Erection

érection 140114 001

    Ceux qui espèrent un billet coquin à la gloire de la virilité masculine vont être déçus 😉 Il s’agit en fait du nom d’un spectacle que je suis allée voir hier soir ! Une surprise de mon chéri, concoctée pour sa blogueuse érotique préférée… un clin d’oeil, une soirée en amoureux, et un spectacle étonnant, surprenant, qui nous a scotchés au fond de nos fauteuils !
     Très court, 45 minutes, mais tellement intense, hypnotique, que l’on perd la notion du temps… le temps s’étire, et nous sommes là pour toujours, les yeux rivés sur l’artiste, complètement sous son emprise.
     L’homme est étendu sur le dos, dans un décor minimaliste constitué de traits lumineux.  Pendant toute la première partie, il va se contorsionner, se démener, en une incroyable chorégraphie. Plutôt des acrobaties en fait. Il va réussir à se redresser peu à peu, à force d’essayer, de trébucher, de rouler sur lui-même, jusqu’à pouvoir se déplacer à quatre pattes, comme un animal. J’ai irrésistiblement pensé à la métamorphose de Kafka, aux efforts démesurés de l’insecte pour se retourner. D’autres ont vu un bébé grandir, se mettre à ramper, marcher, hésitant et vacillant.
     L’homme se lève enfin, victorieux, et nous voilà plongés dans le noir absolu. Nous devinons qu’il se déshabille (enfin ! J’étais un peu déçue de l’avoir vu en costume toute cette première partie. Il aurait été agréable de regarder ses muscles rouler sous sa peau pendant ses contorsions…). Il va nous offrir une deuxième partie étourdissante, éblouissante, pleine d’imagination et d’innovations, à grands renforts de jeux de lumière de toutes les couleurs.
spectacles-musicaux-pierre-rigal-erection-theatre-du-rond-point-paris_1
     L’artiste joue avec la lumière en virtuose, l’utilise pour créer des effets spéciaux, semble suspendu au dessus du sol, se dédouble en projetant sa propre image sur lui-même, se déplace sans bouger grâce à un décor mouvant, comme sur un tapis volant… Le résultat est fascinant !
p153567_3

     Un seul regret, et il est de taille. La musique. Dérangeante, pénible, elle oscille entre musique de films d’horreur et film de SF expérimental, nous vrillant les tympans, nous faisant sursauter ou grincer des dents à tout moment. Je reconnais que l’artiste l’utilise à merveille, ajuste ses mouvements sur la cadence de la musique, accompagné par la lumière. 
    La musique ne réussit pas à gâcher le spectacle, mais atténue grandement notre plaisir de le regarder. Je me souviens par exemple de ces quelques minutes de crachotements de disque vinyle…  C’est la seule fausse note si je puis dire.
    Un mot enfin sur ce théatre contemporain, que je ne connaissais pas. Une programmation audacieuse et originale, un restaurant, une librairie, un bar… on s’y attarderait bien.

    Mise en scène : Aurélien Bory
    Chorégraphe : Pierre Rigal
    Pour en savoir plus sur le spectacle, et commander vos billets :
    Le théatre du Rond-Point

Photos prises sur le net

4 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    J’aurais bien aimé voir cette pièce de théâtre. La métamorphose se prête vraiment bien à des jeux de scènes et des acrobaties en tous genres, dans un silence lourd, pendant de longues minutes…. Ce devait être bien oppressant….

    1. Clarissa a écrit :

      Cher Juju, moi aussi j’aime le cirque traditionnel ! Mais je suis curieuse aussi des expérimentations contemporaines plus ou moins heureuses, qui me laissent perplexe ou m’enthousiasment ! Cela dit, là où je te rejoins, c’est que l’on peut être déçu : on s’attend à un spectacle « classique » et les artistes ont voulu innover… (je me souviens par exemple des chœurs de l’armée rouge chantant des succès français actuels pour mon plus grand déplaisir)

  2. juju051 a écrit :

    Non merci, pas pour moi. Nous avons ici notre festival d’art de la rue et franchement vraiment très peu de choses me plaisent ( même les femmes qui se dénudent en pleine rue)
    Ici nous avons également le centre national supérieur d’art du cirque ( c’est là que j’ai appris à marcher sur un fil) et les spectacles vont de plus en plus vers le contemporain alors qu’il y a une tradition ancestrale

  3. Erik Torrent a écrit :

    Comme quoi, les auteurs érotiques peuvent aussi apprécier d’autres formes d’art Merci pour ce retour. Je me souviens être allé voir la métamorphose lorsque j’étais étudiant. La mise en scène ou plutôt le jeu de scène était si marquant que je m’en rappelle comme si c’était hier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de l’auteur

Blogueuse et autrice