50 nuances de Grey, les films

50 nuances de grey

*** Attention, spoils !***
    Je me suis tenue soigneusement à l’écart des débats qui ont tant agité Facebook et le petit monde de la littérature érotique quand les livres sont sortis – et pour cause, je ne les avais pas lus, seulement des extrais qui m’avaient plutôt dissuadée.
    Mais je me jette dans l’arène avec quelques années de retard, après avoir vu les deux films tirés des romans, et vous livre quelques considérations oiseuses.

     Il y a quelques jours, l’homme a voulu regarder 50 nuances de Grey, avant d’aller voir la suite au cinéma. J’ai un peu soupiré sur le moment, me souvenant très bien de l’histoire, plutôt simple, il faut l’avouer ; mais cela m’amusait aussi de le revoir, en gardant une certaine distance, en tâchant d’analyser ce qui a tant plu, et tenter de percer le mystère de ce succès phénoménal :
    – Bien sûr, il y a l’éternel conte de fées, à peine revu et corrigé : un riche prince charmant se penche sur une jeune fille modeste, méritante et romantique… La recette fonctionne sur les femmes de 3 à 100 ans, rires, pourquoi s’en priver ? Depuis quelques temps, le « prince charmant » doit néanmoins se montrer arrogant et supérieur, voire odieux (mais il cache un drame, et un cœur d’or, que l’héroïne, avec sa sensibilité, son tact, son amour, saura toucher et révéler au grand jour. Amen).
    – Et puis, il y a tous les clichés qui ont fait leurs preuves : l’auteur n’hésite pas à y aller massivement : tout le monde vit dans des appartements de folie (parents, beaux-parents, lui bien sûr), il la couvre de cadeaux hors normes, lui fait vivre des expériences incroyables… On devine que l’auteur a réuni à tous ses rêves et fantasmes, ce qui donne un film « clip », très esthétique, porté par une excellente BO, deux beaux acteurs… et cela suffit à passer un bon moment ; car d’histoire, il n’y en a point, ou si peu : quelques prises de tête, quelques « je t’aime moi non plus », des « non, mais oui », mais aucun suspense, aucun personnage secondaire intéressant, aucune intrigue sur son travail à lui, ses études à elle…
    Elle, au tout début du film, chute sur le sol, se ridiculise lors de la première rencontre… (restons zen, pourquoi toutes les comédies romantiques commencent pareil : un coup c’est le café renversé sur le chemisier (Lalaland), un coup la chute, avec un dossier qui s’éparpille…). Elle est censée être vierge (wtf), innocente, mais apparemment, elle atteint le St Graal dès la première fois. Mais elle est si craquante qu’on lui pardonne ses petites moues fabriquées.
    Un regret, côté lingerie : l’héroïne porte de grandes culottes grises, à peine bordées de dentelles, pas terribles je trouve. Quitte à nous en mettre plein la vue côté voitures, costumes, décoration intérieure, autant ne pas négliger l’essentiel : la dentelle noire (enfin, c’est mon goût, il y a peut-être un public pour les grandes culottes grises)
    Lui, il explique d’entrée de jeu qu’il n’est pas romantique : « I don’t do romance, this is not my thing, I don’t make love, I fuck » J’avoue, ça fait son petit effet, mais il la fait danser, voler dans le ciel, la gâte, lui présente sa mère (sic). Il est milliardaire à 27 ans, sait jouer du piano, piloter un hélicoptère, un avion… (what else),
    Et pourtant, dès les premières images, ça « fonctionne » ! J’avoue que je me suis laissée prendre dans les filets du film, tout en voyant clair dans le jeu du réalisateur, et ce dès le début : Christian Grey est dans son dressing, il enfile sa chemise, il met ses boutons de manchette (gros plan), choisit une cravate, la noue… et je pense que dès cet instant-là, toutes les femmes sont perdues, on a déjà toutes mouillé notre petite culotte… 😉 – enfin, celles qui aiment les hommes en costumes, avec les accessoires ad-hoc.

50 nuances plus sombres    Je viens de voir la suite : 50 nuances plus sombres. Bien mal nommé je trouve, je n’ai pas compris pourquoi c’était plus sombre (à part les flashback) ; au contraire, on verse dans le romantisme le plus mielleux, Mister Grey sourit en permanence, béatement (ce qui n’est pas digne d’un maître 😉 ). Il est néanmoins plus beau que dans le premier volet, plus musclé, plus barbu, un peu plus de joues, de bouteille… elle, elle est toujours aussi émouvante, charmante, un corps ravissant… – je ne suis pas restée insensible alors que suis une fille ! Je n’ose imaginer son effet sur la gent masculine (mais la main très moite de l’homme dans la mienne me donne un indice 😉 )
    Cette suite garde les défauts du premier volet :
   – Les intrigues secondaires (le patron toxique, l’initiatrice blessée, la soumise dépressive, l’accident d’hélico…) sont à peine esquissées, et trop vite résolues (en apparence sans doute
    – L’auteur nous ressort à nouveau tous ses fantasmes, en un concentré légèrement indigeste : le yacht, qui vient se rajouter à l’hélicoptère, surprendre son amant faire du cheval d’Arçon, miam, les diamants, le bal masqué, l’argent qui coule à flots et résout tout (en apparence aussi, le volet 3 est tout tracé, certains voudront se venger), la lingerie, en progrès par rapport au premier film… C’est lourd, et pourtant ça fonctionne ! J’ai un peu honte de mon côté midinette qui kiffe tout ce fatras Hollywoodien, heureusement que mon esprit cynique et froid relativise et ironise !
    J’ai trouvé les scènes érotiques très belles, les corps sont vraiment bien filmés, très belle photo… mais elles trop courtes, et pas assez bdsm : les séances sont bien trop soft, il y a trop de love, pas assez de jeux, d’adrénaline, d’apréhension… leurs étreintes manquent de lenteur, de « crescendo »… il se jette tout de suite très vite sur elle, et tout est dit… – on le comprends cela dit ! –
    En fait, dans ce film, le tabou ne concerne pas les pratiques bdsm, il concerne l’amour, les sentiments, que le héros souhaite éviter mais auquel il succombe malgré tout. On est donc bien dans le cadre d’un film romantique, et non pas érotique, c’est pourquoi tant de spectateurs se sont montrés déçus, espérant une histoire plus pimentée. Mais l’amour est bien l’ultime tabou dans l’univers libertin dans lequel nous baignons, j’ai déjà eu l’occasion de le dire quelque part sur ce blog.
   Le sexe est devenu tellement accessible, que l’amour est devenu un fantasme (lu hier sur Facebook)
    Donc voilà, c’était une chronique pour ne rien dire : il y a du pour, il y a du contre… à voir surtout pour les belles images, l’ambiance, les acteurs séduisants ; pas pour le scénario.
   Maintenant j’attends les tomates de mes amis Facebook !

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Vous me faites rire ! Quand je vois votre réaction, et celles de mes amis FB, je pense que le film cible avant tout les femmes (comme toutes ces romances à l’eau de rose trop codifiées d’ailleurs)…. Je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur cette histoire de culotte : même une vierge s’apprêtera pour sa première nuit… sans aller jusqu’au string, je vous l’accorde, mais en tout cas pas un truc qui remonte jusqu’au nombril ! (pour la masse vous exagérez ! Vous vous situez donc bien au-dessus ?

  2. Nicolas Lacharme a écrit :

    Bonjour Clarissa,
    Avant tout plantons le décor : je n’ai pas réussi à aller au bout du premier film (après 20 minutes ma tension avait chuté, poursuivre aurait été dangeureux). Le second ne m’a pas pris plus de deux secondes de mon temps, apprendre qu’il allait sortir a suffi à m’arracher un bâillement.
    Mielleux ? Oui, sans aucun doute (j’aurais employé « dégoulinant »). Attendus aussi (tellement prévisible que c’en est assomant). Anesthésiant finalement. Transgressif ? Absolument pas.
    Ces livres (que je n’avais pas pu me résoudre à finir non plus, est-il besoin de le préciser) ne s’adressent visiblement pas au public que je pourrais viser si je devais m’adresser aux amateurs de D/S. Il y a là un malentendu. Ou plutôt au contraire c’est parfaitement entendu : la cible est la masse. Comme tout succès ?
    Juste un détail où je suis en désaccord avec vous : le plus grand mérite de ce film réside, pour moi, précisemment dans la culotte grise. Car une vierge intimidée en string affriolant, vraiment, ça m’aurait fait rire. Et du coup j’aurais pu trouver un intérêt comique à l’oeuvre. Là au moins, il y a un peu de cohérence. Pour la masse, vous dis-je !
    Amicalement,
    Nicolas

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