Je viens de terminer le dernier livre d’ Aline Tosca « Mon journal intime, érotique et pornographique ». Je l’ai lu d’une traite, j’étais surprise d’arriver si vite à la fin, je n’avais pas vu le temps passer (et avec un ebook, on réalise moins l’avancée de sa lecture). J’aurais voulu continuer encore ce voyage en Camargue ! Je m’étais attachée à l’héroïne, Drouna, sauvage et belle à l’image de son pays, pleine d’appétits, qui fait corps avec sa terre et vit en communion avec la nature et ses chevaux. Et ses désirs.
Drouna retrouve son amour de jeunesse, Louis, un amour inassouvi (timidité adolescente, pudeur mal placée, complexes…), resté un regret lancinant pendant des années. Louis reparaît, plus beau encore, encore plus inaccessible. Il est devenu prêtre. Mais Drouna s’est affranchi de ses doutes d’adolescente et va lui conter ses aventures, pour l’émouvoir, le tenter, l’approcher. Car c’est aussi un homme derrière sa soutane et le regret est si vif.
Cette accroche m’a vivement touchée. Qui n’a pas été tentée de rechercher, et retrouver, son amour de jeunesse, son amour pur et romantique ? Vingt ans plus tard, une sexualité enfin affirmée et sans complexe de part et d’autre permettrait de vivre enfin cette histoire et mettre fin à tous nos regrets…
Drouna commence par raconter son initiation, son premier baiser, sa première fois… des moments attendus, choisis, avant l’entrée en scène de son amie et complice, Billie Jean. Un véritable coup de foudre amical, coup de foudre sensuel en plus pour Drouna qui sait aimer les filles aussi.
Les récits des aventures de Billie Jean, toujours en quête d’expériences extrêmes, s’intègrent dans le journal de Drouna. Billie Jean est une fille libre, pleine de vie elle aussi, qui pense autant à l’amour que Drouna, mais en se réservant exclusivement aux hommes, aux hommes forts de surcroît. Billie Jean aime être prise avec force, brutalité presque. Elle est tentée par les jeux de soumission et ira toujours plus loin, testant ses limites avec curiosité et enthousiasme.
La Camargue est aussi un personnage à part entière, et non des moindres. Omniprésente, la dernière contrée sauvage de France nous offre un mélange de nature sensuelle, de croyances farouches, de cérémonies religieuses, de fêtes … Ce doit être bon de s’aimer au coeur de la nature odorante, avant de courir se mêler aux chants d’une foule priant avec ferveur. On comprend le feu qui anime Drouna, on palpe son désir permanent.
Les chevaux sont également très présents. Drouna en prend soin, les aime. Ils apportent leur chaleur, leur douceur, en contraste avec les décors d’écurie et tous les « accessoires » qui servent au dressage des femmes. (j’ai un peu de mal avec ces pratiques de soumission qui rabaissent les femmes au rang des animaux, mais elles sont décrites ici avec un tel talent que je les ai mieux comprises. Notre côté animal, notre lien à la terre, n’est jamais très loin…).
Et il y a cette incroyable soirée en club, qui m’a transportée et enchantée ! (et fait fantasmer énormément, j’avoue). On suit Drouna et Billie Jean à travers les méandres d’un lieu magique, « La Stalle ». C’est comme un voyage onirique, un rêve un peu irréel et envoûtant. Dans chaque salle, d’étranges cérémonies se déroulent, belles, parfois crues. Chacune offre un thème différent. Aline les décrit comme des tableaux. On visualise la scène aussi bien que Drouna sur le seuil de la porte, hésitant à entrer, à se lancer dans la mêlée. Il y a de quoi perdre la tête : amours saphiques, bal masqué libertin, ou expériences de soumission dans un décor d’écurie. La qualité d’écriture d’Aline est telle que les scènes les plus « hard » deviennent belles et nous remuent jusqu’au plus profond de nous. (Si ce lieu existe, j’irai bien le découvrir… je serais prête à traverser la France et me perdre en Camargue sur les traces de Drouna !)
C’est le moment le plus fort du livre, une sorte d’apothéose, d’acmé, au sein d’autres moments très chauds eux aussi, mais plus intimes, moins fastueux. La description de cette soirée m’a mise en émoi sans espoir de salut. J’ai eu la très mauvaise idée de le lire dans le métro et j’étais dans tous mes états, les mains moites, les idées en feu… Je lis souvent des nouvelles érotiques et c’est l’un des passages qui m’a le plus secouée physiquement depuis longtemps !
Pour moi, la seule petite fausse note du recueil (outre sa brièveté qui appelle absolument une suite, on a envie de retrouver Drouna, Billie Jean et Louis… En Camargue ou ailleurs…) ce sont les photos incluses dans le livre. Leur qualité n’est pas mise en cause, mais je ne voyais pas du tout les personnages ainsi. Les regarder m’a plutôt sortie de la transe dans laquelle l’écriture d’Aline me plongeait. On aurait pu les proposer en « annexe » plutôt, comme un album photo souvenir à feuilleter, au lieu de les répartir dans le corps du livre ?
Ou peut-être ces « pauses » dans la lecture sont-elles intentionnelles pour ne pas que l’on dévore trop vite, d’une traite, ce journal ? Ou pour renforcer le côté « journal intime » ? (je me souviens de mon journal intime d’adolescente, j’y glissais moi aussi des photos, des lettres, j’y collais des souvenirs, tickets de cinéma, billets de train…).
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Et maintenant, je peux enfin lire les critiques de mes amies blogueuses ! Je me l’interdisais jusques là, craignant qu’elles ne me gâchent le plaisir de la lecture avec quelques révélations.
Voici les retours de lecture de Miss Kat, Anne Bert, Julie Derussy
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Numeriklivres
3 commentaires
A quand ton journal intime?
Je suis certain que tu dois avoir des aventures à raconter;
Quand je lis un livre je ne sais jamais m’arreter. combien de fois ai je lu jusqu’à l’heure de me lever?
Merci Erik, j’aimerais bien moi aussi, pour lire tous les livres qui me tentent, et voir tous les films au cinéma, et faire d’autres choses encore…
C’est décidé, dorénavant, les journées feront 25 heures, pour que je puisse consacrer une heure par jour aux lectures auxquelles Clarissa nous invite