Jeu de piste – Chap.7 Nuit Dèmonia fantasmée

Nuit Dèmonia

    Dans l’épisode précédent mon mystérieux dominant m’a fixé un défi : rester anonyme et ne pas parler à mes amis. A présent, les questionnements et les préparatifs sont terminés, il est temps de festoyer, malgré le voile couvrant mon visage !

***

    Chap.7 Nuit Dèmonia fantasmée

    Je suis la première dans la file d’attente comme souvent, et je retrouve déjà un ami, qui a l’habitude d’arriver tôt lui aussi. Je suis au supplice de ne pouvoir lui parler, d’autant plus qu’il tente de m’adresser la parole, histoire de patienter. En tout cas, il n’a pas l’air de me reconnaître, la dentelle fait son office !
    J’ai prévu une petite carte pour m’expliquer sans rompre mon voeu de silence, je la lui tends :
    « Je ne peux pas parler, ordre de mon Maître, mais je peux jouer ! »
    — C’est un peu tôt pour jouer, non ? me fait-il avec un clin d’œil.
    Je me mords les lèvres, je n’ai prévu qu’un seul carton, je n’avais pas pensé à l’attente dans la queue. J’opine du chef.
    — Peut-être nous recroiserons-nous tout à l’heure ! ajoute mon ami en jouant ostensiblement avec ses martinets.
    Je me retiens de rire. Ça m’amuse de l’entendre me faire des propositions à peine déguisées — s’il savait !
    Les portes s’ouvrent et nous nous précipitons à l’intérieur. Il a tout juste le temps de me rendre mon petit mot avant que le flot de la foule ne nous sépare. Je regrette un peu de n’avoir pu lui dire qui j’étais ; j’aurais d’ailleurs pu lui dire, après tout, la soirée n’était pas commencée… Je confie mon manteau et mon sac au vestiaire, et entre dans la grande salle. C’est un nouveau lieu, magnifique ! Je me sens comme une fantôme avec ma mantille, c’est à la fois grisant et légèrement angoissant. J’espère ne pas rester totalement invisible, ni faire peur aux gens ! Je serre mon petit sac de satin noir contre moi, la coque de mon téléphone touche mes côtes, je ne raterai pas les rappels à l’ordre de mon Maître. Est-il arrivé lui aussi ? Je tourne sur moi-même pour vérifier si quelqu’un me regarde… ça m’étonnerait qu’il soit déjà là, il est tellement tôt, il n’y a que les organisateurs, les artistes qui traînent de grosses valises derrière eux, quelques participants égarés, et sept ou huit photographes en cercle pour leur brief. Hop, un ami photographe me prend en photo au passage et s’incline pour me saluer. Petit pincement de ne pouvoir l’embrasser.
    Je m’élance pour découvrir les lieux, je croise plein d’amis, cela m’amuse de les frôler sans qu’ils ne me retiennent. Je me sens libre comme l’air malgré toutes les contraintes fixées par mon Maître du jeu. Finalement, il m’a offert du temps libre ! Sinon, je serai déjà en train de traîner avec mes amis qui envahissent les lieux en petits groupes rieurs. Là, c’est comme revivre une première fois, l’appréhension en moins ! Je les effleure, les bouscule comme par mégarde, avant de joindre les mains pour m’excuser. Je teste ma tenue ! Défi relevé, personne ne me reconnaît.
    Je me fige soudain, je me retrouve devant Karl, mon ami étranger.
    Catastrophe, je n’ai rédigé qu’un seul mot, en français. De toute façon, on ne voit rien dans le noir, avec tous les jeux de lumière. Je pourrais écrire sur mon téléphone et le lui montrer, mais je préfère ne pas le sortir. Il regarde autour de lui, il doit me chercher dans la foule. Je l’ai prévenu que j’étais à présent sous la férule d’un Maître ; il m’a répondu qu’il espérait bien me voir quand même, il venait de loin. J’ai eu des scrupules ; « ça fait partie de l’épreuve » m’avait asséné Thibault, sardonique.
    C’est le moment de jouer ! Je m’agenouille devant Karl.
    — Merci, mais j’attends quelqu’un, je la cherche…
    (in english, mais je retranscris in french)
    Je prends sa main et y dépose un baiser ; reconnaîtra-t-il mes lèvres ? Je tente le tout pour le tout, je me relève et je danse devant lui, comme on a dansé ensemble dans cette fabuleuse soirée il y a quelques mois, deux inconnus aimantés par la musique techno ! Il se dandine un peu devant moi, mais je sens que le cœur n’y est pas. Nous sommes cernés par la foule, cachés, et je me permets une entorse à la règle du jeu ; il vient de si loin ! Et j’ai envie de retrouver notre complicité ! J’écarte les pans de mon voile et plonge mes yeux dans les siens. Son visage s’éclaire.
    — Clarissa !
    Il me fait un grand sourire et ouvre grands les bras. Je me jette à son cou – j’adore les étrangers, tellement plus démonstratifs, affectueux, spontanés, que les français cyniques et sarcastiques ! J’embrasse ses bonnes joues et nous dansons comme des fous. Karl n’est ni Maître, ni soumis, il est… lui-même ! Joueur, taquin, joyeux… je m’attarde auprès de lui, j’ignore mon téléphone qui n’en finit pas de vibrer. Je sens que j’oublie le temps, emportée par le son, la danse, perdue dans les yeux et le sourire de mon ami. Je dois me secouer, le temps file à toute allure. Je me détache de lui à regrets.
    — I must go, I have to see my friends ! See you later !
    — Oh no, stay with me !
    — I come back as soon as possible !
    Je suis déjà partie, le cœur serré. Thibault a raison, je serais capable de rester toute la nuit ainsi, et passer à côté de la soirée. L’aventure m’appelle ! Je reprends du poil de la bête en fendant la foule. Je croise plein d’amis, je les laisse tranquille, je cherche mon amie venue de loin, je ne veux qu’elle ! On s’est vaguement donné rendez-vous devant le bar, et je patiente en sirotant un verre. Un inconnu attiré par mon collier tente de m’aborder, avant de déguerpir, refroidi par mon petit mot : je suis déjà prise en main !
   Je ne m’ennuie pas une seconde. Non loin devant moi, les séances bdsm s’enchaînent, et sur la scène au fond de la salle, je me régale avec les shows et les performances. Et puis j’écoute discrètement les conversations des personnes accoudées tout près de moi au bar, je capte quelques bribes malgré la musique. Ils se crient à l’oreille les confidences les plus intimes. Je suis invisible pour de bon on dirait.
   Enfin j’aperçois mon amie ! Vite, je me précipite vers elle, m’agenouille.
    — Clarissa ?
    — Oh, comment m’as-tu reconnue ?
   J’ai parlé sans réfléchir, je voudrais ravaler mes paroles, c’est la deuxième fois que j’enfreins les règles du jeu !
   Mon amie se met à rire.
    — Ton allure en courant vers moi, ta façon de m’aborder, comme si on se connaissait depuis toujours… je ne connais pas tant de personnes que ça dans cette soirée à part toi !
    Je rougis, confuse, naïve que je suis. Grillée en deux secondes ! Je lui tends mon carton un peu tardivement, mon amie le lit, un petit sourire aux lèvres.
    — Ah comme ça tu n’étais pas censée parler ! Tu mérites une petite punition il me semble ! On s’embrasse ? ça fait longtemps !
    Je me relève avec enthousiasme et tend la joue. Mais au lieu de m’embrasser, elle me mordille le cou, et je suis traversée de délicieux frissons. Voilà une bien douce punition ! Mais elle n’en n’a pas fini avec moi.
    — Je m’ennuyais un peu, je ne connais personne ! Tu vas me rendre service : aborder un soumis, et me le ramener. Choisis le beau garçon, je te fais confiance…
    Je lève des yeux étonnés ; avec mon look de soumise, je ne suis pas sûre d’intéresser le moindre soumis.
   — Je t’attends dans vingt minutes au bar, ne me déçois pas !
    Coup de chance, je tombe sur un soumis que je connais bien, légèrement switch sur les bords, et très joueur. Il me tourne le dos. Je sais comment me faire reconnaître de lui sans avoir à lui parler ! J’enfouis mes doigts dans ses cheveux et les tire un peu, avant d’embrasser son cou… Il se retourne et m’embrasse sans façon sur la dentelle couvrant mes joues. Il m’a reconnue ! Je pose un doigt sur mes lèvres et l’entraîne en le tirant par la main.
   — Où tu m’emmènes comme ça Clarissa ? Bon, je te fais confiance…
  Il dit ça, mais je sens sa main devenir moite dans la mienne.
    Je remets mon butin à mon amie, fière de lui donner un si joli soumis. Il s’incline et lui tend sa laisse.
    — Madame, mes hommages.
    Mon amie se met à rire et me fait un clin d’œil.
    — Me voilà bien, avec une soumise et un soumis ! Mais je ne sors pas si souvent, alors cette nuit se doit d’être mémorable ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous ?
    C’est une question en l’air, elle ne manque pas d’idées en réalité, et nous ne tarderons pas à gémir de concert sous ses attentions.
   — Tu es bien équipé, dis-moi pour un soumis, fait-elle en pointant du doigt le martinet rouge qu’il porte à la ceinture.
    — C’est pour vous le prêter Madame ! Je dispose aussi de menottes, ce sont les bracelets de cuir à mon poignet… et d’un foulard, c’est ma ceinture !
   — Tu es un vrai donjon ambulant à toi tout seul, pouffe mon amie.
    Elle le débarrasse prestement de tous ses accessoires et se tourne vers moi. Je me retrouve les yeux bandés, les mains menottées, et caressée par des liens de cuir. Je ne réfléchis plus, je m’abandonne entre ses mains qui me malmènent avec délicatesse. D’autres mains se joignent à celles de mon amie ; celles du soumis ? D’un inconnu passant par-là ? Mon téléphone vibre en continu, tente de me rappeler à l’ordre, mais je suis au paradis, offerte aux bon soins de ma meilleure amie et de ce soumis coquin.

    Seule l’insistance d’un photographe à immortaliser notre trio finit par me tirer de ma transe bienheureuse. Je reprends mes esprits et m’écarte. Mon amie comprend que notre séance s’achève, elle me libère en chuchotant à mon oreille.
    — On se retrouve tout à l’heure au bar ? Tu me laisse le soumis ?
    J’opine en silence et file me mêler aux danseurs en quête de nouvelles aventures, anonyme et seule dans la foule mouvante. Je pense à Thibault, qui m’a demandé de changer de partenaire à chaque vibration de mon téléphone… J’ai pas mal triché. Si jamais il m’a vue, je vais prendre cher !

à suivre

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   Dans l’un de mes prochains articles, je raconterai la vraie soirée ! Danse, shows, performances, jeux bdsm, et nos plus belles tenues fetish au programme !
 

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