Eve de Candaulie est une jeune femme pleine d’appétits, de joie de vivre, et qui déborde d’énergie. Et elle a une chance incroyable ! Son mari est candauliste… Il l’accompagne dans ses désirs les plus fous, les devance même puisqu’il lui organise des séjours, des soirées, et recrute des amants qui lui plairont. Il connaît ses goûts et veille à ce que tout soit parfait ! Un véritable maître de cérémonie, entièrement dévoué à sa jolie épouse… (Ça fait rêver !). Eve de Candaulie lui dédie ce livre qui réunit ses souvenirs libertins les plus mémorables.
Chaque chapitre est comme un tableau, avec à chaque fois un nouveau décor, une mise en scène, une ambiance particulière et recherchée, qui booste l’imaginaire et les fantasmes. Des hommes, inconnus ou amis, s’empressent autour d’Eva, la reine de la soirée, déesse primitive de l’amour qui s’offre et reçoit.
Je me souviens de très belles scènes de sexe dans les coulisses d’un théâtre par exemple, tard le soir, une fois la pièce terminée et les spectateurs partis. Un autre récit raconte les virées au sein d’une caserne des pompiers. Des pompiers beaux, jeunes et musclés, prêts à tout pour combler cette jolie jeune femme qui leur tombe dans les bras. Il y a aussi cette très belle scène dans un décor plus glauque, un sous-sol de magasin dans un quartier animé de Paris. On devine la tension de l’interdit, la crainte d’être surpris, l’inconfort du sol nu ou presque…
J’ai aimé surtout les séjours de l’héroïne et de son mari en Italie. Les plaisirs gourmands se mêlent aux plaisirs sensuels, on sent la chaleur de l’été, l’alanguissement des vacances, l’alternance des siestes et des ébats torrides… Des moments et des rencontres magiques, qui hantent l’auteure longtemps après son retour en France.
Au fil des récits, nous apprenons à mieux connaître l’héroïne, qui devient peu à peu comme une amie, une confidente, qui nous chuchote ses aventures coquines au creux de l’oreille. Le livre s’ouvre sur l’événement déclencheur. Une première entorse au contrat de mariage, vite avouée, et Eve a pu se plonger à corps perdu dans sa passion sous le regard encourageant de son mari, un mari extraordinaire de compréhension et de créativité. Eve nous parle aussi de ses limites. Non, merci, elle ne participera pas au « lâcher de salopes » en forêt ou autres pratiques extrêmes… Elle fuit aussi les amants qui prennent les jeux de domination trop au sérieux, au premier degré.
Eve raconte avec humour les inévitables galères. Il y a par exemple cette quête de lubrifiants en rupture de stocks dans tout Paris, et ce drôle de cadeau que lui fera un de ses amants… ou encore ce souci d’épargner son maquillage au milieu d’une scène intense… et la critique voilée des soirées fétichistes où l’on peut juste regarder, mais pas toucher…
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteure, une écriture littéraire, classique. Toutes les scènes décrites sont très belles, très bien évoquées. Très crues aussi. Souvent, dans le feu de l’action, l’héroïne perd la tête au point de ne plus se rappeler précisément tout ce qu’il s’est passé, l’enchaînement des positions… Il reste des images fortes, des sensations, et plein de plaisir.
Habituée à lire des récits érotiques complètement imaginaires le plus souvent, je dois avouer que j’ai reçu une claque en lisant Mon mari est un homme formidable. Car il s’agit cette fois d’aventures vécues, tout est vrai, réalisé, et les confidences de l’auteure n’en sont que plus troublantes… l’on se surprend à rêver, pourquoi ne profiterait-on pas de la vie ainsi nous aussi : s’éclater sans se poser de questions, vivre intensément le moment présent !
Ce livre m’a fait un peu penser à La vie sexuelle de Catherine M., mais son propos est bien plus joyeux, le plaisir est plus présent. Je l’ai lu pendant mes congés, le soir, et j’avoue ne pas être restée indifférente (mon chéri s’en souvient ! Tiens, il faudrait que je le lui fasse lire, on ne sait jamais 😉 Ce doit être trop bon de s’amuser autant tout en se sachant aimée, désirée, en étant même encouragée ! Sans craindre pour son couple…)
Mon seul regret, j’aurais aimé mieux connaître le point de vue de son mari. Quelles sont ses émotions, son ressenti ? Eve nous explique qu’il veut avant tout son bonheur. J’aurais souhaité qu’on lui donne la parole, pour mieux comprendre, même s’il est présent en permanence dans le livre, en organisateur de soirées magiques, observateur bienveillant, et amoureux accueillant son épouse fourbue au creux de son épaule…
Un dialogue, vers la fin de l’ouvrage, résume bien l’esprit dans lequel Eve de Candaulie s’amuse, et nous donne la clé en quelque sorte. Un amant ne comprend pas et l’interroge :
Le site d’Eve de Candaulie
(il est super ! Vous y trouverez des tutorials pour se raser, se lubrifier, les bonnes adresses libertines de Paris etc….)
Pour vous procurer le livre :
La Musardine (version papier)
Youscribe (version numérique)
2 commentaires
Oui, j’ai cité le roman de Catherine Millet, car ce livre m’y faisait penser, mais surtout sur la forme : évocation de moments, expériences vécues, pas d’histoire, en dehors de ces récits torrides… mais le ton, le ressenti de l’héroïne, l’ambiance… n’ont rien à voir…. tout est beau et joyeux avec Eve ! Oui, je te suis tout à fait Juju : il faut une telle générosité de la part de son mari ! Et surtout éviter de tomber amoureuse !
Personnellement je n’avais pas aimé du tout la vie sexuelle de Catherine M: énumération presque mathématique de copulations sans style. Un habillage des scènes aurait, à mon avis bien tout changé
.Le candaulisme est je pense une aventure qui peut être merveilleuse, l’absence de jalousie, la non possession de l’autre, voire le plaisir monter dans les yeux de l’autre comme une espèce de communion… il faut juste réussir à trouver les bons partenaires qui doivent comprendre qu’ils ne sont que des jouets pour le couple qui les fait participer à leurs jeux et ça ce n’est pas le plus facile….