempête !
Je regarde le panneau lumineux des remontées, dépitée : tout est fermé, ou presque. Il y a juste un télésiège, mais qui mène à une noire, et un autre, qui se perd dans les brumes inconnues… Ah si, il y a ce petit tapis roulant là, qui mène à des gentilles vertes… ça fera l’affaire pour ce matin !
– Madame, vous ne pouvez pas y aller, c’est le jardin d’enfants, pour préparer le piou piou, s’amuse un moniteur prévenant passant par là.
– Ah oui, effectivement ! Flûte…
– Mais vous avez un télésiège non loin…
– Non, je n’ai pas le niveau, c’est une noire ensuite…
– Ce télésiège là s’arrête vite, vers la fin de la noire, quand ça devient du bleu… Sinon vous prenez le car, et vous arrivez dans un autre secteur qui est resté ouvert, avec des pistes sympas…
– Mouais.. Merci, mais je crois que ça va être un autre genre de piste pour moi : une raclette ! Ah il est 11h ? Bon ben l’apéro alors
– Je viendrais bien avec vous, mais je dois aider les Parisiennes égarées !
Jour 4 : Jeu de pistes
– Bon alors si tu veux rentrer, c’est super simple, tu prends ce télésiège là-bas, celui qui est derrière, tu le vois ? et puis ensuite tu pars à droite, tu descends la piste, la goulue ou la goûtue, je sais plus, et après le tunnel, tu prends tout de suite à gauche, surtout ne continues pas tout droit…. Ensuite tu descends tranquille, tu reprends le télésiège de gauche, la biquette ou le cabri, un truc comme ça, celui qui est le plus à gauche, te trompes pas, il y en a deux…. et ensuite… hey, tu m’écoutes ?
– Ouais… Je vais peut-être rester avec vous finalement, comme on dit « restons groupés »!
(Indications approximatives et farfelues, j’écoutais d’une oreille distraite )
Jour 5 : Emmêlage
Je ne sais pas comment on se débrouille, on se percute avec un inconnu au moment de s’assoir sur le télésiège, on réussit à s’assoir in extrémis avant le départ, mais nos skis s’emmêlent au lieu de se tenir sagement parallèles. On se marmonne des excuses, j’essaie de rester digne, mais je ne peux m’empêcher de considérer nos skis emmêlés qui glissent les uns contre les autres, à la faveur du balancement du télésiège.
Je me sens d’humeur joueuse, je me mets à lui faire du pied sans en avoir l’air du bout de mes skis, tout en regardant ailleurs. Il ne bronche pas, mais il me semble que ses skis bougent aussi, cherchent les miens, même s’il regarde au loin. J’imagine et je fantasme sans doute … Je me redresse comme si j’étais dans une position inconfortable, nos skis s’entrechoquent de plus belle et nous nous sourions.
Hélas, nous arrivons déjà, et je n’ai pas osé lui adresser la parole ! Nous parvenons à nous démêler non sans mal et à éviter la chute. Il me fait un sourire énigmatique et un petit signe de la main. Je ne vois pas grand-chose de son visage avec son masque de ski, mais je n’ai pas rêvé, il s’est passé quelque chose entre nos skis ! Nos chemins se séparent ; une noire pour lui, une bleue pour moi – l’histoire d’amour de nos skis était de toute façon impossible .
Jour 6 : Ce n’est qu’un au revoir
On varie les pistes tous les jours afin d’explorer tout le domaine, mais en revanche, on reste fidèle à notre cher resto en bas des pistes, avec ses super pizzas et burgers .
Seul bémol, il y a un peu d’attente, mais c’est les vacances, on en profite pour se détendre les cuisses et les doigts de pieds. Et on a de quoi se distraire : une vue imprenable sur une piste noire, parfois damée, parfois à bosses, ça nous fait un petit spectacle en attendant ; j’admire ceux qui skient avec élégance et fluidité, je souffre pour ceux qui semblent en galère, immobiles à mi piste
En ce dernier jour, un peu nostalgique, je dis au revoir à notre serveur favori (on se mettait toujours du même côté de la terrasse)
– Et voilà, c’est fini les vacances, on doit rentrer…
– Très bon retour ! Vous savez, j’ai beaucoup aimé vous servir… Si tous les clients étaient comme vous, ce serait un plaisir d’exercer ce métier ! C’est sincère…
– Moi, touchée : Oh merci !
* en pensée : il existe plein de façons de me servir, de serveur vous pourriez devenir serviteur ! *
Je garde mes réflexions pour moi, on échange mille amabilités, et on se dit à l’année prochaine, même secteur de terrasse !
(Et en plus, il y avait ce qui se rapproche le plus d’un feu de cheminée )
Jour 7 : Bilan avantages / Inconvénients
Le ski c’est fini, l’heure du bilan a sonné !
Et le bilan avantages/inconvénients des vacances au ski m’épatera toujours…
Le ski, les inconvénients :
– Je ne parle même pas des préparatifs « avant » : faire une valise avec deux tenues par jour, et un voyage interminable
– Le matin, piaffer en attendant que tout le monde soit fin prêt, harnaché, trouve ses gants, son écharpe, ses lunettes…
– L’attente au télésiège de 9h30 (et aussi ceux de 16h45)
– Les chaussures qui broient les pieds (encore que cette fois, j’ai été chouchoutée !)
– Le portage des ski (penser à emmener un soumis la prochaine fois !)
– Le vent glacé qui fouette le visage sur les télésièges
– Le champ de bosses pentu sur la soi-disant piste bleue
– Ramer, pousser sur ses bâtons en fin de piste car on a mal évalué le schuss
– Le nez qui coule, les yeux qui pleurent, les lèvres qui gercent, le bout des doigts glacé
– Soit on a froid, soit on crame, soit on voit pouic
– Son enfant en panique en milieu de piste, bleue pourtant, et qui ne veut plus avancer. Et s’il a déchaussé, l’enfer pour lui remettre les skis qui s’échinent à glisser dans la pente
– Griller au soleil en terrasse en attendant son burger qui arrive déjà froid, mais taraudés par la faim, on dévore jusqu’à la dernière frite. (je médis, cette année, on a mangé chaud )
– Les débutants et leurs grandes transversales qui ne laissent même pas une petite place sur le côté, pour passer skis serrés telle une pro ; et ceux qui foncent en frôlant vos spatules
– Le bout de chou haut comme trois pommes qui pleure à pierre fendre et appelle « maman » en plein cours ESF, il me serre le cœur. Courage petit garçon !
– Les snowboardeurs débutants à la descente des télésièges qui se vautrent direct sur vos skis
– « Je prends la bleue, et toi la rouge, on se retrouve au télésiège en bas ! » Et ils ne se retrouvèrent jamais…
– Le lutin confié par le moniteur au moment du démarrage du télésiège, et du coup s’inquiéter tout le voyage : il va passer sous la barre tant il est petit et tant il gigote
– Se paumer dans la station, stresser de rater le télésiège de 16h45
– Les jours de neige, devoir renoncer aux lunettes de soleil de star à ma vue, et mettre des lunettes avec le masque de ski au-dessus qui les incruste dans mon visage
– Le ballet des hélicoptères ou le pimpon des pompiers qui jettent soudain un froid
– Rentrer totalement HS, au bout de sa life, les joues qui cuisent et les pieds en compote… Vite, un bain chaud (mais il y a de l’attente là aussi), une raclette, et au lit !
– 4e jour, l’état des troupes se détériore : on déplore des courbatures, des orteils endoloris, un dos en compote, un coup de soleil sur un nez… La motivation reste intacte
– Un confort sommaire, promiscuité et mauvais sommeil
– Les valises à refaire au moment du départ : mais pourquoi elles ne ferment plus ? La prochaine fois, pas la peine de prendre des tenues pour sortir le soir, on n’est pas sortis
– C’est juste une semaine par an , et encore, et puis c’est loin et ruineux
– Être condamnée aux vacances scolaires des Parisiens
Le ski, les plus :
– Le plaisir de la glisse
Et pis c’est tout !