La discipline d’Arcane, de Julie-Anne de Sée

La_discipline_d_Arcane

    Je viens de terminer La discipline d’Arcane, de Julie-Anne de Sée, qui vient de paraître aux Editions Tabou.
   Je l’ai lu comme je regardais mes premiers films fantastiques enfant, les doigts masquant à moitié mes yeux, continuant malgré tout, fascinée, car c’est trop bon de frissonner, j’ai trop envie de connaître la suite, et j’aime avoir peur au fond, bien en sécurité à la maison, au chaud sous la couette.
   J’ai frémi devant les supplices et les souffrances endurées par Arcane, des souffrances qu’elle appelle de tous ses vœux, qu’elle redoute et espère en même temps. Elle a trouvé un maître à la hauteur, très doué pour les mises en scène, doté d’une imagination débordante, d’une inventivité et ingéniosité impressionnante, puisqu’il fabrique lui-même quantité d’accessoires.   
    Arcane nous raconte ses séances avec son maître, elles s’enchaînent, lancinantes, répétitives, allant crescendo, à la limite du supportable parfois. En fil rouge des séances, leur histoire d’amour se déroule, s’épanouit, avec ses doutes, ses jalousies, ses tourments, comme dans toutes les histoires d’amour. On sent l’attachement de plus en plus fort d’Arcane, l’amour hors norme qui la lie à son maître, se renforce au fil des séances, au point que le manque devient une torture de plus. L’histoire de leur relation reste néanmoins ténue, en filigrane, le récit se concentre sur la description des séances, et l’on ne sait rien de la vie privée d’Arcane en dehors de ces séances, ou très peu.
    Les pratiques qui m’ont le plus marquée ne sont pas celles qui évoquent les souffrances les plus redoutables – même si celles-ci m’ont impressionnée, comment rester insensible devant les scènes décrivant le sexe d’Arcane cousu, fermé par une barrette, ses fesses pénétrées, forcées ! Mais aussi fortes soient-elles, j’ai trouvé les pratiques privant Arcane de ses sens plus terribles encore. Régulièrement, Arcane a les yeux bandés, et son maître ne s’arrête pas là : parfois, il pose un casque sur ses oreilles, une musique forte, envahissante prive Arcane de l’ouïe en plus de la vue. J’avoue que là j’étais glacée, et vraiment admirative devant tout ce qu’Arcane est prête à supporter par amour. Elle veut se dépasser, on la sent portée par l’amour voué à son maître ; il le lui rend bien, s’occupe d’elle avec art et passion. J’ai trouvé les pratiques autour de l’étranglement très éprouvantes aussi.   
    J’ai été stupéfaite devant l’endurance d’Arcane, son masochisme, sa capacité à accepter des douleurs aussi intenses. Étonnée aussi parfois : les séances qui semblent lui avoir été les plus pénibles sont celles qui me semblent les plus « soft », comme une nuit d’insomnie où elle a souffert du froid, une séance de shibari…
    Le fait qu’elle jouisse autant, si fort, tout en souffrant, m’a aussi beaucoup surprise, moi qui ne peut jouir qu’en douceur… On perçoit l’attention de son maître à tout moment : il veille à mêler plaisir et douleur, il la fait jouir à l’aide d’un sextoy, tout en la martyrisant en même temps, et Arcane jouit comme jamais, ses orgasmes sont intenses ! Les mystères du plaisir… nous sommes toutes tellement différentes !
    Je me suis fait quand même du souci pour sa santé aussi, j’avoue : ne risque-t-on pas des séquelles à force de s’immiscer dans les fesses tant d’objets, si volumineux… Arcane se livre en confiance, son maître sait ce qu’il fait, c’est un pro, et elle jouit d’une santé de fer. Son corps se remet vite, très bien, ses orifices reprennent leur place naturelle quelque soient les sévices qu’ils ont subis – c’est à peine si elle évoque une infection à un moment donné !
    L’histoire de ce livre est un véritable roman. Un jour, une pile de lettres est arrivée chez Tabou, les lettres d’une soumise racontant ses séances, elle souhaite conserver l’anonymat. Les lettres ne sont pas publiables directement en l’état, l’éditeur confie à Julie-Anne de Sée la mission d’utiliser ce matériel exceptionnel, de réécrire quand il le faut, d’ordonner les lettres, les relier en un récit fluide.
   Tout est vrai, Arcane existe vraiment, le donjon exceptionnel où elle retrouve son maître aussi. Toutes ces séances ont eu lieu, et bien d’autres encore, qui n’ont pu être reprises faute de place.
    Le livre est déjà très épais, dense, des séances sans fin, répétitives en dépit de leur variété. Je me suis retrouvée toute étourdie à la dernière page, avec plein de questions laissées sans réponses ; l’histoire reste en suspens, laisse la place à une suite peut-être ?

    Pour vous procurer le livre :
   Les éditions Tabou
   Amazon

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