Je relis un récit écrit il y a quelques années et laissé de côté, je rajoute du consentement par ci par là, j’enlève des cris et des larmes, je rajoute aussi des préservatifs et du politiquement correct, j’édulcore. Oui, décidément, les temps ont changé en l’espace de quelques années, même si j’ai toujours eu une vision de la sexualité et du BDSM joyeuse et tournée vers le plaisir, malgré les contraintes, les jeux provoquant la frustration…
Et là, je lis « le lien », dont j’ai beaucoup entendu parler, enfin réédité par La Musardine, et je reçois une claque… un BDSM dur, hyper sexuel, astreignant, beaucoup de jouissance aussi, mais dans l’humiliation, la douleur extrême, la surenchère… Très beau texte sur l’amour hors norme qui unit une soumise et son Maître, thème fascinant, exploré aussi par Eva Delambre dans « Marquée au fers »
J’avoue qu’en tant que « Douceminatrice », mon cœur sensible supporterait mal de torturer autant les soumis qui se livrent à moi, en particulier le mien, mais je tourne les pages, fascinée par ce pouvoir que connaissent les masochistes : transcender la douleur en plaisir, et le pouvoir de l’amour fou….Vanessa Duriès explique très bien la dynamique à l’œuvre, ce qui l’attache à son maître, lui permet d’obéir à ses ordres les plus extrêmes, qui répondent à ses fantasmes.