Quand j’ai vu la parole se libérer sur les réseaux sociaux pour dénoncer le non-respect du consentement, le harcèlement, avec le hashtag #MeToo, et #BalanceTonPorc, j’ai eu envie d’apporter ma petite pierre à l’édifice avec un témoignage. J’ai fouillé dans mes souvenirs, j’avais bien dû croiser un cuistre moi aussi dans ma vie, au moins un… Mais rien. Aucun incident n’est remonté à la surface, ou ils étaient tellement mineurs que j’aurais eu honte de les raconter après tout ce que j’ai lu. Quelques baisers volés en soirée, quelques compliments graveleux d’amis éméchés, fin de l’histoire. Rien de sérieux au travail, ni ailleurs. Je n’ai jamais été harcelée, forcée… dragouillée dans la rue à la limite, mais sans insistance (j’ai écrit un billet sur la drague de rue, je le publierai plus tard peut-être, là c’est pas le moment…)
Un jour, un garçon m’a dit que j’avais une immense tendresse pour les hommes, tous les hommes, je les aimais vraiment, j’étais toujours indulgente envers eux, compréhensive, amusée, attendrie, même par leurs défauts. Mouais, tous ne diraient pas ça je pense 😉
— C’est sans doute parce qu’aucun homme ne t’a fait souffrir. De nombreuses femmes blessées à cause des hommes ne s’en sont jamais vraiment remises, elles se montrent désormais méfiantes à l’égard de toute la gent masculine sans distinction, parfois même agressives, ce que l’on peut comprendre au regard de leur expérience.
Sur le moment, ça m’a frappée, j’ai repensé aux hommes que j’ai côtoyés dans ma vie : collègues, chefs, amis, ex… Ils n’ont pas tous été exemplaires, mais je n’atteins pas la perfection non plus de mon côté. Certains hommes dont je me suis éprise m’ont fait souffrir quand même un peu, bien sûr, ou m’ont déçue, j’ai versé quelques larmes de crocodile. Mais jamais un homme ne s’est montré agressif, insistant, irrespectueux, ou pire. Je n’ai rencontré que des hommes attentionnés, gentils, prévenants, respectueux des femmes – je me sens un peu naïve d’écrire ça, même si c’est vrai, quelques blagues de potaches et propos machos exceptés, le plus souvent pour rire, au second degré. Egoïstes tout au plus – mais plutôt moins que moi, qui bat des records en la matière.
Je ne sais pas pourquoi j’ai été épargnée comme ça, comment je suis passée « entre les gouttes ». J’ai eu une enfance et une adolescence surprotégée, mais ensuite je me suis retrouvée dans le grand bain comme tout le monde…
Je trouve que j’ai beaucoup de chance quand je lis les témoignages qui fleurissent sur les réseaux sociaux. J’ai tellement de peine pour mes amies les filles, je suis triste qu’elles aient connu des épisodes de violence, d’irrespect, qu’elles se soient senties blessées, salies, et même coupables parfois, alors que c’est l’homme qui dépassait les bornes, les maltraitaient. Je voudrais les serrer toutes très fort dans mes bras et les réconforter, et dire deux mots à ceux qui se sont si mal comportés, les ont fait souffrir, au point qu’elles n’ont jamais pu oublier, et que ces souvenirs les hantent des années.
Je n’ai jamais croisé ces malotrus, mais j’ai lu vos récits, écouté vos confidences, et je suis de tout coeur avec vous les filles, je suis contente que votre parole se libère ouvertement, que vous ne gardiez pas tout « ça » pour vous, car c’est tellement lourd à porter ! J’espère que cela vous soulagera, vous aidera à dépasser ce que vous avez subi, et j’espère aussi que les garçons prendront conscience du mal qu’ils vous ont fait, qu’ils ne recommenceront plus. Car je crois qu’il y a plus de bêtise que de méchanceté chez certains ; si on leur montre qu’on est blessée, triste, ils devraient réaliser leur cuistrerie, se sentir tout penauds, et faire des efforts pour s’amender. – Pour certains irréductibles et pour les actes impardonnables, la justice doit prendre le relais.
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