5 jours, 4 nuits est la suite d’Echanges virtuels, publié par Marie Godard en 2011. Les deux peuvent se lire indépendamment. D’ailleurs, je n’avais pas lus Echanges virtuels. Marie et Nicolas, en couple depuis longtemps, invitent Jacques, l’éditeur de Marie, à venir passer quelques jours avec eux. Marie et Jacques vivent depuis plusieurs mois une passion amoureuse via internet (racontée dans Echanges virtuels), et vont se découvrir, s’aimer, pour la première fois, sous le regard bienveillant du mari qui ne souhaite que le bonheur de sa femme.
Un roman qui commence comme un conte de fées, le coup de foudre se confirme, au delà du virtuel, avant que des premières fêlures apparaissent : mouvements de jalousie du mari, de l’amant, doutes et scrupules de Marie… émotions finalement dépassées et emportées par la passion et le désir qui anime les personnages.
Marie Godard nous dépeint à merveille toute la palette d’émotions ressentie par son héroïne. Ses émois romantiques d’adolescente quand elle rencontre enfin en chair et en os son éditeur qui l’a tant fait fantasmer ; ses inquiétudes : va-t-elle lui plaire ? Des doutes vite balayés par un appétit de vivre hors du commun, un puissant désir pour le corps de cet homme qui la rend folle. Marie va vivre intensément ces quelques jours et s’offrir comme jamais.
La relation qui s’instaure à trois, fragile, indécise au début, peu à peu complice est très bien décrite. On se surprend à envier Marie d’avoir un mari aussi généreux ! Et un éditeur aussi amoureux ! Notre trouble vient aussi des nombreuses références « réelles » qui émaillent ce « roman » un peu particulier, où l’auteur a mis beaucoup d’elle-même. Marie Godard mèle réalité et fiction avec bonheur. Ses héros s’appellent Marie et Nicolas, comme elle et son époux. Leur mode de vie, leurs écrits sont les mêmes que leurs versions «réelles ». Il ne reste que l’éditeur sur lequel le doute est permis… Je me risque à croire qu’il existe lui aussi, qu’il a vraiment réussi à enfiévrer l’auteur et lui inspirer cette histoire.
Une écriture directe, sans détours, qui dit la force du désir, la passion qui vous saisit et vous fait faire mille folies. J’ai aimé être dans les pensées de Marie, sentir son désir l’enflammer, et vivre à fond cette relation avec elle. Les dialogues m’ont paru un peu plus artificiels, plus « littéraires ». Dans le feu de l’action, je doute que l’on disserte aussi longuement. Ils sont peut-être un clin d’œil aussi aux mails échangés précédemment…
Les scènes de sexe sont très belles et très intenses, teintées de domination. Marie aime se livrer à Jacques, se soumettre à sa volonté. Ils vivent une relation torride, animale, ont faim et soif de l’autre à l’extrême, au point de réellement perdre la tête. Je retiens surtout une magnifique description détaillée d’une fellation, menée avec art et amour, au coté d’autres scènes plus crues. L’héroïne a par contre une particularité au moment de jouir qui m’a bien étonnée ! Je ne suis pas certaine que tous les hommes apprécieraient autant que Jacques… Vous jugerez 😉
Une histoire qui pose aussi des questions cruciales, celles que l’on se pose toutes en secret, et je trouve qu’elle apporte un éclairage intéressant : la fidélité est elle tenable dans la durée quand on adore faire l’amour ? Peut-on aimer deux hommes à la fois ? Et même si notre conjoint est d’accord pour que l’on vive des aventures, peut-on éviter de le faire souffrir ? Ne se sacrifie t’il pas pour nous faire plaisir ? N’y a-y-il pas un risque de tomber amoureux ailleurs et de souffrir nous aussi ?
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2 commentaires
Très belle citation ! c’est vrai, dans nos écrits nous mélangeons fiction et réalité…
Bonjour. Je n’ai pas lu ce bouquin, mais tes interrogations sur l’ancrage dans le réel de ce livre me rappele Jean d’Ormesson : « écrire, c’est inventer avec des souvenirs ». J’adore cette citation, tellement vraie.
Comment savoir ce qui relève du réel ? Ce qui est romancé, ou totalement fantasmagorique ? Seule l’auteur le sait. Et encore parfois cette certitude est-elle bien floue. Je parle d’expérience