Mon dernier week-end a fait revivre l’un de mes fantasmes : la soirée entre amis qui dérape. Très difficile à réaliser celui-là !
***
Ils sont une dizaine d’amis, ils se connaissent depuis les bancs de la fac, ils ne se sont pas quittés pendant des années, enchaînant les voyages, les vacances au ski, les croisières en voilier, les soirées à refaire le monde… Laurie est tombée amoureuse de tous les garçons de la bande, le leur cachant soigneusement à chaque fois, l’amitié c’est sacré et plus tabou encore que la famille ! Des amours passagères ou durables ont rejoint leur groupe, certains ont déménagé en province. Ils se sont éloignés, perdus de vue, occupés par leur carrière, des enfants… mais chaque année, ils se retrouvent quelques jours pour festoyer, ripailler, rire, évoquer le bon vieux temps, faire des projets qu’ils ne réaliseront jamais.
Cette fois, leur week-end se déroule loin, dans une grande maison isolée au fond des bois, une forêt sombre, des sapins serrés, hauts, qui ne laissent pas le moindre rayon de soleil se faufiler. Une forêt qui retentit encore des combats d’autrefois et doit abriter de nombreux fantômes, français et allemands, guerroyant pour l’éternité.
Ils se dépêchent de s’engouffrer dans la maison, tournant résolument le dos à la forêt, lui préférant la lumière du salon, son feu de cheminée, les bonnes odeurs qui s’échappent de la cuisine. Ils sont enchantés de se revoir, les rires fusent, les verres de vin circulent. Ils redeviennent les étudiants qu’ils étaient quand ils se sont connus. Les enfants ont disparu, ils explorent tous les recoins de la maison, de la cave au grenier, s’inventent déjà des histoires, on entend leurs galopades et leurs cris de joie au loin. Eux se détendent, ils comptent bien s’amuser aussi, maintenant que les petites oreilles curieuses ne sont plus dans les parages.
La nuit tombe, Laurie jette un coup d’œil à la fenêtre, la forêt s’assombrit encore, devient inquiétante, quand le salon offre un havre de paix, de chaleur et d’amitié, une île accueillante au milieu de la nature sauvage. Le feu crépite, les verres d’alcool reflètent la lumière des flammes, les langues se délient. Un premier coup de tonnerre fait sursauter les filles, les garçons éclatent de rire et jouent les courageux.
— Vous inquiétez pas, on est là, vous n’avez rien à craindre avec nous !
Un rideau de pluie s’abat sur les fenêtres, le vent souffle dans les branches, fait craquer les arbres, s’engouffre dans la cheminée, faisant ronfler le feu de plus belle. Laurie frissonne, elle se rapproche des flammes, heureuse d’être au milieu de mes amis, bien au chaud, quand l’orage se déchaîne à leur porte. Elle consulte son téléphone, un réflexe, elle ne peut s’en empêcher, malgré la présence de ses amis de toujours, elle reste connectée à ses amis virtuels qui se taquinent non stop sur Facebook, la nommant parfois au passage. Quel est leur dernier délire ? Elle ne veut rien rater… Stupeur, le wifi est en rade, et point de réseau pour prendre le relai, elle a beau le fixer, son téléphone affiche un désespérant « Aucun service ».
— On est loin de tout ici, on a internet via une parabole et le satellite, en cas de tempête, on perd la connexion … et même dès qu’il y a un nuage pour tout vous avouer !
Ils sont coupés du reste du monde. Laurie pose mon téléphone inutile dans un coin, une sensation d’oppression dans sa poitrine, vite dissoute dans les rires et les vieux Armagnac qui sortent des placards miraculeusement. L’alcool chasse ses idées noires, elle a même envie de rire : ce qu’ils vivent ressemble tout à fait à un début de film d’horreur pour ados ! Bientôt, des bruits suspects les attireront dans les étages, et ils disparaîtront les uns après les autres, assassinés sauvagement à la hache. Ce pourrait être un film érotique aussi… Sans wifi, on s’ennuie, il faut bien s’occuper, tout le monde va commencer à se déshabiller. Laurie opte pour ce scénario-là, elle laisse dériver ses pensées, ses fantasmes prennent vie dans son esprit.
***
L’alcool va légèrement troubler leur raisonnement, les blagues deviennent scabreuses, des barrières vont s’effondrer, des barrages lâcher… D’abord, coucher les enfants tant qu’on le peut encore, avant de s’affaler dans les canapés et de trinquer à nouveau.
Laurie s’écroule sur le canapé et s’étire, elle se sent fourbue après la route et les efforts fournis pour endormir les petits excités comme des puces.
— ça me ferait un bien fou un petit massage !
Aussitôt, les mains de son plus proche voisin se posent sur sa nuque, ses épaules, son dos… Laurie soupire de bien-être et s’abandonne au massage. Aux caresses plutôt. Elle s’efforce de ne pas manifester sa joie, c’est rien un massage, combien de fois se sont-ils massés les mollets douloureux en randonnée, sans la moindre ambiguïté ! Pourquoi est-ce différent cette fois ? L’alcool, la maison isolée peut-être… ce n’est pas leur première soirée bien arrosée pourtant ! Laurie se trouble, les mains ne s’occupent que de ses épaules et de son dos, mais elle ressent des picotements de plaisir dans tout son corps, et particulièrement entre ses jambes. Elle a envie de jouer avec le feu, elle tend ses mains à son autre voisin, de la façon la plus naturelle possible.
— Elles sont glacées, tu ne voudrais pas les réchauffer ?
Il prend ses mains entre les siennes, les presse doucement, souffler sur le bout de ses doigts. Il semble sur le point de les embrasser, elle sent ses lèvres l’effleurer.
La soirée est en train de basculer, d’autres filles réclament des massages elles aussi, sinon c’est pas juste. Tous les garçons sont requis et se mettent au travail en protestant pour rire.
— ça va les princesses ? La vie est belle ? Ses majestés souhaitent-elles autre chose ?
Ils plaisantent, mais les limites sont sur le point d’être franchies, ils sont sur le seuil, chacun attend, retient son souffle. Les filles ont fermé les yeux, elles attendent elles aussi, au bord de l’abîme. Les gestes en suspens, les hommes se surveillent du coin de l’œil, espérant que l’un d’eux prenne l’initiative, ouvre la voie dans laquelle ils s’engouffreront à sa suite. Ils sont amis depuis si longtemps ! L’un des garçons, plus aventureux que les autres, se lance le premier, il dépose un baiser sur une nuque offerte, trop tentante avec ses cheveux blonds follets. Ses comparses n’attendaient qu’un signe pour déraper à leur tour. Des joues roses, des décolletés, des mains, sont dévorés de baisers, des baisers légers, imperceptibles, ou appuyés, mouillés, passionnés. Des années de désir inassouvi explosent en un feu d’artifice.
Un premier couple improvisé s’allonge sur le tapis moelleux devant la cheminée, s’amusant du cliché romantique. Une peau de bête, ce serait mieux, mais on fait avec ce qu’on a ! Il est vite suivi d’un second couple, celui-là s’étreint fort, sans rire, ni même parler. Les autres, pudiques, ou recherchant plus de confort, préfèrent s’égayer dans les chambres.
Il y a un homme de plus, l’une des filles n’a pas su choisir, elle tient par la main les deux derniers garçons et s’abat sur le premier lit venu, s’offre à leurs caresses de moins en moins intimidées. Pendant que l’un la déshabille, l’embrasse, l’autre se dépêche de retirer son jeans et son tee-shirt. Il est nu, déjà en érection, il n’a plus qu’à se poser sur son amie et s’enfoncer en elle, laissant son ami se déshabiller à son tour. Il ne tarde pas à lui céder sa place, il aime regarder aussi, il se caresse à leur côté, caresse aussi son amie, sans lâcher sa verge. Il la reconnaît à peine, qu’elle est jolie, comment a-t-il pu l’ignorer si longtemps ? C’est à nouveau à lui de la prendre, son pote préfère se faire sucer, tant mieux !
Ils la posséderont tour à tour, longtemps, retardant le moment de la jouissance le plus possible, seuls au monde. Ils ne réalisent pas que les autres les ont rejoint, se caressent autour d’eux. L’une des spectatrices s’agenouille sur le lit, tend ses fesses, se laisse pénétrer sans même savoir à qui appartient le sexe qui l’emplit. De toute façon, elle les aime bien tous, elle ne veut pas quitter des yeux le trio qui danse devant elle. Comme elle est sexy sa copine, prise dans tous les sens, complètement partie dans un autre monde ! Elle la caresserait bien elle aussi, mais elle a peur d’interrompre quelque chose, de la sortir de sa transe.
Deux couples manquent à l’appel, ceux qui ont choisi le tapis devant le feu. Ils ne sont pas restés romantiques très longtemps, les filles se sont rapprochées, s’embrassent tendrement, se caressent, laissant leurs mains glisser sur leurs flancs, leurs poitrines. Elles s’émerveillent de la douceur de leurs seins, de leurs joues, tandis que les garçons les prennent fort par derrière. Ils ont envie d’échanger leur place, il se mettent d’accord silencieusement. Qui sait ce qui se passera demain, ils ouvriront les yeux, le wifi marchera à nouveau, ils n’oseront même plus évoquer ce qui s’est passé… Il faut en profiter maintenant, tant qu’ils ont tous perdus la tête !
***
Laurie ravale ses fantasmes et reprend pied avec la réalité, qui est toute autre, hélas. Des garçons ont dégainé des jeux de société, ils remplissent les verres et s’attaquent à l’explication des règles.
— On joue en équipe, l’objectif c’est de deviner des mots, à partir de références, de connotations…
Laurie dresse l’oreille, un jeu littéraire ! Voilà qui va la changer des jeux de plateau stratégiques qui ne lui apportent que du stress.
Ils joueront toute la nuit au coin du feu. C’est bon aussi l’adrénaline du jeu, piquer des fous rires, crier d’excitation et d’enthousiasme… mais elle aurait préféré des plaisirs plus sensuels.
Demain elle trouvera le courage de réclamer un massage !
Photo : Twilight
6 commentaires
J’adore !
jolie histoire …
Merci Xavier !
Merci jolie Lady !
Merci Michel ! Votre retour me fait plaisir !
Huuummm, j’adore ! Trop délicieux. Mon rêve !…
Surtout le rêve de Laurie, bien sûr.
Ah ! Quelel félicité ! … « copuler » (au sens tendre et noble du terme) dans une maison au fond des bois et au coin du feu quand le tonnerre gronde.
Oui, j’adore, vraiment. Merci à vous !